« traiter », définition dans le dictionnaire Littré

traiter

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traiter

(trè-té) v. a.
  • 1Agir de telle ou telle manière avec quelqu'un. Traitez-moi comme ami, non comme souverain, Corneille, Cinna, II, 1. Bien qu'Attila me traite assez confidemment, Corneille, Att. IV, 1. Vous traitez mal, Pauline, un si rare mérite, Corneille, Poly. IV, 4. M. le cardinal de Retz y était ; il fut fort bien traité du roi, Pellisson, Lett. hist. t. III, p. 309. Dire d'un, puis d'un autre, est-ce ainsi que l'on traite Les gens faits comme moi ? La Fontaine, Fabl. IV, 16. Les obligeants diseurs d'inutiles paroles, Qui… … traitent du même air l'honnête homme et le fat, Molière, Mis. I, 1. On nous traite comme nous voulons être traités : nous haïssons la vérité, on nous la cache, Pascal, Pens. II, 8, édit. HAVET. J'ai écrit au chevalier [de Grignan], non pas pour rien déranger, car tout est réglé, mais afin que l'on traite doucement et honnêtement mon fermier, mon procureur fiscal et mon sénéchal, Sévigné, 241. Les Juifs ne sont pas mieux traités sous Démétrius que sous ses prédécesseurs, Bossuet, Hist. I, 10. On croit pouvoir s'assurer des autres princes, et on en fait des coupables en les traitant comme tels, Bossuet, le Tellier. Je m'en vais voir comment Dieu me traitera ; mais j'espère en ses miséricordes, Bossuet, Anne de Gonz. Voyez de Darius et la femme et la mère : L'une le traite [Alexandre] en fils, l'autre le traite en frère, Racine, Alex. III, 2. Jamais les dieux n'ont été traités avec moins de respect que dans les comédies d'Aristophane, Fontenelle, Oracl. I, 8. Il nous frappe et nous traite durement, comme des étrangers, Massillon, Avent, Afflict. Dites un peu à votre âme damnée, à ce M. Rafle, qu'il me traite plus humainement, la première fois que j'aurai besoin de lui, Lesage, Turc. III, 5. Descartes est obligé de quitter sa patrie ; Gassendi est calomnié ; Arnauld traîne ses jours dans l'exil ; tout philosophe est traité comme les prophètes chez les Juifs, Voltaire, Dict. phil. Lettres. Les quatre commissaires hollandais, députés à l'armée, traitaient avec fierté trente princes d'Allemagne à leur solde : Qu'on fasse venir Holstein, disaient-ils ; qu'on dise à Hesse de nous venir parler, Voltaire, Louis XIV, 21. Lisette : Ma maîtresse autrefois me traitait à merveille, Et ne peut me souffrir depuis qu'il la conseille, Gresset, le Méchant, I, 2.

    Fig. En un sens analogue, avec un nom de chose pour sujet. Seigneur, dans ce discours qui nous traite si mal, Vous voyez un effet des leçons d'Annibal, Corneille, Nicom. II, 3. Il [Corbinelli] a été rudement traité de la fièvre tierce, Sévigné, 22 sept. 1677.

    Traiter de, traiter avec. Il traitait de mépris les dieux qu'on invoquait, Corneille, Poly. III, 2. Ils sont insupportables, avec les impertinentes égalités dont ils traitent les gens, Molière, Comtesse, 11. Et, traitant de mépris les sens et la matière, à l'esprit comme nous donnez-vous tout entière, Molière, Fem. sav. I, 1.

    Fig. et familièrement. Traiter quelqu'un de haut en bas, ou du haut en bas, le traiter avec dédain, avec hauteur. Ces honnêtes diablesses Se retranchent toujours sur leurs sages prouesses, Qui, pour un petit tort qu'elles ne vous font pas, Prennent droit de traiter les gens du haut en bas, Molière, Éc. des fem. IV, 3.

    Traiter en chien courtaud, traiter comme un chien, traiter très mal. Il aurait grand regret de mourir, qu'il n'ait auparavant répondu à l'apologie de Montpellier, où il traitera le doyen en chien courtaud, Patin, Lett. t. I, p. 238, dans POUGENS. Elle répondit qu'elle ne savait pas traiter les domestiques comme des chiens, Maintenon, Proverb. p. 4, dans POUGENS.

    Familièrement. Traiter quelqu'un en enfant de bonne maison, le réprimander, le châtier sans ménagement.

    Traiter quelqu'un de Turc à More, voy. MORE, n° 2.

    Traiter quelqu'un d'égal, se comporter à l'égard de quelqu'un comme envers un égal. Je… pense toutefois n'avoir point de rival à qui je fasse tort en le traitant d'égal, Corneille, Excuse à Ariste. Content de notre accueil, ils nous traitent d'égaux, Voltaire, Scythes, I, 1.

  • 2Il se dit du médecin ou chirurgien qui donne des soins à un malade. Entreprendre de traiter un incurable, Guez de Balzac, liv. VI, lett. 3. Je traiterai monsieur méthodiquement et dans toutes les régularités de notre art, Molière, Pourc. I, 10. Pour se faire traiter d'un cancer, Bossuet, Lett. abb. 57. Ces douces Ménades, Qui, dans leurs vains chagrins sans mal toujours malades, Se font, des mois entiers, sur un lit effronté, Traiter d'une visible et parfaite santé, Boileau, Sat. x. Tout au plus a-t-il traité quelques amis, mais en amis, et en leur faisant très peu de chose, Fontenelle, Méry.

    Fig. Deux médecins le traitèrent, de sorte Que sa douleur eut un terme assez court ; L'un fut le temps et l'autre fut l'amour, La Fontaine, Fauc.

    On dit de même : traiter une maladie. Pour traiter une maladie, il faut premièrement en connaître les principes et la nature ; ensuite…, Bossuet, Sermons, Péché d'habitude, Préambule.

  • 3 Terme de chimie et d'industrie. Soumettre une substance à l'action de divers agents. Traiter la soude par la chaux vive. On peut toujours reconnaître par la simple observation si la mine que l'on traite contient du zinc, Buffon, Min. t. v, p. 412. En traitant des plantes et des animaux par le feu et l'eau dans des vaisseaux distillatoires, Fourcroy, Conn. chim. t. I, p. VIII.
  • 4Traiter une forêt en futaie, en taillis, l'aménager, l'exploiter en futaie, en taillis.
  • 5Régaler, donner à manger. Oh ! oh ! dit-il, voilà bonne cuisine ! Qui traitez-vous ? La Fontaine, Rém. Maître Jacques : Potages… entrées… - Harpagon : Que diable ! voilà pour traiter toute une ville entière, Molière, l'Avare, III, 5. Gellias, le plus riche des citoyens d'Agrigente, avait fait construire dans sa maison plusieurs grandes salles pour y recevoir et traiter ses hôtes, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. v, p. 163. Est-il joli, Quand on traite quelqu'un, de s'ennuyer à table, D'en sortir le premier ? Destouches, Phil mar. IV, 3. Osmin, fais avertir l'intendant des cuisines Que je traite ici le sultan ; Que la chère soit des plus fines, Et que l'on nous serve à l'instant, Favart, Soliman II, II, 5.

    Absolument. Il traite souvent. Traiter en chair et en poisson.

    Il se dit aussi de ceux qui donnent à manger pour de l'argent Il traite à tant par tête. Il nous a bien traités pour le prix. Mon hôte à crédit me traite : J'ai bonne chère et vin vieux, Béranger, II, rangé.

  • 6Travailler à régler les conditions, les clauses de quelque affaire. Traiter la paix. Mais nous sommes personnes à traiter les choses dans la douceur, Molière, Mar. forcé, 16. Le favori a traité un mariage pour le prince, Sévigné, 239. Pendant que les coups venaient de tous côtés, ceux qui combattaient auprès de lui nous ont dit souvent que, si l'on avait quelque grande affaire à traiter avec ce prince, on eût pu choisir de ces moments où tout était en feu autour de lui, Bossuet, Louis de Bourbon. Absorbé dans ces spéculations, Newton devait naturellement être indifférent pour les affaires et incapable de les traiter, Fontenelle, Newton. Ceux qui ne traitent jamais que leurs propres affaires, se passionnent trop pour juger sainement des choses, Rousseau, Ém. IV. Et comme tu disais, traitons ceci gaiement, Lanoue, Coquette corr. v, 3.
  • 7 Terme de commerce. Faire une opération de vente ou d'achat. Nous avons traité, au Port des Français, environ mille peaux de loutre, quantité bien suffisante pour connaître avec précision leur prix à la Chine, La Pérouse, Voy. t. IV, p. 143, dans POUGENS. Les Anglais y traitent annuellement trois mille esclaves, arrivés la plupart, comme au Sénégal, des terres intérieures et très éloignées, Raynal, Hist. phil. XI, 18.
  • 8S'occuper de. La gravité romaine n'a pas traité la religion plus sérieusement, Bossuet, Hist. II, 5. Nos fonctions sont si saintes… elles demandent des dispositions si pures, si dignes des mystères que nous traitons ! Massillon, Confér. Retr. pour des curés.

    Traiter l'amour, faire l'amour, traiter une affaire d'amour. Géraste n'agit pas mal en vieillard amoureux, puisqu'il ne traite l'amour que par tierce personne, Corneille, Suiv. Exam.

  • 9Exposer, développer un sujet. Il traite la question : savoir si on peut tuer pour un soufflet, Pascal, Prov. XII. D'où il paraît [de l'impossibilité de démontrer les axiomes] que les hommes sont dans une impuissance naturelle et immuable de traiter quelque science dans un ordre absolument accompli, Pascal, Géom. I. Le critique [de l'Esprit des lois] ne veut jamais que l'auteur traite son sujet, il veut continuellement qu'il traite le sien ; et, parce qu'il est toujours théologien, il ne veut pas que, même dans un livre de droit, il soit jurisconsulte, Montesquieu, Déf. Esp. lois, part. 2. Ce sujet [Britannicus] était le plus difficile de tous à traiter, et ne pouvait réussir que par l'éloquence de Racine, Voltaire, Comm. Corn. Rem. 2e discours. Quand nous souperons ensemble, nous parlerons de tout et ne traiterons rien, comme dit un certain auteur très aimable ; mais, hors de là, je veux traiter avec vous beaucoup de choses, Voltaire, Lett. Formont, 25 déc. 1731. Strabon cite un poëte qui vivait de son temps, et qui était de Tarse en Cilicie ; quelque sujet qu'on lui proposât, il le traitait en vers avec tant de supériorité, qu'il semblait inspiré par Apollon, Barthélemy, Anach. ch. 80, note 5.
  • 10 Terme de peinture. Traiter un sujet, exécuter un tableau sur ce sujet.

    On dit de même : Cette composition, cette figure est bien traitée, elle est bien et soigneusement exécutée. Petit genre, disaient-ils ; mais les genres ne sont petits que quand ils sont traités petitement, Haillet de Couronne, dans Mém. inéd. sur l'Acad. de peinture, t. II, p. 421.

    On dit aussi dans quelques arts manuels : cet ouvrier traite bien son ouvrage.

  • 11Donner à quelqu'un tel ou tel titre. Puisqu'il vous a déplu vous traitant de Romain, Corneille, Nicom. I, 2. Il [un homme jeté dans une île et pris pour le roi du lieu] se résolut enfin de se prêter à sa bonne fortune ; il reçut tous les respects qu'on lui voulut rendre, et il se laissa traiter de roi, Pascal, Condit. des grands, I. Le Syrien me traite et de reine et de sœur, Racine, Ath. II, 5. Ils la tiennent [une nouvelle] de Zamet, de Ruccelay ou de Conchini, qu'ils ne connaissent point, à qui ils n'ont jamais parlé, et qu'ils traiteraient de monseigneur s'ils leur parlaient, La Bruyère, V. La première dignité du royaume est si peu nécessaire à M. le chancelier pour l'illustrer, qu'on peut ne le traiter que de grand homme, Fontenelle, Reyneau. Il [le roi de Prusse] me traitait d'homme divin ; je le traitais de Salomon ; les épithètes ne nous coûtaient rien, Voltaire, Mém. Volt.

    Par extension, donner telle ou telle qualification bonne ou mauvaise à une personne ou à une chose. Et j'ai traité cela de pure bagatelle, Molière, Tart. II, 2. Une philosophie Qui déclare la guerre au conjugal lien Et vous traite l'Amour de déité de rien, Molière, Princ d'El. I, 2. Me traiter de coquin, de fripon, de pendard, d'infâme ! Molière, Scapin, II, 7. [Ceux] qui ont bien connu combien cette bassesse [de la nature humaine] est effective, ont traité d'une superbe ridicule ces sentiments de grandeur qui sont naturels à l'homme, Pascal, Pens. XI, 4 bis. Un clerc, pour quinze sous, sans craindre le holà, Peut aller au parterre attaquer Attila, Et, si le roi des Huns ne lui charme l'oreille, Traiter de visigoths tous les vers de Corneille, Boileau, Sat. IX. Dès longtemps votre amour pour la religion Est traité de révolte et de sédition, Racine, Ath. I, 1. C'est ainsi que le P. Hardouin traita d'athées Pascal, Malebranche et Arnauld ; c'est ainsi que le docteur Lange traita d'athée le respectable Wolf, pour avoir loué la morale des Chinois, Voltaire, Dés. Lisbonne, Préf. notes.

  • 12 V. n. Agir de telle ou telle façon (emploi vieilli). Chevalier, lui dit-elle, soyez discret, chacun a l'œil sur nous ; si vous traitez de cette sorte, vous me perdrez, D'Urfé, Astrée, I, 10. Ne vous offensez pas, objet rare et charmant, Si ma haine avec lui traite un peu rudement, Corneille, Théod. II, 4. Une manière d'agir hardie qui l'obligeait de traiter familièrement avec les gens de la première qualité, Tallemant, Disc. sur Benserade.
  • 13Négocier, travailler à l'accommodement d'une affaire. Un ambassadeur a été envoyé pour traiter de la paix. Il traite d'un mariage pour un de ses amis.

    Absolument. Dès demain elle traite avec nos ennemis, Corneille, Sertor. IV, 3. Et je l'en dédirais, s'il traitait sans Carthage, Corneille, Sophon. I, 3. Les Goths traitèrent avec les Romains, et s'établirent en Espagne, Bossuet, Hist. I, 11.

  • 14Négocier pour vendre, pour acheter, pour donner à ferme ; passer les actes nécessaires pour la conclusion d'un traité. Traiter d'une charge, d'une terre. Il a traité à tel prix, à telles conditions. Des neveux qui traitent provisionnellement de ma succession avec des usuriers, Poinsinet, Cercle, 4.

    Traiter d'une dette, d'une prétention, prendre sur cette dette, sur cette prétention un arrangement quelconque.

  • 15Entrer en affaire, en pourparler. En ne désirant qu'entretenir mes amis, ils veulent que je traite avec tout le peuple, Guez de Balzac, Liv. v, Lett. 1. On détruirait par là, traitant de bonne foi, Ce grand aveuglement où chacun est pour soi, Molière, Mis. III, 5. Sous cet air de jeunesse, elle cachait un sens et un sérieux dont ceux qui traitaient avec elle étaient surpris, Bossuet, Duch. d'Orl. Traitez du moins avec votre Dieu comme vous traitez avec les créatures, Massillon, Carême, Pâques. Puisqu'il faut traiter avec les hommes, j'aime à traiter avec ceux qui trompent le moins, Voltaire, Dial. 19. Partout il avait obtenu l'amitié de tous ceux avec qui il avait à vivre, et la confiance de tous ceux avec qui il avait à traiter, D'Alembert, Élog. Lafaye.

    Traiter d'égal, entrer en affaire, en discussion comme avec un égal. Ce superbe [Satan], ayant entrepris de traiter d'égal avec Dieu, Bossuet, 2e sermon sur les démons, I.

  • 16Prendre pour objet d'un travail, d'une discussion. Après avoir suffisamment reconnu les sentiments des hommes, j'entreprends derechef de traiter de Dieu et de l'âme humaine, Descartes, Médit. Préf. 9. Les écrits de ce père traitant du larcin, Pascal, Prov. VI. Environ l'an 1209, Pierre de Vaucernai fit son histoire des Albigeois, où, traitant d'abord des diverses sectes et hérésies de son temps, il met en premier lieu les manichéens, Bossuet, Var. XI, 50. C'est dommage que nous ayons perdu le bel ouvrage de Salomon, qui traitait de toutes les plantes, depuis le cèdre jusqu'à l'hysope, Voltaire, Lett. Lorenzi, 15 avr. 1760. Quel homme peut être assez hardi et assez borné pour entreprendre de traiter seul de toutes les sciences et de tous les arts ? D'Alembert, Œuv. t. I, p. 304.
  • 17Se traiter, v. réfl. Soigner sa propre maladie. Ce médecin s'est traité lui-même. Je vous prie que je sois rassurée sur votre rhumatisme ; vous vous traitez si durement, que je ne vous trouve point bien entre vos mains, Mme de Coulanges, à Mme de Grignan, dans SÉV. t. x, p. 489, édit. RÉGNIER.
  • 18Se donner à soi-même un repas. Il se traitait tous les jours magnifiquement, Massillon, Carême, Mauvais riche.

    Se traiter bien ou mal, avoir un bon, un mauvais ordinaire.

    Se donner l'un à l'autre, les uns aux autres, un repas, un régal. C'est un petit repas que le roi m'a rendu : Nous nous traitons parfois, Regnard, Démocr. IV, 7. Eux ici [ceux du village d'Azai], nous chez eux, on se traite tour à tour, on se divertit le dimanche, Courier, Pétition pour des villageois.

  • 19Être l'objet d'une négociation, d'un arrangement. L'hymen qui se traitait du duc et de Cassandre, Rotrou, Vencesl. IV, 2.
  • 20Être l'objet d'une discussion, d'un travail. Il souhaitait avec une ardeur extrême qu'on fît une assemblée où la matière se traitât de nouveau sans passion, sans sophisterie et sans tyrannie, Bossuet, Var. IV. Cette parole, messieurs, ne se traite guère dans les chaires, parce que cette inviolable fidélité ne se trouve guère dans les mœurs, Bossuet, Mar.-Thér.
  • 21 Terme de commerce. Être vendu à tel ou tel prix. Le blé se traite à tant l'hectolitre.
  • 22Se donner l'un à l'autre telle ou telle qualification. Le poëte et le philosophe se traitent mutuellement d'insensés, D'Alembert, Œuv. t. I, p. 243.
  • 23Être pratiqué. De vouloir parler de la politique suivant qu'elle se traite et exerce aujourd'hui, sans rien dire de ces coups d'État…, Naudé, Considér. sur les coups d'État, I.

SYNONYME

TRAITER UNE MATIÈRE, TRAITER D'UNE MATIÈRE. Traiter une matière, c'est l'examiner, la discuter. Traiter d'une matière, c'est en faire l'objet d'un travail, d'une dissertation.

HISTORIQUE

XIIe s. Quant furent assamblé tuit li baron del Maine, Du chevage [nous] tratames l'ochoison premeraine, Sax. XX. À l'honur l'apostolie [en l'honneur du pape, il] les voldra bel traitier E en humilité, e mult li erent chier, Th. le mart. 130.

XIIIe s. Henris de Valenciennes dist que, puisque li hom s'entremet du biel dire et de traictier, il se doit bien traveillier que…, H. de Valenciennes, I. En nom Dieu ! dist uns sages hom, il seroit boin que on traitast de la pais al empereour, Chr. de Rains, 120. Entre tant de maus et de descors, assés furent qui traitoient paroles d'acort et de pais entre lui [Frédéric] et le pape Innocent ; et endementiers que [tandis que] il traitoit et entendoit à ces choses…, Latini, Trésor, p. 95. Il tretierent et firent une accordance de paix des altercations, Du Cange, accordia. Noz tracterons en cest capitre quix cozes [quelles choses] sont muebles et quix cozes sont heritages, Beaumanoir, XXIII, 1.

XIVe s. La maniere de traicter ceste science et de y proceder…, Oresme, Éth. III.

XVe s. Les bourgeois de la ville regarderent que, au long aller, ils ne se pourroient tenir ; si prierent à deux chevaliers qui là estoient, qu'ils traitassent à ces seigneurs d'Angleterre…, Froissart, I, I, 224. Il les traita en grant violence et en grant rapine, Commines, V, I. Le roy René de Cesile [Sicile] traictoit de faire le duc de Bourgongne son heritier, Commines, V, 2.

XVIe s. Traictant avec lui des moyens de sa guarison, il luy dict…, Montaigne, I, 91. Ayant traicté chez lui une bonne compagnie, Montaigne, I, 101. En l'estude que je traicte de nos mœurs, Montaigne, I, 102. Ils bastissoyent comme s'ils n'eussent jamais deu mourir, et se traitoyent en leurs banquets, quasi ordinaires, comme s'ils n'eussent deu vivre qu'un jour, Lanoue, 170. Pour s'estre un petit eschauffé à la lucte, il s'est retiré aux bains chaulds pour se traitter à son aise, Amyot, Marcell. 45. Il est bon chercher la balle avec les doigts, en maniant et traitant le lieu et les environs d'iceluy, Paré, IX, 3. Alla prendre garde à son cheval, qu'il traita [nourrit] de ce qu'il trouva, Nuits de Straparole, t. II, p. 209, dans LACURNE. On traitte des moyens pour mutiner les villes, Pour nourrir les flambeaux de nos guerres civiles, D'Aubigné, Tragiques, éd. LALANNE, p. 93.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, traiti ; provenç. tractar ; espagn. tratar ; ital. trattare ; du lat. tractare, fréquentatif de trahere, tirer.