« roi », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
roi [1]
- 1Chef souverain de certains États.
De grands rois tous les jours la fortune se joue
, Tristan, M. de Chrispe, I, 3.Les rois ne sont jamais de faibles ennemis
, Corneille, Méd. III, 3.Pour être plus qu'un roi, tu te crois quelque chose !
Corneille, Cinna, III, 4.Un roi, quoique vaincu, garde son caractère
, Corneille, Perthar. V, 2.Qui sert le mieux son roi ne fait que son devoir
, Corneille, Agésil. V, 7.Un grand roi pèse tout d'un contrepoids égal, Rend le bien pour le bien et le mal pour le mal
, Rotrou, Antig. IV, 1.Il prendra la dîme de vos troupeaux, et vous serez ses serviteurs, vous crierez alors contre votre roi
, Sacy, Bible, Rois, I, VIII, 17.…Tout compté, mieux vaut en bonne foi S'abandonner à quelque puissant roi, Que s'appuyer de plusieurs petits princes
, La Fontaine, Fabl. VIII, 18.Défiez-vous des rois ; Leur faveur est glissante ; on s'y trompe ; et le pire, C'est qu'il en coûte cher…
, La Fontaine, ib. X, 10.Le perroquet dit : sire roi, Crois-tu qu'après un tel outrage Je me doive fier à toi ?
La Fontaine, ib. X, 12.Tout ce qu'il y a de grand sur la terre s'unit contre le christianisme naissant, les savants, les sages, les rois ; les uns écrivent, les autres condamnent, les autres tuent
, Pascal, Pens. XVIII, 12, édit. HAVET.Qui aurait eu l'amitié du roi d'Angleterre, du roi de Pologne et de la reine de Suède [tous princes dépossédés], aurait-il cru pouvoir manquer de retraite et d'asile au monde ?
Pascal, ib. VI, 35.Il faut parler aux rois à genoux ; il faut se tenir debout dans la chambre des princes ; c'est une sottise et une bassesse d'esprit que de leur refuser ces devoirs
, Pascal, Condit. des grands, II.Par les soins d'un si grand roi [Louis XIV], la France entière n'est plus, pour ainsi parler, qu'une seule forteresse qui montre de tous côtés un front redoutable
, Bossuet, Marie-Thér.Les rois, non plus que le soleil, n'ont pas reçu en vain l'éclat qui les environne
, Bossuet, ib.La gloire du roi et sa dignité est la multitude du peuple ; sa honte est de le voir amoindri et diminué par sa faute
, Bossuet, Politique, X, I, 12.Celui qui règne dans les cieux et de qui relèvent tous les empires, à qui seul appartient la gloire, la majesté et l'indépendance, est aussi le seul qui se glorifie de faire la loi aux rois et de leur donner, quand il lui plaît, de grandes et de terribles leçons
, Bossuet, Reine d'Angleterre.Il est nécessaire de lui donner tout ensemble [à un Dauphin] les vertus d'un roi et celles d'un particulier
, Fléchier, Duc de Mont.Alexandre : Comment prétendez-vous que je vous traite ? - Porus : En roi
, Racine, Alex. V, 3.Je puis faire les rois, je puis les déposer
, Racine, Bérén. III, 1.Nommer un roi père du peuple, est moins faire son éloge que l'appeler par son nom ou faire sa définition
, La Bruyère, X.Les bons rois sont très rares et la plupart sont si méchants que les dieux ne seraient pas justes si, après avoir souffert qu'ils aient abusé de leur puissance pendant la vie, ils ne les punissaient après leur mort
, Fénelon, Tél. XIX.Un roi qui verse le sang de tant d'hommes, et qui cause tant de malheurs pour acquérir un peu de gloire ou pour étendre les bornes de son royaume, est indigne de la gloire qu'il cherche
, Fénelon, ib. XI.Deux rois n'étaient tolérables qu'à Lacédémone : ils n'y formaient pas la constitution ; mais ils étaient une partie de la constitution
, Montesquieu, Esp. XI, 10.Quand les Romains ne voulaient point de roi, cela signifiait qu'ils voulaient garder leurs manières, et ne pas prendre celles des peuples d'Afrique et d'Orient
, Montesquieu, ib. XIX, 3.J'ai dans la tête que la guerre offensive a fait les premiers rois, et que la guerre défensive a fait les premières républiques
, Voltaire, Dial. XXIV, 5.Le roi est précisément et à la lettre l'économe de toute la nation
, Voltaire, Pol. et lég. Embelliss. de Paris.Le premier qui fut roi fut un soldat heureux
, Voltaire, Mérope, I, 3.Vous ressemblez à un marquis gaulois que j'ai connu dans mes courses [le marquis de Lassay] ; il a fait des mémoires dans lesquels il dit : plus je me suis examiné, plus j'ai vu que je n'étais propre qu'à être roi
, Voltaire, Dial. XXIX, 8.Je vous envoie une épître qui contient l'apologie de ces pauvres rois, contre lesquels tout l'univers glose, en enviant cent fois leur fortune prétendue
, Lettre du roi de Prusse à Voltaire, 5 mars 1749.Toute l'occupation des rois, ou de ceux qu'ils chargent de leurs fonctions, se rapporte à deux seuls objets : étendre leur domination au dehors, et la rendre plus absolue au dedans
, Rousseau, Paix perp.Nous sommes dans l'usage de nommer rois les chefs des peuples barbares qui ont pillé et ensuite envahi les provinces de l'empire romain ; cependant ils n'étaient pas rois proprement : c'étaient d'ordinaire des chefs qui marchaient à une entreprise à la tête d'une peuplade qui les avait choisis, ou qui les suivait librement
, Condillac, Hist. anc. I, 4.Fig.
Les grands hommes sont mes rois, monsieur ; mais la converse n'a pas lieu ici : les rois ne sont pas mes grands hommes
, Voltaire, Lett. Maupertuis, 22 juin 1740.Faire le roi, exercer une autorité comparée à l'autorité royale.
Et on leur plaindra [aux gouverneurs de provinces] un honneur, une distinction, une occasion de faire plaisir à des gens de qualité dans une province ! et pourquoi veulent-ils être aimés et honorés, et faire donc les rois ? n'est-ce pas pour le service du vrai roi ?
Sévigné, 6 nov. 1689.Fig. Vivre en roi, faire une dépense de roi, vivre, dépenser magnifiquement.
Il a un cœur de roi, c'est un homme généreux, libéral.
Être heureux comme un roi, comme un petit roi, être extrêmement heureux dans sa condition.
Être heureux comme un roi, dit le peuple hébété ; Hélas ! pour le bonheur que fait la majesté ?
Voltaire, 1er disc.Parler en roi, faire le roi, trancher du roi, être impérieux et hautain.
Qui tranche trop du roi ne règne pas longtemps
, Corneille, Nicom. III, 1.Par exagération. Se croire le roi du monde, être au comble du bonheur.
Il releva la tête que l'attendrissement avait fait pencher, et se crut le roi du monde puisqu'il régnait sur un cœur qui renfermait tous les trésors de la vie
, Staël, Corinne, VII, 3.C'est un plaisir de roi, c'est un grand plaisir.
Un manger de roi, un morceau de roi, un morceau digne de la bouche d'un roi, se dit d'un mets exquis, délicieux.
Fig.
…Je sais que la vengeance Est un morceau du roi ; car vous vivez en dieux
, La Fontaine, Fabl. X, 12.Ma foi, Colette est un morceau de roi
, La Fontaine, Berc.Souhait de roi, fils et fille.
Jouer au roi dépouillé, se dit quand plusieurs personnes sont après quelqu'un pour le piller, le ruiner.
Roi détrôné, jeu d'enfants qui consiste en ce que, l'un étant monté sur un banc, un tas de feuilles ou de paille, un tertre quelconque, d'autres tâchent, en le tirant ou le poussant, de le faire descendre et de prendre sa place. Jouer au roi détrôné.
Fig. En parlant de deux ou plusieurs personnes qui s'enlèvent successivement ou réciproquement une position regardée comme avantageuse. Ils jouent au roi détrôné.
C'est un roi en peinture, un roi de cartes, un roi de carreau, se dit d'un prince faible qui ne sait pas user de son autorité.
Un duel met les gens en mauvaise posture, Et notre roi n'est pas un monarque en peinture
, Molière, Fâch. I, 10.Fig. C'était du temps du roi Guillemot, c'était dans l'ancien temps.
Bâtiments du temps du roi Guillemot, comme celui-ci ! oh ! ce que j'en ai déjà vu ne me plaît point du tout
, Dancourt, Vacances, sc. 9. - 2Le roi Catholique, le roi d'Espagne.
Anciennement. Le roi Très Chrétien, le roi de France.
La reine d'Espagne crie toujours miséricorde… elle arrêta l'autre jour le roi par delà l'heure de la messe, il lui dit : Madame, ce serait une belle chose que la reine Catholique empêchât le roi Très Chrétien d'aller à la messe
, Sévigné, 374.Et malgré les serments que Louis de Valois, Que le roi Très Chrétien a prêtés sur la croix
, Delavigne, Louis XI, II, 11.Roi des Romains, titre que l'on donnait dans l'empire germanique à celui qui était désigné par les électeurs pour succéder à la dignité d'empereur.
Roi de Rome, titre que Napoléon 1er avait donné à son fils.
Terme d'histoire ancienne. Le grand roi, le roi de Perse.
Leur ambition [des monarques persans] se bornait à porter seuls le titre fastueux de grand roi et de roi des rois
, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. V, p. 478, dans POUGENS.Roi des Juifs, se dit, dans l'Écriture, de Jésus-Christ.
Roi d'Yvetot, nom que prenaient les seigneurs d'Yvetot, terre dans le pays de Caux, en Normandie.
Il était un roi d'Yvetot Peu connu dans l'histoire, Se levant tard, se couchant tôt, Dormant fort bien sans gloire
, Béranger, Roi d'Yvetot. - 3Roi des rois, se dit d'un roi qui, par prééminence, commande à d'autres rois.
Ce nom de roi des rois et de chef de la Grèce Chatouillait de mon cœur l'orgueilleuse faiblesse
, Racine, Iphig. I, 1.Fig. Le roi des rois, Dieu.
Il y a cette différence entre les rois de la terre et le roi des rois, que les princes ne rendent pas leurs sujets fidèles, mais qu'ils les trouvent tels ; au lieu que Dieu ne trouve jamais les hommes qu'infidèles, et qu'il les rend fidèles quand il le faut
, Pascal, Lett. à Mlle de Roannez, V.La terre, son origine et sa sépulture, n'est pas encore assez basse pour la recevoir ; elle voudrait disparaître tout entière devant la majesté du roi des rois
, Bossuet, Mar.-Thér.Je vais au roi des rois demander aujourd'hui Le prix de tous les maux que j'ai soufferts pour lui
, Voltaire, Zaïre, II, 3.Le roi du ciel, Dieu.
Il nous avertit que, pour trouver à la mort quelque reste de nos travaux… avec le roi de la terre il faut encore servir le roi du ciel
, Bossuet, Louis de Bourbon. - 4Quand on dit absolument le roi, on entend le roi qui règne dans le pays où l'on est.
Hors qu'un commandement exprès du roi me vienne De trouver bons les vers dont on se met en peine…
, Molière, Mis. II, 7.Les Écossais, à qui il [Charles 1er] se donne, le livrent aux parlementaires anglais, et les gardes fidèles de nos rois trahissent le leur
, Bossuet, Reine d'Anglet. Le feu roi, le prédécesseur du roi régnant.Servir le roi, se disait pour être militaire, servir dans les troupes du royaume.
Dans la marine, bâtiment du roi, bâtiment armé par le gouvernement et monté par des officiers et des marins de la marine royale.
Il est noble comme le roi, se dit d'un homme de noblesse ancienne.
Cela est vrai ou le roi n'est pas noble, se dit pour affirmer une chose.
Le roi n'est pas son cousin, se dit de quelqu'un qui est fier ou glorieux, ou qui vient d'obtenir quelque grand succès.
Être sur le pavé du roi, être dans la rue.
Loger dans la maison du roi, être en prison.
Être au pain du roi, manger le pain du roi, se disait des soldats et aussi des prisonniers.
Qui aura de beaux chevaux, si ce n'est le roi ? se dit quand quelqu'un s'étonne de voir un homme riche bien logé, bien meublé, etc.
Pour se moquer de celui qui dit d'un ton absolu : je veux, on répond : le roi dit : nous voulons.
Populairement. Aller où le roi va à pied, ne va qu'en personne, n'envoie personne, aller à ses nécessités.
- 5Le roi ne meurt pas, se disait en France pour signifier qu'à la mort du roi, son parent mâle le plus proche est dans l'instant, et par le seul droit de sa naissance, en possession de l'autorité royale.
De par le roi, voy. PAR, n° 17.
Vive le roi ! acclamation publique pour la longue vie et la prospérité du roi.
La maison du roi, voy. MAISON, n° 19.
La bouche du roi, ou, simplement, la bouche, les officiers qui apprêtent le manger pour le roi, et les offices où ils travaillent.
Commissaire du roi, homme du roi, celui qui a commission du roi pour quelque affaire relative au service du roi ou du public.
Procureur du roi, avocat du roi, se disait quand la France était en royaume, voy. PROCUREUR, AVOCAT.
On disait de même au palais : les gens du roi.
Lieutenant de roi de telle place, celui qui en a le commandement en l'absence du gouverneur.
- 6 Anciennement. Main du roi, la puissance et l'autorité du roi interposées dans les procédures judiciaires entre particuliers.
Dans l'ancien style de la procédure, mettre quelque chose sous la main du roi, saisir quelque chose en justice au nom du roi.
- 7 Anciennement. Les ordres du roi, les ordres de chevalerie de Saint-Michel et du Saint-Esprit.
L'ordre du roi, l'ordre de Saint-Michel, pris séparément.
- 8 Anciennement. Coin du roi, morceau de fer trempé et gravé pour marquer la monnaie.
Taux du roi, le prix d'une chose réglé par l'autorité du roi (on dit aujourd'hui taux légal).
Poids du roi, et, plus ordinairement, poids de roi, le lieu où l'on pèse les grosses marchandises (on dit aujourd'hui poids public).
Les deniers du roi, le produit des impositions.
Les coffres du roi, les finances du roi.
Pied de roi, ancienne mesure, la sixième partie de la toise, ou 325 millimètres.
- 9Vraiment roi, prince qui accomplit tous les devoirs de la royauté.
Mais un roi vraiment roi qui, sage en ses projets, Du bonheur du public ait cimenté sa gloire, Il faut, pour le trouver, courir toute l'histoire
, Boileau, Épître 1.Le plus roi, le prince qui porte le plus le caractère de la royauté.
L'estime que le plus grand, ou, pour parler avec M. Pellisson, le plus roi entre les rois [Louis XIV] a conçue de votre mérite
, Leibnitz à Bossuet, dans BOSSUET Projet de réunion, Lett. VIII.Être moins roi, sortir un peu de la dignité royale.
Le plaisir d'un roi qui mérite de l'être, est de l'être moins quelquefois…
, La Bruyère, X.Le moins roi, le prince qui a le moins les défauts des rois.
Il n'y a que le roi de Prusse que je mets de niveau avec vous, parce que c'est de tous les rois le moins roi et le plus homme
, Voltaire, Lett. Maupertuis, 1740. - 10Le Livre des Rois, les quatre livres de l'Ancien Testament contenant l'histoire des Hébreux depuis Samuel jusqu'à la captivité de Babylone.
- 11Celui qui commande aux choses comme fait un roi à ses sujets.
Roi de ses passions, il a ce qu'il désire
, Racan, Bergeries, dans RICHELET.L'homme de la nature est le chef et le roi
, Boileau, Sat. VIII.Fig.
L'avare, d'autre part, n'aime que la richesse, C'est son roi
, Régnier, Sat. IX. - 12 Fig. et familièrement. Le premier, le principal, le meilleur en son genre.
J'ai le roi des maris, Il n'en est pas de meilleur dans Paris
, La Fontaine, Gag.Je sais… Qu'on te peut appeler le roi des serviteurs
, Molière, l'Ét. I, 2.Dansez vite, obéissez donc, Il est le roi du rigodon
, Béranger, Ménétr. de Meudon.C'est le roi des hommes, se dit d'un homme excellent qui aime à obliger, à faire plaisir.
Le roi des fous, l'homme le plus fou qu'il y ait.
Je soutiens, moi, qu'il faut être le roi des fous Pour se faire prier d'épouser une fille Jeune, riche héritière et de noble famille
, Destouches, Phil. mar. III, 3. - 13Roi d'armes, le chef des hérauts d'armes.
Le roi du bal, celui qui donne le bal, ou en l'honneur de qui on donne le bal et qui ouvre la danse.
Le roi de la basoche, celui d'entre les clercs du palais qui présidait une certaine juridiction qu'ils tenaient autrefois.
Le roi des pèlerins, celui d'entre eux qui a vu le premier le clocher du lieu où ils vont en pèlerinage.
Le roi de l'oiseau, celui des tireurs d'arbalète qui abat l'oiseau.
Chez les anciens, le roi du festin, celui qui présidait à un festin.
Nous tirâmes au sort le roi du festin ; il devait écarter la licence, sans nuire à la liberté
, Barthélemy, Anach. ch. 25. - 14Titre qui se donnait à tous les chefs de corporation jouissant de quelque privilége public. Roi des barbiers, des merciers, etc.
Roi des violons, le chef des vingt-quatre violons du roi et de tous les violons de France, sans la permission duquel il n'y avait pas de violon qui osât jouer publiquement,
Richelet. - 15Roi, titre que l'on donnait, à Malte, au plus ancien des chevaliers embarqués sur une des galères de l'ordre ; il commandait la garde, et avait à sa charge les armes du navire.
- 16Roi de théâtre, l'acteur qui fait les rois.
Tiens-toi un peu, enfonce ton bonnet en méchant garçon ; campe-toi sur un pied ; mets la main au côté ; fais les yeux furibonds ; marche un peu en roi de théâtre
, Molière, Scapin, I, 7.Fig. Un roi de théâtre, synonyme de roi en peinture, voy. plus haut, n° 1.
Roi de théâtre se dit aussi d'un prince qui veut toujours se montrer, se produire en public.
- 17Chez les catholiques, le jour des Rois (avec une R majuscule), l'Épiphanie.
Où j'étais résolu… De boire et de manger comme aux veilles des Rois
, Régnier, Sat. X.Faire ou tirer les Rois, dîner ou souper en société ou en famille le jour des Rois, et partager entre les convives un gâteau où il y a une fève.
Mon fils est retourné en basse Bretagne faire les Rois
, Sévigné, 397.Le roi fit à Versailles de magnifiques Rois avec beaucoup de dames
, Saint-Simon, 190, 38.Gâteau des Rois, le gâteau où il y a une fève, ce jour-là.
Chandelle des Rois, voy. CHANDELLE.
Le roi de la fève, voy. FÈVE. Ce fut un tel qui fut roi.
Le roi boit, cri que poussent les convives pendant que le roi de la fève boit.
- 18Roi se dit de certains animaux qu'on regarde comme les plus nobles de tous. Le roi des animaux, le lion.
De par le roi des animaux, Qui dans son antre était malade, Fut fait savoir à ses vassaux, Que chaque espèce en ambassade Envoyât gens le visiter
, La Fontaine, Fabl. VI, 14.Le roi des oiseaux, l'aigle.
Roi des animaux se dit quelquefois de l'homme.
Ce maître prétendu qui leur donne des lois, Ce roi des animaux, combien a-t-il de rois ?
Boileau, Sat. VIII.Par extension, le roi des forêts, le chêne.
Quand le roi des forêts, victime désignée, Doit fatiguer enfin le fer de la cognée
, Masson, Helvét. III. - 19Roi des chevrotains, nom donné à l'antilope pygmée de Pallas, ruminants (Cap).
Roi des cailles, le râle des genêts.
Roi de a mer, la coryphène hippure (poissons acanthoptérygiens), appelée dauphin.
Roi des rougets, l'apogon commun.
Le roi, nom vulgaire du papillon grand nacré. On dit aussi roi des papillons.
Roi du sud, belle variété de cône (coquilles).
- 20Le roi des abeilles, voy. ABEILLE.
- 21Les Trois Rois, nom de trois étoiles placées sur une même ligne dans la constellation d'Orion. On les appelle aussi le baudrier d'Orion, le râteau, la ceinture d'Orion, le bâton de Jacob.
- 22Au jeu de cartes, la carte figurant un roi dans chaque couleur.
Ou, querellant tout bas le ciel qu'elle regarde, à la bête gémir d'un roi venu sans garde
, Boileau, Sat. X.Se dit absolument du roi de cœur, à la guimbarde.
Roi appelé, celui qui est avec l'ombre au quadrille.
Roi qui parle, sorte de jeu de cartes qui se jouait du temps de Louis XIV.
10 septembre : Monseigneur fit jouer vingt-huit personnes au roi qui parle
, Dangeau, I, 220.Le 26 : dans l'appartement, il y eut un roi qui parle, où trente personnes jouèrent à la même table
, Dangeau, ib. p. 223. - 23Aux échecs, la principale pièce du jeu. On ne prend point le roi, il faut lui donner échec et mat pour gagner.
Si les petites choses peignent les hommes, il est permis de rapporter qu'il [Charles XII] faisait toujours marcher le roi à ce jeu [les échecs] ; il s'en servait plus que des autres pièces, et par-là il perdait toutes les parties
, Voltaire, Charles XII, 5. - 24Dans l'ancienne minéralogie, le roi des métaux, l'or.
- 25 Terme d'alchimie. Le roi, le soufre ou l'or minéral.
Le roi et la reine, le soufre et le mercure qu'on doit faire cuire ensemble.
- 26Roi d'été, variété de poire.
PROVERBES
Un Dieu, un roi, une loi, se dit pour combattre les hérésies.
Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois, voy. AVEUGLE.
C'est la cour du roi Pétaud, voy. PÉTAUD.
SYNONYME
ROI, TYRAN, PRINCE, SOUVERAIN, EMPEREUR. Le roi se distinguait du tyran dans l'antiquité en ce qu'il possédait légitimement l'autorité ; depuis le moyen âge, il se distingue des ducs, comtes, princes, souverains aussi, en ce que le roi a été dans l'origine suzerain de ces ducs, comtes et princes ; enfin il se distingue de l'empereur, en ce que l'empereur est un titre dérivé de l'empire romain.
HISTORIQUE
Xe s. Chi [qui] rex eret à cels dis sovre pagiens
, Eulalie.
XIe s. E qui enfraint la pais le rei
, Lois de Guill. I. Charles li reis, nostre emperere magne
, Ch. de Rol. I.
XIIe s. Que roi [l'amour] me fait de folie
, Couci, III. Car cil qui voit tel amor desevrer [séparer]… A assez plus de duel [deuil] et de pesance Que n'auroit jà li rois s'il perdoit France
, ib. XXIV. Raoul ot droit, si con je ai apris ; Le tort en ot li rois de Saint Denis
, Raoul de C. 33.
XIIIe s. [Il y] Avoit un roi en France de moult grant seigneurie
, Berte, II. Ha ! Diex, fait-ele, sire, vrai rois, vrai gouvernere
, ib. XLIV. [Dieu] C'est li rois souverains en cui du tout [je] m'afi
, ib. LIX. Ha ! Diex, con je seroie rois [quelle satisfaction j'aurais], Se le pooie as poins tenir [un putois] à mon chief por le froit covrir, Por ce que il bone pel a !
Ren. 2516. Por ce qu'il ne vost porter corone d'or là ù le rei des reis Jhesu Crist le fiz de Dieu porta corone d'espines
, Ass. de Jér. I, 22. Mais on a conté maintes fois : Où vient li rois, là va li lois
, Ph. Mouskes, ms. p. 735, dans LACURNE.
XIVe s. Cellui n'est pas roy, qui n'est de soy et par soy suffisant en touz biens
, Oresme, Éth. 246. Il advint une fois que beaucoup de chevaliers et de dames jouoyent au roy qui ne ment, pour dire verité du nom de s'amie
, Le Chev. de la Tour, Instr. à ses filles, dans LACURNE. L'an mil trois cent trente et ung, bourgois de Tournay emprendrent une très noble et belle feste de trente ung roys pour jouster l'an trente et ung… et principalement Jacques de Cobry l'esmeut et commencha, prendant grand peine et supportant grandz fraiz pour l'estaurer, lequel fut nommé pour ceste feste le roy Ghalot, qui jadis conquist trente roys
, Caffiaux, Régence d'Aubert de Bavière, p. 48.
XVe s. Car comme uns asnes couronnez Est uns rois terriens sans lettre
, Deschamps, Poésies mss. f° 550. Maleureus suis par toute lettre, Voire, par Dieu, roy des mescheans [ceux qui ont mauvaise chance]
, Deschamps, ib. f° 382. Cent mille foiz vous doy remercier, Chiere dame, de vostre doulz octroy ; Car vous m'avez fait plus riche d'un roy
, Deschamps, Art de faire des chansons. Comme homme soit si notable chose, que chascun soit un roy et chascun soit un monde
, Christine de Pisan, Charles V, I, 12.
XVIe s. Les ephores condemnerent à l'amende leur roy Archidamus, à cause qu'il avoit espousé une petite femme, disans qu'il leur engendreroit des roytelets, non pas des roys
, Amyot, Agésil. II. Il n'y a dignité temporelle en France qui entre en comparaison avec celle du roy ; et neantmoins il n'y a parole en laquelle nos devanciers se soient tant licentieusement desbordés qu'en cette-ci : roy des merciers, roy des barbiers, roy d'armes, roy des ribaux…
, Pasquier, Rech. VIII, p. 720, dans LACURNE. Il n'y a rien qui soit tant à craindre, que quand un royaume tombe entre les mains d'un enfant ; chacun en son particulier veut jouer au roy despouillé
, Pasquier, ib. VI, p. 536. Quand quelquesfois je pense à ma premiere vie, Du tans que je vivois seul roy de mon desir
, Desportes, Amours d'Hippolyte, X. De meschant homme bon roi
, Cotgrave † Il [Dieu] mit des cœurs de rois au sein des artisans, Et aux cervaux des rois des esprits de paysans
, D'Aubigné, Tragiques, Feux. Samuel tient son rang, juge et prophete sage, à qui ce peuple sot, friand de son dommage, Demande un roi : lui donc, instituant les rois, Annonce leurs defauts que l'on prend pour des droits
, D'Aubigné, ib. la Chambre dorée. Soubz roys l'on vit en plus grand abandon [licence] que soubz loys
, Bonivard, Chron. de Gen. III, 28.
ÉTYMOLOGIE
Bressan, ray ; prov. roi, rey, re ; esp. rey ; ital. re ; du lat. règem ; comparez le gothique reiks, le kymrique rîx, l'irl. rig, et le sanscr. rajan.