« ralentir », définition dans le dictionnaire Littré
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ralentir
- 1Rendre plus lent.
Un mouvement, quelque lent qu'il soit, ne peut-il pas être ralenti de moitié, en sorte qu'il parcoure le même espace dans le double de temps ?
Pascal, Pens. part. I, art. 11.La nuit a ralenti les heures ; Le sommeil s'étend sur Paris
, Béranger, Rossignols.Terme de manége. Ralentir un cheval, modérer son mouvement.
- 2 Fig. Rendre moins vif, moins actif, moins intense.
On commence à ralentir l'espérance que l'on avait d'avoir Perpignan si tôt
, Voiture, Lett. 130.Le sang qu'il a perdu ralentit sa vigueur
, Corneille, Hor. IV, 2.Ce grand feu des Romains en paraît ralenti
, Corneille, Sophon. I, 1.Assez instruit de vos maximes, et bien résolu de les pousser autant que je croirai que Dieu m'y engagera, sans qu'aucune considération humaine puisse arrêter ni ralentir mes poursuites
, Pascal, Prov. XVII.La raison alors dans sa force devrait produire, mais elle est refroidie et ralentie par les années, par la maladie et la douleur
, La Bruyère, XI.Le souvenir de l'échec qu'il avait reçu ralentit beaucoup son courage
, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. VIII, p. 45.L'absence ralentit les liaisons les plus vives
, Massillon, Avent, Dispos.La charité opère partout où elle est… c'est un feu céleste… il peut être à la vérité quelquefois couvert et comme ralenti par la multitude de nos faiblesses
, Massillon, Carême, Fautes légères.Un aveu si terrible et si capable de ralentir la fureur de ces juges, est pour le Sauveur une réponse de mort
, Massillon, Carême, Passion. - 3 V. n. Devenir plus lent, moins vif.
Ma mauvaise santé me rend si faible, que j'ai un peu ralenti de mon ardeur pour ces belles-lettres qui m'ont fait une illusion si longue, et qui m'ont souvent consolé dans mes afflictions
, Voltaire, Lett. d'Argental, 23 sept. 1774. - 4Se ralentir, v. réfl. Devenir plus lent.
Le combat s'était ralenti tout à coup
, Vaugelas, Q. C. IV, 16.Leur fougue impétueuse [de chevaux ayant le mors aux dents] enfin se ralentit
, Racine, Phèdre, V, 6.Le cheval élevé pour la course… pourra faire une lieue en six ou sept minutes, mais bientôt sa vitesse se ralentit
, Buffon, Ois. t. I, p. 43. - 5 Fig. Devenir moins vif, moins vigilant, en parlant des personnes.
Je ne sais si nous avons aussi remarqué que David s'était un peu ralenti de ce côté-là [du côté de la justice], durant qu'il était occupé de Bethsabée
, Bossuet, Polit. IX, III, 5.On se ralentit, on se dérange à l'égard de tous les autres exercices
, Bourdaloue, Pensées, t. III, p. 328.Il s'était tellement ralenti sur cette poursuite que…
, Hamilton, Gramm. 4.Il se dit des choses en un sens analogue.
À l'arrivée de la reine, la rigueur de la persécution se ralentit
, Bossuet, Reine d'Anglet.Les sentiments humains perdent par l'habitude, toute leur pointe ; ils se ralentissent, et, n'ayant plus de quoi piquer une âme, ils viennent enfin à s'amortir tout à fait et à s'éteindre
, Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 44.Sa passion ne s'est jamais ralentie d'un instant
, Lamotte, Matr. d'Éph. sc. 11.Les chaleurs et les malheurs ne font-ils pas un tort horrible au tripot [au théâtre] ?… nos souscriptions [au Commentaire sur Corneille] pourraient bien se ralentir
, Voltaire, Lett. d'Argental, 9 août 1761.Avec ellipse du pronom personnel.
Il ne songea qu'à profiter de cette première ardeur de la faction, qu'il ne fallait pas laisser ralentir
, Voltaire, dans le Dict. de BESCHERELLE.
REMARQUE
Pourquoi l'Académie écrit-elle ralentir par une seule l. tandis qu'elle écrit par deux l rallonger ? La bonne règle serait de ne mettre qu'une l là où la prononciation n'en met qu'une.
HISTORIQUE
XVIe s. Si on espioit ses passions de prez, on rallentiroit un peu leur impetuosité
, Montaigne, II, 246. Au moins escoute, et ralente tes pas
, Ronsard, 84.
ÉTYMOLOGIE
Re…, et alentir.