« levée », définition dans le dictionnaire Littré

levée

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

levée

(le-vée) s. f.
  • 1Action de lever, de hausser ; ne se dit guère que dans cette locution : levée de boucliers, démonstration par laquelle les soldats romains témoignaient leur résistance aux volontés de leur général.

    Fig. Levée de boucliers, opposition ou attaque contre une personne, contre un corps, faite avec éclat et sans succès. Après toutes ces grandes levées de boucliers, François 1er, qui était sur les frontières du Piémont, s'en retourne, Voltaire, Ann. Emp. Charles-Quint, 1538.

    Fig. Il [Achille Tatius] fait une grande levée de rhétorique dans tout ce procès de Thersandre, Huet, Origine des romans.

    Terme de marine. Il y a de la levée, les vagues se soulèvent, la mer est agitée.

    Levée des couples, opération qui consiste à dresser ou élever ces pièces de construction, et à les mettre sur la quille en position voulue.

    Terme de mécanique. Espace parcouru par le piston dans un corps de pompe. On dit aussi : le jeu du piston.

  • 2Action de lever de terre. Faire la levée d'un corps mort, l'enlever, par autorité publique, et le faire porter au lieu où il doit être inhumé, ou exposé pour être reconnu. La levée du corps est attribuée par la loi au juge de paix, au procureur impérial et au juge d'instruction ; c'est seulement quand ils en sont empêchés que le maire y procède.
  • 3Action de ramasser les grains et autres produits de la terre. La levée des fruits lui appartient.

    Récolte. J'ai été contraint de faire saisir les levées de mon fermier.

  • 4Dans une course de bague, l'action de celui qui lève la lance pour enfiler la bague. Faire une levée de bonne grâce.
  • 5 En termes de jeu de cartes, un coup qu'on a gagné et par suite duquel le gagnant ramasse et met devant lui les cartes jouées. Il n'a pas fait une levée. J'ai trois levées.
  • 6Action d'ôter, de retirer, d'enlever. La levée du scellé, l'action par laquelle l'officier de justice lève un scellé.

    En chirurgie, la levée de l'appareil, l'action d'ôter l'appareil mis sur une blessure.

  • 7Action de retirer de la boîte, pour les distribuer, les lettres qui y ont été jetées. Il y a plusieurs levées par jour à ce bureau.

    Collectivement. Les lettres qu'on retire de la boîte à chaque levée. La levée de deux heures n'a pas été considérable.

  • 8Dans la couture, ce qu'on lève sur la largeur d'une étoffe pour un habit, ce qu'on lève d'une pièce de toile pour des chemises. Il y a là la levée de deux chemises.
  • 9La levée d'un siége, la retraite des troupes qui tenaient une place assiégée. Je ne songe point à vous parler de la levée du siége de Bude ; cette petite nouvelle dans l'Europe et dans le christianisme ne vaut pas la peine d'en parler, Sévigné, 26 nov. 1684.
  • 10Ordre qui fait cesser quelque punition ou défense. Levée des arrêts, de la prohibition.
  • 11Collecte, perception, recette des impôts. Il s'est fait de grandes et fréquentes levées sur le clergé de France, Patru, Assemblées du clergé, dans RICHELET.
  • 12Action de prendre chez un dépositaire. Levée de titres. Levée de cent barriques de vin.

    Levée de numéraire, quantité plus ou moins considérable d'argent que le commerce prend dans une banque ou tout autre établissement de crédit.

  • 13Action d'enrôler des soldats. Une levée de soldats, de troupes. Valens fit faire des levées dans le pays des Scythes, Fléchier, Hist. de Théod. II, 65.

    Les soldats ainsi enrôlés. Celui-ci représentait que, si l'on donnait aux nouvelles levées le temps de s'exercer pendant l'hiver, on en tirerait plus de service la campagne suivante, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. I, p. 408, dans POUGENS.

    Levée en masse, appel au service militaire de tous les hommes d'une population. La levée en masse et instantanée de toute la population était ordonnée de droit dans certains lieux plus menacés, Thiers, Révolution française, ch. 12.

  • 14L'heure à laquelle une assemblée, une compagnie se lève pour finir la séance. Trouvez-vous à la levée du conseil, à la levée de la séance.
  • 15La levée des plans. On dit plutôt le levé ou le lever des plans, voy. LEVER 2.
  • 16Digue, chaussée. Ainsi la rivière de Loire, Quand elle sort hors de son lit, Bouleverse, à ce qu'on m'a dit, Ce qu'on appelle la levée, Scarron, Virg. II. Tout le monde connaît cette longue levée qui borne le lit de la Seine, La Bruyère, VII. Le père Castelli, qui a écrit fort sensément sur cette matière, remarque très bien que la hauteur des levées qu'on a faites pour contenir le Pô, va toujours en diminuant jusqu'à la mer, Buffon, Hist. nat. Preuv. théor. terr. Œuv. t. II, p. 64, dans POUGENS.
  • 17Dans un bateau, sorte de petit plancher, qui est à l'arrière du bateau.
  • 18Glace que le fabricant scelle sur le banc pour la travailler.
  • 19Plateau sur lequel le cartonnier étend les feuilles de carton à mesure qu'elles sont retirées des langes
  • 20Morceau de bois qui, dans un moulin à poudre, soulève le pilon.
  • 21Levée des bandes, se dit des bandes que les vitriers lèvent avec le diamant pour se mettre de mesure.

    Se dit aussi des bandes de papier dont ils se servent pour faire des calfeutrages.

REMARQUE

Un levé pour une levée, au jeu de cartes, est une faute contre le bon usage actuel. Autrefois il se disait : Pour ce jeu nous ne volerons pas, car j'ay faict un levé, Rabelais, I, 5.

HISTORIQUE

XIIIe s. Il seroit tenus à aquiter l'oir [l'héritier] selonc les levées [les rentrées, les revenus], Beaumanoir, XV, 11.

XIVe s. Il paient le tiers de la levée d'une année du fief, Du Cange, auxilium. Il parfist les fossez et les levées à l'entour, Bercheure, f° 22, recto.

XVIe s. Les consuls firent une levée des autres qui demouroient à Rome, pour aller contre les Volsques, Amyot, Cor. 17. Une grande levée de deniers, D'Aubigné, Hist. II, 251. Après la honteuse levée du siege de Senlis, Sat. Mén. p. 144. Il faut la levée de mil arpens ou quartiers de bois taillis pour entretenir les dites fournaises, Palissy, 259. Grande levée de boucliers, Marot, p. 138, dans LACURNE. Sur la levée du soleil, Nuits de Straparole, t. I, p. 65, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Levé ; provenç. levada ; ital. levata.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

LEVÉE.
10Ajoutez :

La levée d'une trêve, l'action de mettre fin à une trêve. On ne sonne donc mot de la levée de la trêve ; comme tout cela est triste ! Corresp. du général Klinglin, Paris, pluviôse an VI, t. I, p. 566.

12Ajoutez :

Action de prendre une certaine quantité sur un fond de marchandise. Après une première levée de 100 kilogrammes, les particuliers qui feraient des exportations jouiraient du maximum de la prime sur toutes les quantités de tabacs, quelles qu'elles fussent, qu'ils achèteraient par la suite pour l'exportation, Circul. contrib. indir. 19 avril 1817, n° 12.

HISTORIQUE

XVIe s. Ajoutez : En la grand'mer les ondes elevées Des Hollandois nayerent les levées, J. Peletier du Mans, la Savoie (1572), p. 284, Chambéry, 1856.