« levier », définition dans le dictionnaire Littré

levier

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levier

(le-vié ; l'r ne se prononce et ne se lie jamais ; au pluriel, l's se lie : des le-vié-z en fer) s. m.
  • 1Barre longue, inflexible, fixe dans un point de son étendue qu'on appelle point d'appui, et destinée à mouvoir, à soutenir ou à élever d'autres corps. Connaissez-vous la beauté de la machine toute simple qu'on appelle un levier ? il me semble que je l'ai été un peu à son égard [pour la fortune que fait M. de la Trousse], Sévigné, 15 nov. 1684. Le paysan le plus ignorant sait partout remuer les plus gros fardeaux par le secours du levier, sans se douter que la puissance faisant équilibre est au poids, comme la distance du point d'appui à ce poids est à la distance de ce même point d'appui à la puissance, Voltaire, Mœurs, Introd.

    Terme de mécanique. Machine simple dont on distingue trois genres : levier du premier genre ou intermobile, celui dans lequel le point d'appui est placé entre la résistance et la puissance ; levier du deuxième genre, ou interrésistant, celui dans lequel la résistance est entre le point d'appui et la puissance ; levier du troisième genre, ou interpuissant, celui dans lequel la puissance est entre le point d'appui et la résistance.

  • 2 Fig. Toute espèce de puissance morale. Le législateur, quand il a su montrer aux citoyens leur intérêt dans leur probité, quand il a l'heureuse habileté de prendre leurs inclinations dominantes pour les leviers de la loi…, Mirabeau, Collection, t. III, p. 26. N'oubliez pas que le levier de la puissance n'a d'autre appui que l'opinion, Raynal, Hist. phil. XVIII, 39. Le levier sacré, dont l'extrémité est sur la terre et le point d'appui dans le ciel, est rompu ou très affaibli, Raynal, ib. VI, 1. Quoi ! vous avez une nation entière pour levier, la raison pour point d'appui, et vous n'avez pas encore bouleversé le monde ? Danton, Séance du 10 mars 1793.
  • 3Levier hydraulique, appareil qui sert à élever l'eau d'une rivière par le moyen de la force même du courant.
  • 4 Terme de marine. Levier directeur, levier dont on se sert pour manœuvrer les affûts des canons de 50, de 30, et des obusiers.

    Clef à levier, sorte de clef propre à retenir les mâts guindés à leur place.

  • 5 Terme de chirurgie. Tige d'acier recourbée à ses extrémités dont on se sert pour soulever la portion d'os détachée par le trépan, ou les portions d'os enfoncées, dans les cas de fracture du crâne.

    Terme de dentiste. Levier droit, instrument destiné à l'extraction des dents incisives.

    Terme d'obstétrique. Tige de fer ou d'acier, de forme et de longueur variables, ayant une ou plusieurs courbures, dont on se sert pour donner à la tête du fœtus une direction convenable.

HISTORIQUE

XIIe s. Diz en i queurent [courent], chascuns porte un levier, Raoul de C. 57.

XIIIe s. N'i a cil qui ne tiegne espié, Ou bon levier, ou arc, ou hache, Ren. 13995.

XIVe s. De piques, de hoeaux [ils] furent bien pourveü, Et de leviers de fer afilez et agus, Guesclin. V. 19948.

ÉTYMOLOGIE

Lever.