« talonner », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
talonner
- 1Suivre de près, marcher sur les talons.
Talonne un président, suis-le comme un valet
, Régnier, Sat. XVI.Et le troisième Diorès Qui le talonne de si près [à la course]
, Scarron, Virg. v.Tu me talonnes quand je sors, Tu m'attends quand je me retire, Tu me poursuis jusques aux bains
, Rousseau J.-B. Épigr. III, 27.Il la poursuit, la talonne, l'atteint
, Rousseau, Ém. v. - 2Poursuivre de près.
De même qu'un lion que vingt chasseurs talonnent
, Tristan, M. de Chrispe, I, 3.Dans la nécessité ou de forcer ce gué, ou de combattre avec un grand désavantage Philippe, qui le talonnait de fort près
, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuv. t. v, p. 103, dans POUGENS. - 3Frapper du talon, de l'éperon.
Monte un cheval de bois… Talonne le genet
, Régnier, Sat. v. - 4 Fig. Presser vivement, jusqu'à l'importunité.
Il y a plus de cinq ou six mois que les imprimeurs me talonnent de telle sorte que tout ce que je puis faire ne va pas à revoir les feuilles de la première édition
, Bayle, Lettres, p. 790, dans POUGENS.George, que tous les jours maint créancier talonne
, Du Cerceau, Poés. Épigr. 29.Me talonnant sans cesse pour expédier les dépêches du roi et des ministres, il les signait en hâte
, Rousseau, Conf. VII.Talonner une femme, lui faire la cour de très près.
…voyant qu'il talonnait Hébé qui toujours s'éloignait
, Scarron, Typh. V.Veuve d'un illustre époux [le maréchal de l'Hôpital], Vous nous la donnez bonne, Quand vous faites les yeux doux à ce pédant [Omer Talon] qui vous talonne
, Docum. inéd. sur l'hist. de Fr. Journ. d'Ol. Lefèvre d'Ormesson, t. II, p. 25, note 2. - 5 Fig. Il se dit des choses qui nous serrent de près.
Laissez-moi mon bavolet, avec mon teint fleuri ; je vous laisserai vos cent ans avec la mort qui vous talonne
, Fénelon, t. XIX, p. 4.Sans les soixante-dix-huit ans qui me talonnent
, Voltaire, Lett. Catherine II, 22 janv. 1770. - 6 Fig. Il se dit de ce qui presse, tourmente.
Les malheurs qu'elle avait prévus de si loin, commençaient à la talonner, et de toutes parts elle craignait des embûches
, Voiture, Hist. Alcidalis.Un homme, lequel se disant frère de la rose-croix, vous aurait prédit, il y a dix ou douze ans, quelque grand malheur talonner la France
, Naudé, Rosecroix, VII, 4.Tant la frayeur les talonnait
, Scarron, Virg. II.Que faites-vous dehors, et quel soin vous talonne, Vous à qui je défends de parler à personne ?
Molière, l'Ét. I, 4.Pressé par la faim qui me talonnait
, Rousseau, Conf. II. - 7 V. n. Terme de marine. En parlant d'un bâtiment, toucher le fond de la mer de l'extrémité de la quille. Le navire a talonné en franchissant la barre.
HISTORIQUE
XVIe s. Si la fortune cruelle Et la mort continuelle Me talonnent pas à pas
, Du Bellay, J. III, 86, recto. Cette troupe estoit talonnée [suivie, soutenue] de deux bataillons de piques
, D'Aubigné, Hist. I, 141. La conclusion du conseil fut de battre l'estrade, et tallonner [harasser] tant que l'on pourroit les Albanois…
, Carl, v, 9. Son asne talonnoit le bon vieillard Silene
, Ronsard, 911.
ÉTYMOLOGIE
Talon.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
TALONNER. - HIST. XVIe s. Je suis Jesus, lequel tu persecutes ; il t'est dur de talonner [regimber] contre l'aguillon
, Act. IX, 5, Nouv. Test. éd. Lefebvre d'Étaples, Paris, 1525.