« réfuter », définition dans le dictionnaire Littré

réfuter

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

réfuter

(ré-fu-té) v. a.
  • 1Prouver qu'une proposition, un argument, etc. n'est pas fondé. Les autres erreurs de Pierre de Bruis que ce vénérable auteur a réfutées, Bossuet, Variat. XI, 66. Un esprit juste, en lisant l'histoire, n'est presque occupé qu'à la réfuter, Voltaire, Mœurs, 51. Vous n'avez eu que des bûchers et des injures pour réfuter mes raisonnements, Rousseau, Lett. à l'archev. de Paris. Saumaise et quelques autres commentateurs pensent que les colonies latines ne furent composées que d'affranchis ; mais il y a longtemps que divers savants ont réfuté cette opinion d'une manière victorieuse, Bouchaud, Instit. scienc. mor et pol. t. III, p. 131.

    Il se dit dans le même sens des personnes. Répondre à ce rebelle, et daigner m'avilir Jusqu'à le réfuter quand je le dois punir ! Voltaire, Alz. III, 5. Cette police est commode et sûre pour avoir toujours raison ; il y a plaisir à réfuter des gens qui n'osent parler, Rousseau, Ém. IV.

    Réfuter un livre, un auteur, démontrer la fausseté des principes, des opinions que le livre contient, que l'auteur soutient. Il [Platon] réfuta fort au long, dans le premier livre de la République, un certain Thrasymaque qui prétendait que les sujets étaient nés pour le prince, et non le prince pour ses sujets, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. IV, p. 460. Un livre vous déplaît-il ? réfutez-le ; vous ennuie-t-il ? ne le lisez pas, Voltaire, Dict. phil. Liberté d'imprimer.

  • 2Se réfuter, v. réfl. Être réfuté. Cela se réfute aisément.

HISTORIQUE

XVIe s. Et d'avantage ilz sont refutez par l'experience ordinaire de ceulx qui fouillent ès mines des metaulx, Amyot, P. Aem. 23. Pour le moins est-il possible de refuter ce poinct, que Demosthenes n'a pas esté homme de cueur assez ferme…, Amyot, Cicér. et Démos. 5. Tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend… que nous sommes tenus d'accepter tout ce que nous ne pouvons refuter, Montaigne, IV, 183.

ÉTYMOLOGIE

Lat. refutare, de re, et futare, arguer, que les étymologistes latins rattachent à un radical latin fut, dans futire, futilis (voy. FUTILE), et qu'on regarde comme équivalent à fus de fundere ; refutare serait analogue à confundere, qui veut dire confondre au propre et au figuré.