« régal », définition dans le dictionnaire Littré

régal

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

régal

(ré-gal) s. m.
  • 1Anciennement, fête, divertissement, collation, partie de plaisir offerte aux dames, ou à quelque personne de distinction. On dit dans le beau style un régal de conversation, on nous donne un régal de musique, Marguerite de Navarre, BUFFET, Observ. p. 36, 1668. L'on ne sait point dans l'Ile qu'André brille au Marais… du moins, s'il était connu dans toute la ville et dans ses faubourgs, il serait difficile qu'entre un si grand nombre de citoyens qui ne savent pas tous juger sainement de toutes choses, il ne s'en trouvât quelqu'un qui dirait de lui : il est magnifique, et qui lui tiendrait compte des régals qu'il fait à Xanthe et à Ariston, La Bruyère, VII.

    C'est un régal pour moi de le voir, c'est un grand plaisir. Cette lecture est pour moi un régal.

    Fig. Et la plus glorieuse [estime] a des régals peu chers, Dès qu'on voit qu'on nous mêle avec tout l'univers, Molière, Mis. I, 1.

    Fig. et ironiquement. Il se lèvera d'auprès de vous dès quatre heures du matin pour voir panser ses chevaux ; le beau régal pour une femme ! Dancourt, Chev. à la mode, I, 9.

  • 2Gratification. Le présent [une bourse de jetons] n'est pas important ; mais c'est le présent d'une grande cité [Bordeaux], et ce régal aurait encore très bon air en Italie, Montesquieu, Correspondance, 60. Les Turcs s'attendaient à ce qu'ils appellent le régal, Chateaubriand, Itin. 2e part.
  • 3Grand repas, festin. Le régal fut fort honnête ; Rien ne manquait au festin, La Fontaine, Fabl. I, 9. Nous nous mîmes à table, c'est-à-dire que nous nous assîmes à terre autour du régal, Chateaubriand, Itin. 1re part.

    Par extension. C'est un régal pour moi, c'est un mets qui me plaît beaucoup. Quelques racines étaient pour nous un régal, Rousseau, Ém. I.

  • 4La demi-tasse et le petit verre d'eau-de-vie pris dans un lieu public.
  • 5 Terme de féodalité. Régal de mariage, pain et viande que le vassal qui se mariait donnait à son seigneur.

    Au plur. Des régals.

REMARQUE

Molière écrit d'habitude régale ; ce qui est contraire à l'usage : D'où vient qu'il n'est pas venu à la promenade ? - Il a quelque chose dans la tête qui l'empêche de prendre plaisir à tous ces beaux régales, Am. magnif. II, 3. Mais quoi partir ainsi d'une façon brutale, Sans me dire un seul mot de douceur pour régale ! Amph. I, 4.

ÉTYMOLOGIE

Voy. RÉGALER 1 ; génev. regale, s. f. ; port. regalo, manchon pour les dames, plaisir, satisfaction de la magnificence ; ital. regalo.