« prospérité », définition dans le dictionnaire Littré

prospérité

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

prospérité

(pro-spé-ri-té) s. f.
  • État de ce qui prospère. Leur courage aussi grand que leur prospérité, Malherbe, II, 7. Voilà le précipice où l'ont enfin jeté Les attraits enchanteurs de la prospérité, La Fontaine, Élégie pour M. Fouquet. Théodose, voyant multiplier le nombre de ses enfants, et jouissant de la sincère amitié des peuples, reconnaissait que la piété était la véritable source du repos des États et de la prospérité des familles, Fléchier, Hist. de Théodose, III, 36. Tant de fidélité, Madame, méritait plus de prospérité, Racine, Bérén. I, 5. Celui qui est dans la prospérité doit craindre d'en abuser, et secourir les malheureux, Fénelon, Tél. X. La prospérité ne transporte de joie et n'éblouit que ceux pour qui elle est nouvelle, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. I, p. 477, dans POUGENS. La prospérité de la religion est différente de celle des empires, Montesquieu, Rom. 22. L'ivresse de la prospérité, qui, en même temps qu'elle ôte la sagesse du conseil, donne l'audace de la pensée, Marmontel, Œuv. t. IX, p. 315.

    Il se dit aussi au pluriel. Que si Dieu accorde aux prières les prospérités temporelles, combien plus leur accorde-t-il les vrais biens, c'est-à-dire les vertus ? Bossuet, Mar.-Thér. Les grandes prospérités nous aveuglent, Bossuet, Reine d'Anglet. Combien peu de prospérités innocentes ! Massillon, Profess. relig. Serm. 2. Dans sa jeunesse et durant ses courtes prospérités, n'ayant encore à se plaindre de personne, il n'aima pas moins la retraite qu'il l'aime dans sa misère, Rousseau, 2e dial. Malgré les vices qu'il est aisé d'apercevoir dans ces singulières institutions [les compagnies marchandes], la compagnie [hollandaise] s'éleva à des prospérités très éclatantes, Raynal, Hist. phil. II, 20. Dans ce dépouillement graduel de tant de prospérités, dans cette proie si riche que la coalition de 1813 arrachait à Napoléon, Villemain, Souvenirs contempor. les Cent-Jours, ch. VIII.

    Au plur. Il signifie souvent événements heureux. Je vous supplie très humblement, monseigneur, de me commander d'aller prendre part à vos prospérités, et d'aller voir notre bonne fortune au seul lieu où elle est maintenant, Voiture, Lett. 82. Je vis le soir M. le chevalier, je lui contai tout naïvement mes petites prospérités [à propos de la représentation d'Esther], Sévigné, 21 fév. 1689. On nous mande que le siége de Mayence est levé ; on espère des prospérités de tous côtés, Sévigné, 9 août 1689.

    Familièrement. Avoir un visage de prospérité, avoir l'air gai et content, le teint frais et fleuri.

HISTORIQUE

XIIe s. Ne vuiles tu [ne veuille] envier en celui chi at prosperitet en sa veie, Liber psalm. p 47. Dont est alsi com une jors, quant la prosperiteiz del munde nos blandist ; mais ciz jors finet en nuit, Job, p. 455. E ura [pria] que Deus lur rendist enfanz plusurs en prosperté por cel enfant qu'il li ourent duné, Rois, p. 8.

XIIIe s. Envieus est cil qui se courrouce et contriste de la prosperité et des biens des bons et des mauvais sans difference nule, Latini, Trésor, p. 301.

XVIe s. Il ne recita pas moins soigneusement ses adventures et prosperitez, que ses vaillances et prouesses, Amyot, Sylla, 69. De grande prosperité petite seureté, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 282. Prosperité, amour, fumée ne toux Longuement ne se peuvent cacher de tous, Leroux de Lincy, ib. p. 376.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. prosperitat ; espagn. prosperidad ; ital. prosperità ; du lat. prosperitatem, de prosperus, prospère.