« laid », définition dans le dictionnaire Littré
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laid, aide
- 1Qui déplaît à la vue, pour quelque défectuosité dans la forme ou la couleur, en parlant du corps et de ses parties. Un visage laid. Elle a les mains laides, la gorge laide. Elle est laide à faire peur. Il est laid comme une chenille.
M. Arnauld [le célèbre Arnauld] est un petit homme noir et laid, né à Paris, fils d'un savant avocat qui a autrefois plaidé vigoureusement contre les jésuites
, Patin, Lettres, t. II, p. 237.On ne saurait dire si Ésope eut sujet de remercier la nature, ou bien de se plaindre d'elle ; car, en le douant d'un très bel esprit, elle le fit naître difforme et laid de visage
, La Fontaine, Vie d'Ésope.Mlle d'Arpajon est fiancée aujourd'hui à Versailles avec M. le comte de Rouci ; on veut qu'il ait dit à Mlle d'Arpajon : Mademoiselle, encore que vous soyez laide, je ne laisserai pas de vous bien aimer
, Sévigné, 7 fév. 1689.Guilleragues disait hier que Pellisson abusait de la permission qu'ont les hommes d'être laids
, Sévigné, 5 janv. 1674.Ne trouvez-vous pas qu'elle ressemble à Javotte (c'était une fille qui la servait, et qui en effet me ressemblait, mais en laid) ?
Marivaux, Marianne, 5e part.Et si c'était un monstre ? - Oh ! tais-toi ; tu m'excèdes ; Les personnes d'esprit sont-elles jamais laides ?
Piron, Métromanie, II, 8.J'ai souvent remarqué que, dans les villages où la pauvreté est moins grande que dans les autres villages voisins, les hommes y sont aussi mieux faits et les visages moins laids
, Buffon, Hist. nat. homme.Quoiqu'il [Cratès] fût laid de visage et bossu, il inspira la passion la plus violente à Hipparchia, sœur du philosophe Métrocle
, Diderot, Opin. des anc. phil. (cyniques).Familièrement. Un laid magot, homme extrêmement laid ; une laide guenon, femme extrêmement laide.
Il se dit aussi des animaux. Un chien fort laid.
- 2En général, désagréable à voir. Cette maison est laide. Le temps est bien laid aujourd'hui.
Ils me firent laide grimace
, Scarron, Virg. III.Un magister, s'empressant d'étouffer Quelque rumeur parmi la populace, D'un coup dans l'œil se fit apostropher, Dont il tomba faisant laide grimace
, Rousseau J.-B. Épigr. I, 25. - 3Déshonnête, contraire à la bienséance, au devoir. Ce que vous dites là est bien laid. Il est bien laid à vous d'avoir manqué à votre promesse.
- 4 S. m. et f. Celui qui est laid, celle qui est laide.
Fi ! le laid ! Mlle de Noailles, sans exception, la plus aimable laide du monde
, Maintenon, Lett. au duc de Noailles, 22 fév. 1706.Si une laide se fait aimer, ce ne peut être qu'éperdument
, La Bruyère, IV. - 5 S. m. Ce qui est laid, par opposition au beau. Des artistes ont préconisé le laid.
Ce qu'il y a de laid en quelque chose.
Je vous ai dit le beau de l'aventure, mais voici le laid. Mais le premier [le début du plaidoyer], monsieur, c'est le beau. - C'est le laid
, Racine, Plaid. III, 3.PROVERBE
Il n'y a point de belle prison ni de laides amours, il n'y a point de prison qui plaise, ni de femme aimée qui ne plaise.
HISTORIQUE
XIe s. La premiere [eschele, escadron] est des Canelius les laiz
, Ch. de Rol. CCXXXV.
XIIe s. Signor, dit l'apostoles, moult est cist hontes [du masculin] lais
, Sax. X. Il nous orent jugié à mort laide et vilaine
, ib. XX. Prendre mari est chose à remenant ; N'est pas marchés qu'on laist quant [on] se repent ; Tenir l'esteut [il faut le tenir], soit lait ou avenant
, Romanc. p. 73. Membrer [souvenir] vous doit que laide cruauté Fait qui ocist son lige home demaine
, Couci, XI. Signor, seje vous di le voir [vrai], D'un affaire tous certains sui ; Ferés m'en vous lait [du mal] ne anui ?
Le lai d'Ignaurès.
XIIIe s. [Elle] Mout faisoit laide chere [figure] et mout ert [était] emplorée
, Berte, XVI. Cil jour [il] fit mout lait temps et de froide maniere
, ib. X. Si nous semble que des ores en avant nous averiesmes nul lait [honte] dou rendre le castiel
, Chr. de Rains, 139. Quant aucuns est tenus en prison par lais dis ou por ce qu'il ne veut respondre en cort
, Beaumanoir, XXX, 25. Lede estoit et sale et foulée Cele ymage, et megre et chetive, Et aussi vert cum une cive
, la Rose, V. 196. … il ne fu onques nulz lais amans Ne laide amie ; ensi en est li dis [le dit]
, Poésies franç. Vatic. f° 169, dans LACURNE.
XVIe s. Disant qu'il trouvoit cela laid et mal seant à une personne d'honneur, que de tenser ses serviteurs, et quereller avec eulx pour son ventre
, Amyot, Caton, 44. Quant à sa personne, il n'estoit pas laid de son visage
, Amyot, Philop. 3. La couleur en est belle, ressemblant au velours orangé ; mais tant plus laide en est la senteur, puante, et qui pis est mal saine
, De Serres, 572. Le cas sera tenu et reputé pour laid et vilain
, Nouv. coust. gén. t. II, p. 13.
ÉTYMOLOGIE
Provenç. laid, laig, lait, lag, lai ; ital. laido ; du germanique ; anglo-sax. ladh, odieux ; anc. haut allem. leid, désagréable ; suéd. led. Laid a donc signifié haïssable, avant de signifier vilain. Le latin lædere, à cause du sens, ne peut entrer en ligne de compte ; læsus n'aurait pu donner les sens que laid a dans l'historique, et que l'étymologie germanique justifie très-bien.