« galanterie », définition dans le dictionnaire Littré

galanterie

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galanterie

(ga-lan-te-rie) s. f.
  • 1Agrément, politesse dans les manières. Cet homme a de la galanterie dans l'esprit. Il met de la galanterie dans tout ce qu'il fait. On peut dire avec vérité qu'il n'y a jamais eu une dame qui ait si bien entendu la galanterie, ni si mal entendu les galants, Voiture, Lett. 42. Je croyais qu'on me dût préférer Honorie Avec moins de douceur et de galanterie, Corneille, Attila, III, 2.

    Ce sens commence à vieillir.

    Il s'est dit aussi des choses de bon goût, d'un goût galant. Que ce bout de ruban a de galanterie ! Je le veux dérober, Corneille, Suite du Ment. II, 6.

  • 2Soins, empressements auprès des femmes qu'inspire le désir de leur plaire. Madame, puisque c'est à bon dessein que je vous recherche, je crois qu'il n'y a point de galanterie que je ne puisse faire, et qu'après avoir fait des vers pour vous, je puis bien vous envoyer des bouquets, Voiture, Lett. 73. Tout cela sent la nation ; et toujours messieurs les Français ont un fond de galanterie qui se répand partout, Molière, Sicil. 12. …Mon maître est fidèle, et son âme est pétrie De la plus fine fleur de la galanterie, Regnard, le Distr. II, 1.
  • 3Propos flatteurs qu'on tient à une femme. De fades galanteries. Voilà ce que c'est de ne point répondre aux galanteries que je vous écris, de m'envoyer des lettres où vous ne me parlez que de vos amies et ne me dites quasi rien de vous, Voiture, Lett. 25. Ne vous étonnez pas de m'ouïr dire des galanteries si ouvertement, Voiture, ib. 40. La dame sourit, car les galanteries d'un borgne sont toujours des galanteries, et les galanteries font toujours sourire, Voltaire, Crocheteur borgne.
  • 4Commerce amoureux. On peut trouver des femmes qui n'ont jamais eu de galanterie ; mais il est rare d'en trouver qui n'en aient eu qu'une, La Rochefoucauld, Réflex. 73. Il l'a convaincue d'une bonne galanterie avec M. de Béthune, Sévigné, 14. Le roi n'a point de galanterie, et vraisemblablement n'en aura plus, Maintenon, Lett. à M. de Villette, 14 août. Enfin, bornant le cours de tes galanteries, Alcippe, il est donc vrai, dans peu tu te maries ? Boileau, Sat. x. La galanterie est un faible du cœur, ou peut-être un vice de complexion, La Bruyère, III. Il y a peu de galanteries secrètes ; bien des femmes ne sont pas mieux désignées par le nom de leurs maris que par celui de leurs amants, La Bruyère, ib. Tout hors d'haleine enfin il entre aux Tuileries, Cherchant partout matière à ses galanteries, Regnard, Sat. contre les maris. Dans ces troubles, Théodora, mère de Marozie et d'une autre Théodora, toutes trois célèbres par leurs galanteries, avait à Rome la principale autorité, Voltaire, Mœurs, 35. Un peuple [les Romains] dont le sénat se piqua quelquefois d'humanité, et dont ce même sénat immola aux dieux deux Grecs et deux Gauloises pour expier la galanterie d'une de ses vestales, Voltaire, Aux aut. gaz. littér.
  • 5Il se dit des petits présents qu'on se fait dans la société. Il m'a fait une jolie galanterie. Moi qui donnerais tout ce que j'ai au monde et que vous eussiez fait pour moi une galanterie comme celle-là [don d'un bracelet], Voiture, Lett. 23.

    Fig. N'a-t-il pas ceux qui se font les plus grandes amitiés du monde, et qui, le dos tourné, font galanterie de se déchirer l'un l'autre ? Molière, Impr. 3.

  • 6Pièce galante en vers ou en prose. Pour commencer par la manière indigne dont vos auteurs parlent des choses saintes, soit dans leurs railleries, soit dans leurs galanteries, soit dans leurs discours sérieux…, Pascal, Prov. 11.
  • 7Action suspecte, même blâmable et qu'on déguise, par euphémisme, sous le nom de galanterie. La galanterie est un peu forte. J'ai sans doute reçu du ciel un génie assez beau pour toutes les fabriques de ces gentillesses d'esprit, de ces galanteries ingénieuses à qui le vulgaire ignorant donne le nom de fourberies, Molière, Scapin, I, 2. Je sais me démêler prudemment de toutes les galanteries qui sentent tant soit peu l'échelle, Molière, Avar. II, 1.
  • 8Maladie secrète. Donner, attraper une galanterie. Il en est de même de la galanterie, qui signifie tantôt coquetterie dans l'esprit, paroles flatteuses, tantôt présent de petits bijoux, tantôt intrigue avec une femme ou plusieurs ; et même depuis peu il a signifié ironiquement faveurs de Vénus, Voltaire, Dict. phil. Galant.

HISTORIQUE

XVIe s. Les autres rois, quand on leur rapportoit ces galanteries [plaisanteries], ne s'en faisoient que rire, hors mis Lysimachus seul qui s'en courrouceoit, Amyot, Démétr. 31. …La plus part de ses galanteries [actes de vaillance] pour donner moien à ceux de la ville d'emmener le reste de leurs vendanges, D'Aubigné, Hist. II, 36. En un de ces moulins un soldat seul enfermé composa à la vie pour lui et toute sa trouppe, et fut sauvé par sa galantise [bravoure], D'Aubigné, ib.

ÉTYMOLOGIE

Galant.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

GALANTERIE. Ajoutez : - REM. Galanterie s'est dit pour objet de toilette, modes, etc. Un présent de galanterie de senteurs qui devait être offert à la comtesse de Castlemaine, Lett. etc. de Colbert, VI, 276. On y fait [à Berlin] beaucoup d'ouvrages d'acier, des glaces de miroir, plusieurs sortes de galanteries, P. Giraudeau, la Banque rendue facile, p. 391. Elle [la ville de Paris] a cependant plusieurs manufactures et fabriques : telles sont… celle des chapeaux de castor et autres, la galanterie ou les modes, la bijouterie…, ID. ib. p. 391.