« connaître », définition dans le dictionnaire Littré

connaître

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

connaître

(ko-nê-tr'), je connais, tu connais, il connaît, nous connaissons ; je connaissais ; je connus, nous connûmes ; je connaîtrai ; connais, connaissons ; que je connaisse, que nous connaissions ; que je connusse, que nous connussions ; connaissant ; connu v. a.
  • 1Savoir ce qu'est une personne ou une chose. Le loup qui la connaît, malin et défiant, Régnier, Sat. III. Si vous m'aviez connu, vous l'auriez su prévoir, Corneille, Sertor. V, 6. Après qu'on eut bien contesté, Répliqué, crié, tempêté, Le juge, instruit de leur malice, Leur dit : Je vous connais de longtemps, mes amis, La Fontaine, Fab. II, 3. Elle confesse humblement que, de ce jour seulement, elle commence à connaître Dieu, n'appelant pas le connaître que de regarder encore tant soit peu le monde, Bossuet, Duch. d'Orl. Heureuse de connaître et d'aimer celui qui se connaît et s'aime éternellement [Dieu], l'âme a voulu, comme lui, faire elle-même sa félicité, Bossuet, la Vallière. … Pour un enfant qu'ils ne connaissent pas, Racine, Athal. III, 3. Nourri dans le sérail, j'en connais les détours, Racine, Baj. IV, 7. Ne connaissez-vous pas la voix de votre époux ? Racine, Esth. II, 7. Si, dès mes premiers ans, heurtant tous les mortels, L'encre a toujours pour moi coulé sur tes autels [de la chicane], Daigne encor me connaître en ma saison dernière, Boileau, Lutr. V. Je lui dirais bientôt : je connais tous vos pères, Je sais qu'ils ont brillé dans ce fameux combat Où sous l'un des Valois Enghien sauva l'État, Boileau, Sat. X. Je ne le connais plus que pour votre assassin, Racine, Iph. III, 6. Il devait me connaître, Il devait respecter un cœur tel que le mien, Voltaire, Tancr. IV, 5. Un vieux conteur de voyage, Qui vous dit d'un air ingénu Ce qu'on n'a ni vu ni connu, Voltaire, Goût.

    Se faire connaître, dire son nom, dire qui on est. Si le mari ne s'était fait connaître, Elle en allait enfiler encor plus, La Fontaine, Mari confess. La première fois que je vis M. Rebours, je me fis connaître à lui… je lui demandai permission de le revoir de temps en temps, Pascal, Lettre à sa sœur, 26 janv. 1648.

    Se faire connaître, appeler sur soi l'attention, montrer de quoi l'on est capable. Mes pareils à deux fois ne se font point connaître Et pour leurs coups d'essai veulent des coups de maître, Corneille, Cid, II, 2.

    Se faire connaître, venir à la connaissance, en parlant des choses. Mais si la vérité par toi se fait connaître, Voltaire, Zaïre, V, 10.

    Ne vouloir pas être connu, garder l'incognito.

    Familièrement. Ne connaître ni Dieu, ni diable, n'avoir point de religion.

    Absolument. Ô âme, vous connaissez et vous aimez, c'est là ce que vous avez de plus essentiel, et c'est par là que vous ressemblez à votre auteur, qui n'est que connaissance et qu'amour, Bossuet, la Vallière.

  • 2Avoir des relations d'affaires ou de société avec quelqu'un. Connaissez-vous beaucoup de monde en cette ville ?

    Familièrement. Je ne le connais ni d'Ève ni d'Adam, je ne le connais aucunement.

    Je ne connais autre, c'est l'homme que je connais le plus.

    Ne plus connaître quelqu'un, ne plus vouloir l'aborder ou en être abordé. Il ne me connaît plus depuis que je suis dans l'adversité. Albe vous a nommé, je ne vous connais plus. - Je vous connais encore, et c'est ce qui me tue, Corneille, Hor. II, 3.

  • 3 Terme de l'Écriture. Connaître une femme, avoir avec elle un commerce charnel. Joseph n'avait point connu Marie quand elle enfanta son fils premier-né, Nouveau Test. St Matthieu, ch. I. Nicoclès faisait gloire de n'avoir jamais connu d'autre femme que la sienne pendant tout le temps de son règne, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. V, p. 456, dans POUGENS. Adam connut sa femme ève, qui conçut et enfanta Caïn, Voltaire, Phil. IV, 21.

    On dit aussi connaître charnellement.

  • 4Savoir, avoir appris, s'apercevoir. Je n'ai pas connu cet accident. Vous connaissez mon malheur, mes peines. Surpris de cette réponse, je connus bien que…, Pascal, Prov. 1. J'ai connu que notre nature…, Pascal, dans COUSIN. Ils connaissent que la gloire ne peut s'accorder qu'avec le mérite, Bossuet, Hist. Préf. Les pilotes connaissaient que l'île était inaccessible, Fénelon, Tél. VII. Je connais que ces mages sont très utiles, Voltaire, Babouc.
  • 5Être devenu habile en. Il connaît les mathématiques, le grec, le latin. Il connaît toutes les ruses du métier. C'est un homme qui connaît bien la guerre. Je ne parle point de ce que je ne connais pas. Racine, c'est-à-dire l'homme qui après Virgile, a le mieux connu l'art des vers, Voltaire, Mariamne, préface.

    Familièrement. C'est un homme qui ne connaît rien, c'est un ignorant, il est étranger à tout.

    Absolument. S'instruire, s'éclairer. Le désir de connaître.

    Terme de manége. Connaître les éperons, les jambes, la bride, etc. se dit d'un cheval qui comprend les divers mouvements de son cavalier.

  • 6Discerner. Connaître le bien et le mal. Il ne connaît pas sa main droite de sa main gauche. À connaître un pourpoint d'avec un haut-de-chausse, Molière, Femmes sav. II, 7.

    Fig. Le fer ne connaîtra ni le sexe ni l'âge, Racine, Esth. I, 3.

  • 7Distinguer, reconnaître. Il me connut à la voix. Je ne l'ai vu qu'une fois, mais je le connaîtrais entre mille. Le chien connaît bien son maître. Si c'était lui-même, il pourrait me connaître, Corneille, le Menteur, III, 3.

    Absolument. Votre enfant embellit ; elle rit, elle connaît, Sévigné, 21.

    Fig. Je ne le connais plus, ce n'est plus le même homme. Vous avez fait d'Idoménée le plus sage des rois, je ne le connais plus ni lui ni son peuple, Fénelon, Tél. XXII. Ami, depuis deux jours je ne la connais plus, Racine, Athal. III, 3.

  • 8Apprécier, juger. Je vous connaissais mal, Corneille, Rodog. II, 2. J'ai mal connu César…, Corneille, Pomp. IV, 1. Mon bras… Ingrat, va me punir de t'avoir mal connu, Voltaire, Brutus, IV, 3. J'ai mal connu les dieux ; j'ai mal connu les hommes, J'en attendais justice, ils la refusent tous, Voltaire, Mérope, II, 3.

    Connaître son monde, bien juger les gens à qui l'on a affaire.

  • 9Admettre. Ils ne connaissent de bonheur que dans la vertu. Mais ici mon pouvoir ne connaît pas le sien, Racine, Mithr. I, 1.
  • 10Ressentir, être sujet à. On ne connaît point l'hiver à la Martinique. Au sortir du berceau, j'ai connu les revers, Voltaire, Tancr. I, 4. Antoine, tu le sais, ne connaît point l'envie, Voltaire, Mort de Cés. I, 1. Les dieux qui vengent le parjure, Sont témoins si ma bouche a connu l'imposture, Voltaire, Mérope, III, 4.
  • 11Se soumettre. L'Angleterre ne connaît point la loi salique. Une armée romaine ne connaissait que la discipline. Il connaîtra des supérieurs. Je ne connais de maître que vous. Une liberté qui ne connaît aucune règle, Bossuet, Pensées, 33.

    Il ne connaît plus rien, sa passion l'emporte. Quand il s'agit de ses intérêts, il ne connaît ni parents ni amis, il n'a pas plus de considération pour eux que s'ils lui étaient étrangers.

  • 12Ne connaître que, ne considérer que, tenir exclusivement à. Ne connaître que son devoir, que la règle. Ne connaître que ses intérêts. Je ne connais qu'une chose, c'est d'agir franchement.

    Familièrement. Je ne connais que cela, c'est la seule chose à faire. Il faut que vous obéissiez, je ne connais que cela.

  • 13 V. n. Terme de procédure. Connaître de, avoir caractère pour juger ou faire des actes d'instruction en certaines causes. Ce tribunal, ce juge connaît des matières civiles, criminelles. Le roi voulut connaître de l'affaire, Vaugelas, Q. C. liv. X, dans RICHELET. Quelque bruit que fît le nonce d'abord, de ce qu'on ne prenait pas des ecclésiastiques pour connaître d'une matière ecclésiastique, Pascal, Prov. XIX, Lettre d'un avocat à un de ses amis. Ils obtinrent un arrêt du conseil, qui défendit au parlement de connaître de cette affaire, Pascal, ib. Le préteur qui connaissait des crimes dont on l'accusait [Pison], Perrot D'Ablancourt, Tac. 123.

    Par extension. S'il s'agit enfin d'un point de fait, nous en croirons les sens, auxquels il appartient naturellement d'en connaître, Pascal, Prov. 18. L'autorité y est inutile ; la raison seule a lieu d'en connaître, Pascal, Vide.

  • 14Se connaître, v. réfl. Savoir qui on est. De tous trois ce désordre en un jour me fait naître Pour me faire mourir enfin sans me connaître, Corneille, Héracl. V, 6. De grâce, dites-moi, vous connaissez-vous bien ? Corneille, D. Sanche, IV, 3. Vos destins sont comblés, vous allez vous connaître, Voltaire, Œdipe, III, 4.

    Fig. … Si jeune encor se connaît-il lui-même ? D'un regard enchanteur connaît-il le poison ? Racine, Brit. II, 2.

  • 15Se connaître, avoir la connaissance de ce qu'on est, de ses penchants, de ses forces. Connais-toi toi-même. Sous lui [Louis XIV] la France apprit à se connaître ; elle se trouve des forces que les siècles précédents ne savaient pas, Bossuet, Marie-Thér. Je crains de me connaître en l'état où je suis ; De tout ce que tu vois, tâche de ne rien croire ; Crois que je n'aime plus ; vante-moi ma victoire, Racine, Andr. II, 1. Je ne me suis connu qu'au bout de ma carrière, Voltaire, Alz. V, 7.

    Ce malade ne se connaît plus, il n'a plus sa connaissance.

    Ne plus se connaître, être hors de soi, s'abandonner sans frein à son emportement. Guide-moi, Dieu puissant, je ne me connais pas, Voltaire, Zaïre, V, 10. Alors cette femme ne se connaît plus ; elle se répand en invectives, en menaces, Diderot, Ess. s. Claude.

    Ne pas se connaître, méconnaître sa condition, élever trop haut ses visées. Martian se connaîtrait si peu Que d'oser…, Corneille, Othon, IV, 1.

  • 16Se connaître, être de connaissance, être lié. Ils se connaissent l'un l'autre depuis longtemps.

    Fig. Adieu, monde fuyant, nature, humanité, Vaine forme de l'être, ombre d'un météore, Nous nous connaissons trop pour nous tromper encore, Lamartine, Harm. IV, 11.

  • 17Se connaître à ou en, pouvoir bien juger d'une matière. Il se connaît en livres, en tableaux. Je vois bien que je ne me connais guère en péché, Pascal, Prov. 9. Je ne me connais pas trop mal en amitié, Sévigné, 3. … Je suis quelque peu du métier, à me devoir connaître en un pareil gibier, Molière, l'Étour. III, 2. Jupiter qui sans doute en plaisirs se connaît, Molière, Prol. Amph. Ceux qui se connaissent en hommes, Fénelon, Tél. XXII. Les femmes se connaissent plus finement à bien faire les choses, parce que l'avantage de plaire leur est naturel, Le Chevalier de Méré, dans RICHELET. La suite des paroles de M. Jurieu fera bien voir qu'il ne se connaît pas mieux en morale qu'en christianisme, Bossuet, Variations, X. Le héros [de la satire de Boileau sur la noblesse] était bien choisi et par sa naissance et par sa réputation de se connaître en vers, et par son inclination à favoriser le mérite, Fontenelle, Dangeau. Moi, j'en crois ceux qui s'y connaissent, Les anciens préjugés renaissent, Béranger, Vieux habits.
  • 18En parlant des choses, être jugé, apprécié. L'arbre se connaît à ses fruits.

    Impersonnellement, il se connaît, on connaît, on voit. Que sa façon est brave et sa mine assurée ! Qu'elle a fait richement son armure étoffer ! Et qu'il se connaît bien, à la voir si parée, Que tu vas triompher ! Malherbe, II, 12.

REMARQUE

Se connaître à, pour dire être habile dans, ne peut s'expliquer par connaître soi-même. C'est une locution qui a une autre explication ; connaître est ici verbe neutre, signifiant être habile, entendu, et le pronom réfléchi y est joint comme dans plusieurs verbes neutres. Voy. au mot APERCEVOIR, Remarque 1, où cela est expliqué. On trouve des exemples de se connaître à dès le XIIIe siècle.

HISTORIQUE

XIe s. Si home occit altre et il seit conusaunt…, Lois de Guill. 8. N'est hom qui l'veit et conuistre le sait, Qui ce ne die, Ch. de Rol. XXXIX. Au fier visage [il] le connut veirement, ib. CXXIII. [Je] bien le conuis, gueredon [je] vous en dei, ib. CCXLVIII. L'un conuist l'autre as hautes voiz et claires, ib. CCLX. De vasselage te conoissent ti pair, ib. CCLXXXVI.

XIIe s. Bien conoisez quels est ses fier talens, Ronc. p. 35. Bien le conuit Rolant li niés [neveu] Charlon As garniments qu'il ot et au dragon, ib. p. 47. En tant estor as esté coneüz, ib. p. 75. De pitié plore li vassaus coneüz [renommé], ib. p. 81. Et dit au roi : cist cors [ce cor] est conoissanz [se fait connaître], ib. p. 84. Ne coneit il negun home charnel, ib. p. 91. S'il ce conoit [avoue] que ci [je] vous oi [ouïs] conter, ib. p. 180. Connissiez [connaissez] donc la folie, Couci, III. Ele voit bien et conoist et entent Qu'il n'en est plus qui si aimt [aime] leaument, ib. V. Et bien [je] connoiz que [je] n'i puis avenir [arriver], ib. VIII. Dont li torz est conneüs et prouvés, ib. XI. Tel blasme amors qui en toute sa vie Leal amor ne bonne ne connut, Quesnes, Romancero, p. 86. Du servir est drois ; Maintenir le devons ; ce [je] tesmoign et connois, Sax. XVIII. … Habraam à qui Deus comanda Que de sa terre eissist ; e li bers s'en ala, Guerpi ses conissanz, sa feme od sei mena, Th. le mart. 65.

XIIIe s. Mais, espoir [sans doute], ce m'a grevé Qu'on ne connoit boin servise Tant qu'on ait autre esprouvé, Aub. de Sezanne, Romancero, p. 127. N'est nus [nul] qui la connoisse, qui forment ne la prise, Berte, VI. Et peut on clairement connoistre leur afaire, ib. LXIX. [Je] bien sai que par mes piés conneües [nous] serons, ib. LXXVII. À ce qu'il a oy (oy avec un y bref), [il] connoist la tricherie, ib. X. La traïson [elle] connoist [avoue], tout ainsi faitement Comme elle l'arréa, ib. XCV. Ele m'a conneü [avoué] qu'ele est Berte apelée, ib. CXV. Vous ne me cognoissiez ? je sui le roi Pepin, ib. CXX. Tantost [elle] connut [reconnut] sa mere, as piés lui est alée, ib. CXXVI. Li rois regarde et vit Blondiel et pensa coment il se feroit à lui conoistre, Chr. de Rains, p. 55. Ceus qui connoissent [avouent] aussi bien come ceus qui nient, Liv. des mét. p. 13. L'en ne doit pas metre fil ne coton avecques soie, pour ce que c'est decevance à ceus qui ne s'i connoissent, ib. 193. À ce sunt cil bien cognoissant Qui vont les dames traïssant, la Rose, 2563. Et se tu es bien congnoissans, Et vois que Diex est tous poissans, ib. 6331. Je me fais apeler oiseuse, Dist-ele, à tous mes congnoissans ; Si sui riche fame et poissans, ib. 583. Acoustumance est trop poissans ; Et se bien la sui congnoissans, Mainte chose desplet novele Qui par acoustumance est bele, ib. 7178. Je vos connois bien [je reconnais] qu'il a cinq ans que je voz convenenchai à asseïr dix livrées de terre sor mon heritage, Beaumanoir, IX, 7. L'uitisme vertu [du bailli] si est que il soit très bien connissans, Beaumanoir, IX, 23. Vous gardez que vous ne faites ne ne dites rien à vostre escient nulle riens, que se tout le monde le savoit, que vous ne peussiez congnoistre, Joinville, 194. Il [Dieu] conoist miauz [mieux] les gens que il ne se connoissent, Merlin, f° 71, recto. Maistres, qu'est che chi qui me lieve ? Vous connissiez vous en cest mal ? Théâtre français, p. 62. Sires, fait ele, or m'esbahis De ce qu'ainçois ne vos connui, Je vos en ai fait grant ennui ; Je me tieng ore molt por fole ; Or vous connois à la parole, Fabliaux mss. p. 365, dans LACURNE.

XIVe s. Et pour ce quierent ilz et desirent ilz estre honerez des saiges et entre ceulx de qui il sont congneuz et en bien et en vertu, Oresme, Eth. V, 9. Et vous devez faire semblant devant vos gens que vous y congnoissiez et que vous l'avez à cuer, Ménagier, II, 3.

XVe s. Et ne trouvoit on medecin qui se connust en sa maladie, Froissart, III, IV, 82. Lesquels ils ne vouloient mie connoistre [faire connaître] à ceux qui leur en demandoient, Froissart, I, I, 63. Je ne me connois mais à l'estat de France, Froissart, II, II, 229. Le roi d'Angleterre, qui ouït et entendit messire Godefroy parler, connut assez qu'il disoit verité, Froissart, I, I, 272. Et s'ils [les princes] le [un sage homme] connoissent, si ne leur en chaut-il, et departent leur auctorité à ceulx qui plus leur sont agreables, Commines, I, 12. Un legat du pape envoyé pour pacifier et pour congnoistre du different de l'evesque et du peuple, Commines, II, 10. … Et print suspection, le regarda au visage et le congneut [reconnut], Commines, IV, 1. Comment le roy estoit allé en Bourbonnoys, congnoissant que tous les seigneurs du royaulme se declairoient contre luy…, Commines, I, 2. Il faut que ayez homme qui se congnoisse bien en chevaulx, Jehan de Saintré, ch. 15.

XVIe s. Compte de tes cognoissants [connaissances] combien il en est mort, Montaigne, I, 73. Il avoit cogneu longtemps un marchand à Toulouse, Montaigne, I, 100. Je me cognois assez aux ouvrages d'aultruy, Montaigne, III, 34. Ceste prophetie luy defendoit de toucher et cognoistre femme, qu'il ne fust de retour à Athenes, Amyot, Thés. 4. Il les mesla parmy les autres filles, sans que personne y cogneust rien, Amyot, ib. 27. Il donna aux nobles la charge de cognoistre des choses appartenantes au faict de la religion, Amyot, ib. 29. Ilz l'avoient envoyé querir pour cognoistre, composer et pacifier leurs differents, Amyot, Pélop. 48.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, kinohe ; namurois, conoche, conèche ; rouchi, conoitre ; Berry, conneûtre, couneûtre ; bourguig. cônay, connaître, queneussu, connu ; provenç. conoscer, conoiscer, conoisser ; catal. conexer ; espagn. conocer ; portug. conhecer ; ital. conoscere ; du latin cognoscere, de cum, et gnoscere, connaître (voy. GNOSE). Le participe coneü dans l'ancien français suppose un suffixe bas-latin ūtus, cogne-utus, italien conosci-uto, attendu que dans coneü (dont connu est une contraction), eü représente deux syllabes. Palsgrave, p. 61, qui écrit je cognois, dit qu'on prononce conoi. L'orthographe de Voltaire appliquée à ce verbe ne permet plus de reconnaître pourquoi il y a un u dans je connus (cognovi), et elle brise les relations avec les mots de même origine : notion, notoire, etc.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CONNAÎTRE. - REM. Ajoutez :

2. Au XVIe s. cognoistre se prononçait conoistre, le g ne se faisant pas sentir (voy. LIVET, la Gramm. franç. p. 168).