« avilir », définition dans le dictionnaire Littré
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avilir
- 1Rendre vil.
Il avilit son rang… Tous auraient brigué l'honneur de l'avilir ; Dans une longue enfance ils l'auraient fait vieillir
, Racine, Brit. I, 2. - 2 Terme de commerce. Déprécier. L'encombrement sur le marché avilit les marchandises.
- 3S'avilir, v. réfl. Se rendre méprisable.
La vertu s'avilit à se justifier
, Voltaire, Œdipe, II, 4.On peut, sans s'avilir, S'abaisser sous les dieux, les craindre et les servir
, Voltaire, Sémir. II, 7.Moi, jaloux ! qu'à ce point ma fierté s'avilisse !
Voltaire, Zaïre, I, 5. - 4Perdre sa valeur.
Et qu'on ne dise pas que je répands ici de fausses terreurs, que les billets de la caisse d'escompte ne s'avilissent point
, Mirabeau, Collection, t. II, p. 402.Fig.
Saint Augustin dit que ces merveilles [de l'univers] se sont avilies par leur répétition
, Fénelon, Exist. 3.
HISTORIQUE
XIIe s. N'avile mie par lui ses parentez
, Ronc. p. 143. Quant les vit tuz ensemble entur lui arengiez, Mult fort les esguarda ; si lur dist tut iriez : Ne fu mais par les suens nulz hum si avilliez
, Th. le mart. 34.
XIIIe s. Et que Fortune ainsinc le face, Que les bons avile et efface, Et les mauvès en honor tiengne…
, la Rose, 6200. Sachiés, vous vous en avilés, Car ge n'ai mie encor apris Qu'il ait vers vous de riens mespris
, ib. 3272. Par quoi trop malement s'avile La maleürée, la lasse
, ib. 9086. Et aussi se les denrées sunt avillies
, Beaumanoir, XLIV, 21. Si le devroit cascuns en son cuer despire et avillier
, Beaumanoir, XI, 26. Sa vie, qui pas ne l'aville, Dist que dame fu de Teringe
, Rutebeuf, II, 157.
XVe s. Le fait d'amour est avilé ; Car Pitié y est endormie
, Orléans, Rond. de Vaillant. Me adville je bien, quant je te doigne [daigne] tenir ne apeler à mon escot
, Du Cange, avillare.
XVIe s. Que si aucuns pensent que la reprise de leurs mestiers delaissez les avilisse, qu'ils aillent servir les gentils-hommes
, Lanoue, 185. Voyant la chose ainsi avilée, moquée et deshonorée
, Amyot, Arist. 18. Maudissant ceulx qui les premiers s'estoient ainsi abbaissez et avilez que d'aller faire la cour aux barbares
, Amyot, Lys. 10. Dont la debite est d'autant plus avilée, que moins l'on tire d'argent des choses legeres que des pesantes se vendans au poids
, De Serres, 681.
ÉTYMOLOGIE
À et vil ; provenç. avilir, avilsir, aveuzir, avilar ; espagn. avilar ; ital. avvilire, avvilare. L'ancien français n'avait que aviller ; c'est au XVIe siècle que avilir entre en usage.