« avare », définition dans le dictionnaire Littré
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avare
- 1Qui a un désir excessif d'accumuler.
Le plus avare homme du monde ne fut jamais si aise que l'on lui fît du bien que je l'ai été de celui que je viens de recevoir de V. M.
Voiture, Lett. 178.Et quand il n'y aurait qu'un vers heureux à se voler à soi-même, il ne faut rien négliger : les vieillards sont un peu avares
, Voltaire, Lett. à d'Argental, 27 oct. 1760.Il ne faut ni vigueur, ni jeunesse, ni santé pour être avare
, La Bruyère, 11.Tu céderas ou tu tomberas sous ce vainqueur, Alger, riche des dépouilles de la chrétienté ; tu disais en ton cœur avare : je tiens la mer sous mes lois, et les nations sont ma proie
, Bossuet, Marie-Thér.Son naturel… Le fit, dans une avare et sordide famille, Chercher un monstre affreux sous le nom d'une fille
, Boileau, Sat. X.Fig.
Quoi que le sort te donne, il t'est encore avare, Si…
, Rotrou, Bélis. III, 7.En vain vous espérez qu'un dieu vous le renvoie ; Et l'avare Achéron ne lâche pas sa proie
, Racine, Phèd. II, 5.Il y a grande disette d'eau par toute cette contrée, et le ciel lui est aussi avare que la terre
, Vaugelas, Q. C. 231.Et tout ce que des mains de cette reine avare Vous avez pu sauver et de riche et de rare
, Racine, Athal. IV, 2. - 2Avare de, qui n'accorde pas, qui ne prodigue pas. Il est avare de son temps.
Marius de leur sang eût été moins avare
, Voltaire, M. de Cés. I, 4.Je me plains seulement de ce pays barbare Qui de six pieds de terre à son prince est avare
, Rotrou, Antig. IV, 3.Le bras qui la versait [la grâce] en devient plus avare
, Corneille, Poly. I, 1.Avare du secours que j'attends de tes soins
, Racine, Phèd. IV, 2.Pour qui la nature semble avare de ses richesses
, Hamilton, Gramm. 7. - 3 Substantivement. Un vieil avare. Une avare parfaite.
Un avare idolâtre et fou de son argent, Rencontrant la misère au sein de l'abondance
, Boileau, Sat. IV.Ici près de l'ingrat Se cachent l'imposteur, l'avare, l'homicide
, Gilbert, Jug. dernier.
SYNONYME
AVARE, AVARICIEUX. L'avare est celui qui est en proie à l'avarice, et dont toute la conduite est dirigée par cette passion. L'avaricieux est celui qui commet actuellement des actes d'avarice. Celui qui manque à donner dans l'occasion, ou qui donne trop peu, s'attire le nom d'avaricieux.
HISTORIQUE
XIIe s. Mais or sont-il eschar, chiche et aver
, Quesnes, Romancero, p. 87.
XIIIe s. Berte la debonnaire, qui n'eut pensée avere
, Berte, III. De moi faire assoufrir [elle] n'a point esté avere
, ib. XLIV. Vers poure gent n'estiez n'escharse ne avere
, ib. XCVIII. Car hons avers ne puet conquerre Ne seignorie, ne grant terre ; Car il n'a pas d'amis plenté [quantité], Dont il face sa volenté
, la Rose, 1157.
XVe s. Aies gens hardis et preux… Non pas avers, convoiteux, Qui ne veulent qu'acquerir
, Deschamps, Le lai du roi. Traveillez sont de tant aler ; Si prie Dieu devotement, Qui les conduise à sauvement ; Car ilz n'ont mie estez avers
, Le jeu des 3 rois.
XVIe s. Et lors, courant folatrement par les vergers, faisoient un avare butin des fleurs [en cueillaient à force]
, Yver, p. 523. Car ta main seule invinciblement forte Peult des enfers briser l'avare porte
, Du Bellay, J. III, 92, recto.
ÉTYMOLOGIE
Picard, aver ; provenç. avar ; espagn. et ital. avaro ; de avarus, de avere, désirer.