« requérir », définition dans le dictionnaire Littré

requérir

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

requérir

(re-ké-rir) v. a.

Il se conjugue comme acquérir.

  • 1Querir une seconde fois. En ce sens il n'est usité qu'à l'infinitif. Allez le requérir.

    Il se dit simplement pour querir. Va, va vite requérir mon fils, Molière, Scap. II, 11.

  • 2Prier de quelque chose. Le duc, pour récompense, a requis cette grâce, Rotrou, Vencesl. V, 9. Une belle me voit, je suis requis d'amour, Regnard, Démocr. II, 8. Après la messe, on venait souvent le requérir de quelque bon office, Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virg.

    Plus souvent, sommer. Je vous prie, et, au besoin, je vous requiers de faire telle chose. Le roi George écrit incontinent en Hollande ; il requiert que, suivant les traités qui lient l'Angleterre et les états généraux à leur sûreté commune, le baron de Gortz soit arrêté, Voltaire, Russie, II, 8.

  • 3Réclamer. Requérir la force publique. Réquérir n'est pas seulement demander, mais demander en vertu d'un droit qu'on a d'obtenir, Rousseau, Lett. de la Montagne, 7, note 47.
  • 4 Terme de palais. Demander en justice. Soit fait ainsi qu'il est requis. Requérir l'application de la loi. Le procureur général Bourdin requit qu'on donnât la même somme [cinquante mille écus] à quiconque l'assassinerait [l'amiral de Coligny], et que, quand même l'assassin serait coupable de lèse-majesté, on lui promît sa grâce, Voltaire, Hist. parl. XXVIII. Quatre conseillers le pressaient [l'avocat général Séguier] continuellement de requérir qu'on brûlât l'Histoire du parlement, Voltaire, Lett. Mme de St-Julien, 22 janv. 1772.

    Absolument. Ouï sur ce et requérant le procureur général. Il requiert pour l'empereur. Maître Omer le prendra-t-il sous sa protection [un prêtre qui avait volé] ? requerra-t-il en sa faveur ? Voltaire, Lett. d'Argental, 31 déc. 1760.

    Requérir un bénéfice, se disait de celui qui se présentait au collateur pour être pourvu d'un bénéfice vacant, sur lequel il avait droit en vertu de ses grades, ou d'un indult, ou du serment de fidélité.

  • 5 Fig. Demander, exiger, avec un nom de chose pour sujet. Selon que le requiert ou l'âge ou la santé, Régnier, Sat. II. Il le combla de promesses, autant que la nécessité présente le requérait, Vaugelas, Q. C. V, 4. Diviser chacune des difficultés que j'examinerais, en autant de parcelles qu'il se pourrait et qu'il serait requis pour les mieux résoudre, Descartes, Méth. II, 8. J'expérimentais qu'elles [les choses extérieures] se présentaient sans que mon consentement y fût repuis, Descartes, Médit. VI, 5. La persévérance en la foi est requise à salut, Bossuet, Var. 14.

REMARQUE

L'ancien infinitif était requerre. Il dit : ouvrez ; faut-il tant vous requerre ? La Fontaine, Ball. des Augustins.

HISTORIQUE

XIe s. L'uns requiert [attaque] l'altre, Ch. de Rol. CCLXXXIV.

XIIe s. Biauz sire Diex, conment porrai avoir Vraie merci que tant aurai requise ? Couci, XVII. Il vous a du chevage la costume reqise, Sax. XXIII. Metez enz vostre espée, jugement ensivez ; Tuit vus en requerum…, Th. le mart. 84. Pur ço jo, tun serf, ai pris alches [un peu] de hardement, que jo te requerge e face ceste ureisun, Rois, 146.

XIIIe s. Là requistrent le marchis Boniface qu'il preist la crois, Villehardouin, XXVII. Sire, un don [je] vous requier à ceste mainée, Berte, XVI. Courant par la forest et requerant sa gent, ib. CX. Et prisent [prirent] un jour entr'aus, que Salehedin venroit devant Acre à tout s'ost, et ne monsteroit [montrerait] mie toute sa gent, et feroit requerre au roi Guion bataille, Ch. de Rains, p. 23. Si [Pieres] requeroit que lidis Jehan ostast se [sa] saizine de son fief, et qu'il i fut prononcié par droit, Beaumanoir, II, 21. Et par cel jugement pot on veir c'on pot bien perdre par delaier à requerre son droit, Beaumanoir, IX, 7. Nous voulons que il en soient punis en leur biens et en leur persones, se le meffet le requiert, Joinville, 291.

XIVe s. À les entendre, il y convient cognoissance et estude, et à ce est requis lour temps, Oresme, Eth. 198.

XVe s. Tout à pied et de bonne ordonnance, il s'en vint avec ses gens requerre [attaquer] ses ennemis, qui se tenoient moult serrés, leurs lances retaillées de cinq pieds par devant eux, Froissart, I, I, 328. Le roi… requeroit audit duc Phelippe, que ledit messire… lui fust envoyé prisonnier, Commines, I, 1. Autant estimé et requis de ses voisins que nul prince qui fust en chrestienté, Commines, V, 9.

XVIe s. Et quant à moy, qui de ce te requiers, Je te promets n'estre point des derniers à te louer, Marot, I, 318. Celle gravité, celle froideur et doulceur tempérée par le jugement de bonne doctrine et de raison, qui est necessairement requise à un gouverneur d'estat politique, Amyot, Cor. 20. Il remparea le chasteau, et le prouveut de munitions requises, Rabelais, Garg. I, 28. Ma vieillesse ne requeroyt doresenavant que repous, Rabelais, ib. Nous ne requerons pas beaucoup de science aux femmes, Montaigne, I, 148. Le foie est la partie la plus requise de la beste, De Serres, 373. …Comme il les faut quester [les bestes], requerir et donner aux chiens, De Serres, 994.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, rikoiri ; provenç. requerer, requerir, requerre ; catal. requirir ; espagn. requerir ; portug. requerer ; ital. richiedere ; du lat. requirere, de re, et quaerere (voy. QUERIR).