« race », définition dans le dictionnaire Littré
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race
- 1Tous ceux qui viennent d'une même famille.
Nous ne regardions point à la race, nous ne regardions qu'au mérite
, Francion, liv. VI, p. 221.Le trône où je me sieds n'est pas un bien de race
, Corneille, Héracl. I, 2.Le règne éternel de la race de David
, Pascal, Pens. XXV, 161, éd. HAVET.Toute sa race [du cardinal de Retz] a de l'esprit, et lui plus que tous
, Sévigné, 18 sept. 1676.Les gentils ouvrent les yeux et s'unissant en esprit aux juifs convertis, ils entrent par ce moyen dans la race d'Abraham, et, devenus ses enfants par la foi, ils héritent des promesses qui lui avaient été faites
, Bossuet, Hist. II, 7.Les enfants de Clovis n'ayant pas marché dans les voies que saint Remi leur avait prescrites, Dieu suscita une autre race pour régner en France
, Bossuet, Polit. VII, VI, 14.Hé bien, je m'adoucis ; votre race est connue, Depuis quand ? répondez. - Depuis mille ans entiers
, Boileau, Sat. v.Tout l'espoir de sa race en lui seul renfermé
, Racine, Athal. IV, 5.Mais sans cesse occupé des grands noms de ma race
, Racine, Bajaz. II, 5.Ô désespoir ! ô crime ! ô déplorable race !
Racine, Phèdre, I, 3.Et vous… Vous périrez peut-être et toute votre race
, Racine, Esth. I, 3.Ils n'ont ni aïeux ni descendants ; ils composent seuls toute leur race
, La Bruyère, II.De toute la race de Henri IV, Philippe d'Orléans fut celui qui lui ressembla le plus
, Voltaire, Louis XIV, 8.La race des anciens pirates danois qui régnait en Normandie et en Angleterre
, Voltaire, Mœurs, 50.Noblesse de race, se disait autrefois de celui à qui cette qualité avait été transmise, par opposition à celui qui s'était fait anoblir.
On a dit de même et en sens inverse : roture de race.
Les Suisses s'offensent d'être gentilshommes, et prouvent la roture de race pour être jugés dignes de grands emplois
, Pascal, Pens. V, 8.De notre race, dans notre famille.
Je crois que je ne vous perdrais pas pour cela… nous ne nous perdons point, de notre race ; nos liens s'allongent quelquefois, mais ils ne se rompent jamais
, Sévigné, 6 juil. 1670.Il se dit, dans l'histoire de France, des trois races royales qui ont successivement occupé le trône : la première race, ou Mérovingiens ; la deuxième race, ou Carlovingiens ; la troisième race, ou Capétiens.
Dans le commencement de la première race, on voit un nombre infini d'hommes libres, soit parmi les Francs, soit parmi les Romains
, Montesquieu, Esp. XXX, 11.Il [Cordemoi] a le premier débrouillé le chaos des deux premières races des rois de France
, Voltaire, Louis XIV, Écrivains.La race mortelle, la race humaine, les hommes en général.
Là sous des traits hideux s'offre la race humaine ; Plus forts sont les liens, et plus forte est la haine
, Delille, Pitié, II. - 2Extraction.
Une profonde nuit enveloppe sa race
, Racine, Athal. III, 4.Je vins ; mais je cachai ma race et mon pays
, Racine, Esth. I, 1.Rejetons dans une famille.
Comme nos citoyens de race désireux
, Régnier, Sat. II.Qu'il me retire d'ici, uniquement pour tirer race de moi
, Mirabeau, Lett. orig. t. III, p. 239.Il se dit aussi des animaux.
J'aimerais autant dire que des éléphants ont fait l'amour à des puces, et en ont eu de la race
, Voltaire, Memmius, III, 2. - 3Générations.
Ce culte se continuera toujours et passera de race en race parmi les enfants d'Israël
, Sacy, Bible, Exode, XXVII, 21.Voilà cette première race passée [l'archevêque d'Arles qui venait de mourir] ; nous irons après, mon cher comte
, Sévigné, 18 mars 1689.Comme il [le royaume d'Israël] s'était établi par la division, il fut souvent divisé contre lui-même… les familles royales les mieux établies virent à peine quatre ou cinq races
, Bossuet, Politique, IX, III, 6.J'ennoblis, en payant, d'opulents roturiers ; Je leur fais des aïeux de quinze ou seize races
, Boursault, Fabl. d'Ésope, III, 4.Poétiquement, la race future, les races futures, les hommes à naître. Que direz-vous, races futures.
Si quelquefois un vrai discours Vous récite les aventures De nos abominables jours ?
Malherbe, III, 4.Et ton nom paraîtra, dans la race future, Aux plus cruels tyrans une cruelle injure
, Racine, Brit. V, 6. - 4Il se prend quelquefois dans le sens de fils ou fille.
Race de mille rois, adorable princesse, Dont le puissant appui de faveurs m'a comblé
, Malherbe, IV, 4.Je te veux toujours voir, quoi que ta rage fasse, Craindre ton ennemi dedans ta propre race [ton propre fils]
, Corneille, Héracl. IV, 5.Adieu, prince, vivez, digne race des dieux
, Racine, Iph. V, 2. - 5Il se dit quelquefois d'une classe d'hommes se ressemblant ou par la profession, ou par les habitudes, ou par les inclinations ; en ce sens il a quelque chose d'ironique ou même d'injurieux. La race des poëtes. Les philosophes, race crédule. Ô imitateurs, race servile !
Familièrement, méchante race, méchante petite race, se dit à de petits enfants qu'on réprimande.
On dit de même au pluriel : Ce sont de méchantes races. Ces petites races font un bruit insupportable.
Race de vipères, expression qui, dans l'Écriture, s'adresse aux pharisiens, et que, dans le langage ordinaire, on applique à de méchantes gens.
Race se dit de même, dans le langage de l'Écriture, ou dans le langage élevé, des hommes frappés d'une réprobation.
Ô race incrédule et dépravée, jusqu'à quand serai-je avec vous ?
Sacy, Bible, Évang. St Luc, IX, 41.Pourquoi avez-vous marché dans mes voies d'un pas incertain ? race infidèle, me connaissez-vous à cette fois ?
Bossuet, Anne de Gonz.Dieu s'apprête à te joindre à la race parjure…
, Racine, Ath. III, 5. - 6 Terme de zoologie. Réunion d'individus appartenant à la même espèce, ayant une origine commune et des caractères semblables, transmissibles par voie de génération, ou, en d'autres termes, variété constante dans l'espèce.
En ce sens, il se dit des hommes. Les populations de race germanique. La race caucasienne. La race juive.
Il y a beaucoup plus de races d'hommes qu'on ne pense ; celle des Samoïèdes et des Hottentots paraissent les deux extrêmes de notre continent
, Voltaire, Russie, I, 1.La race des nègres est une espèce d'hommes différente de la nôtre, comme la race des épagneuls l'est des lévriers
, Voltaire, Mœurs, 141.On trouve en Laponie et sur les côtes septentrionales de la Tartarie une race d'hommes de petite stature, d'une figure bizarre
, Buffon, Hist. nat. hom. Œuv. t. V, p. 2.Il se dit aussi des animaux. La meilleure race de chèvres. Chien, cheval de bonne race.
N'êtes-vous pas effrayée de l'excès de la sottise de notre nation ? et ne voyez-vous pas que c'est une race de singes, dans laquelle il y a eu quelques hommes ?
Voltaire, Lett. Mme du Deffant, 26 juill. 1764.Les races, dans chaque espèce d'animal, ne sont que des variétés constantes, qui se perpétuent par la génération
, Buffon, 7e Ép. nat. Œuv. t. XII, p. 361.Ennoblir ou relever les races dans l'homme et dans les animaux
, Buffon, Ois. t. VII, p. 35.Sous-race, voy. SOUS-RACE.
Un sujet de pure race est celui qui descend directement, sans croisement, de la souche de la race elle-même.
Pure race n'est pas la même chose que pur sang, attendu que pur sang est un terme réservé à un cheval particulier.
Absolument. Race veut dire race bonne et non altérée par des croisements. Chien de race. Cheval de race.
Vous eussiez vu ce père voler plus vite que nos chevaux de race ne courent à Newmarket
, Voltaire, Jenni, 2.Ce cheval a de la race, on voit à sa structure qu'il provient d'une bonne race.
Par extension.
Et ce jeune énervé… qui n'admire à Paris Que les femmes de race et les chevaux de prix
, Hugo, Crép. 12.Race se dit des végétaux aussi, bien que plus rarement. Froment de la race de Taganrog.
Poétiquement.
Je ne pouvais nombrer ces races innombrables, Qui, diverses de port, de formes, de couleurs, De feuilles, de parfums et de fruits, et de fleurs, Filles des monts, des bois, de la terre et de l'onde, Sont les trésors de l'homme et l'ornement du monde
, Delille, Trois règ. VI.
PROVERBES
Les bons chiens chassent de race, ou bon chien chasse de race, les enfants tiennent des mœurs et des inclinations de leurs pères ; locution qui vient de ce qu'il y a des chiens qui, par le fait de leur race, savent chasser sans avoir appris.
Cet homme chasse de race, cela peut se prendre en bonne comme en mauvaise part ; mais cette fille chasse de race, se prend toujours en mauvaise part, signifiant qu'elle est coquette comme sa mère. Je suis un peu coquet, tu n'es pas mal coquette : Notre mère l'était, dit-on, en son vivant ; Nous chassons tous de race, et le mal n'est pas grand
, Regnard, le Distr. IV, 3.
SYNONYME
1. RACE, FAMILLE., La race est la famille considérée dans la durée. De plus elle est la lignée purement naturelle et physique, tandis que la famille implique un rapport social et moral.
2. RACE, ESPÈCE., Dans le langage de la zoologie, espèce est plus étendu que race. L'espèce galline en général, et, en particulier, la race galline qu'on élève en Normandie ou en Bresse. C'est une faute où l'on tombe souvent, de dire la race bovine, ovine, porcine, chevaline, pour l'espèce. Il faut dire, en général, l'espèce bovine, et, en particularisant, la race bovine de Durham, la race normande ; la race (de chevaux) percheronne, etc.
HISTORIQUE
XVIe s. Race des dieux de France, honneur de l'univers, Mon prince, mon seigneur, le support de mes vers
, Desportes, Angélique, I. Contemplés curieusement les especes des raisins qu'y verrés, afin d'en tirer, en la saison, des races, s'il y en a, qui vous agreent
, De Serres, 150. Car tout l'avoir mondain, quelque chose qu'on face, Jamais ferme n'arreste à la troisiesme race
, Ronsard, 972. Et vous, messieurs, n'en devez pas moins attendre de ces jésuites, si n'en extirpez dès le commencement et la race et la racine
, Pasquier, Recherches, liv. III, p. 300, dans LACURNE.
ÉTYMOLOGIE
Bourguig. raice ; provenç. et espagn. raza ; portug. raça ; ital. razza ; angl. race, race ; de l'anc. haut allem. reiza, ligne, d'après Diez. Les formes excluent le latin radix : radicem avait donné raïs, et rádix n'aurait jamais fait en italien razza.