« proposition », définition dans le dictionnaire Littré
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proposition
- 1Action de proposer, de soumettre à un examen, à une délibération. Proposition de loi. La proposition a été prise en considération.
En cet état-là [de lâches conseillers], on n'est pas seulement capable de la proposition du bien difficile
, Guez de Balzac, De la cour, 5e disc.La moins forte proposition de M. d'Elbeuf fut de mettre tout le parlement en corps à la Bastille
, Retz, Mém. t. I, liv. II, p. 376, dans POUGENS. - 2Chose proposée en vue d'arriver à une conclusion, à un arrangement, à une entente.
La cruelle proposition qu'elle va faire à ses fils
, Corneille, Rodog. Examen.Si vous voulez faire vos propositions plus modestement, on les écoutera
, Pascal, Prov. XVI.Il y fit ses propositions en pleine assemblée
, Bossuet, Hist. III, 6.Il [le plénipotentiaire] s'ouvre et parle le premier, pour, en découvrant… les brigues et les cabales des ministres étrangers, sur les propositions qu'il aura avancées, prendre ses mesures et avoir la réplique
, La Bruyère, X.Je commence, ô peuples assemblés de tant de nations, à vous faire des propositions pour établir à jamais une paix solide
, Fénelon, Tél. X. - 3Offre.
Il [le plénipotentiaire] laisse voir en lui quelque peu de sensibilité pour sa fortune ; il s'attire par là des propositions qui lui découvrent les vues des autres les plus secrètes
, La Bruyère, X.Absolument. Faire des propositions, proposer à un homme quelque affaire secrète ou peu honorable, à une femme de céder aux désirs d'un homme.
Je me souviendrai toute ma vie [c'est une femme qui parle] que, quand mes plaies furent bien fermées, il me fit des propositions
, Voltaire, Cand. 12. - 4Discours qui affirme ou nie.
Les principes se sentent, les propositions se concluent ; et le tout avec certitude, quoique par différentes voies
, Pascal, Pens. VIII, 6, éd. HAVET.Il ne faudrait pas d'autre raison pour justifier ma première proposition
, Massillon, Carême, Fausse conf.La proposition de Leibnitz [qu'il n'y a pas dans la nature deux choses semblables] est ingénieuse et grande ; la proposition contraire est aussi vraisemblable pour le moins que la sienne ; tel a toujours été le sort de la métaphysique
, Voltaire, Expos. du livre des instit. phys.Les propositions condamnées étaient, pour la plupart, si mal choisies, qu'on prétend que Louis XIV, en les lisant dans la bulle [Unigenitus], les prit pour les vérités qu'elle ordonnait de croire, en parut très édifié, et fut bien surpris, quoique docile, quand son confesseur le détrompa
, D'Alembert, Destruct. des jés. Œuv. t. V, p. 66 dans POUGENS. - 5 Terme de théologie. Proposition mal sonnante, proposition qui paraît contraire à la bonne doctrine.
Les cinq propositions, nom par lequel on désigne des passages que l'on prétendit trouver dans le livre de Jansénius intitulé Augustinus, et dans lesquels le pape reconnut certaines hérésies.
Le fond des cinq propositions condamnées est évidemment dans Jansénius ; il n'y a qu'à ouvrir le troisième tome, à la page 138, édition de Paris
, Voltaire, Louis XIV, 37.Les quatre propositions, les propositions établies du temps de Louis XIV par l'assemblée du clergé de France, et qui avaient pour objet la suprématie des conciles oecuméniques.
Le cardinal de Fleury… empêcha bénignement pendant tout son ministère qu'on ne soutînt les quatre fameuses propositions sur lesquelles est fondée la liberté française dans les choses ecclésiastiques
, Voltaire, Lett. Thiriot, 1768. - 6 Terme de grammaire et de logique. L'expression d'un jugement. Une proposition se compose essentiellement d'un sujet, d'un verbe et d'un attribut. Proposition principale, incidente, subordonnée.
Le jugement que nous faisons des choses, comme quand je dis : la terre est ronde, s'appelle proposition
, Duclos, Œuv. t. IX, p. 53.Deux propositions ne se lient que par les rapports qu'elles ont l'une à l'autre, et le propre des conjonctions est de prononcer ces rapports
, Condillac, Gramm. II, 23.Mais, dira-t-on, c'est ainsi qu'on raisonne en mathématiques, où le raisonnement se fait avec des équations ; en sera-t-il de même dans les autres sciences, où le raisonnement se fait avec des propositions ? Je réponds qu'équations, propositions, jugements, sont au fond la même chose
, Condillac, Log. II, 8.Le sujet de la proposition, le sujet (personne ou chose) dont je veux parler.
Attribut de la proposition, ce que je pense du sujet de la proposition.
Proposition simple, se dit de celle qui ne renferme point d'autre proposition, et dans laquelle le sujet et l'attribut sont simples et exprimés par un seul mot.
Proposition composée, celle dans laquelle le sujet ou l'attribut sont composés et qui, par conséquent, renferme autant de propositions qu'il y a de manières diverses de combiner les sujets et les attributs.
Terme de logique. Proposition universelle, celle où le sujet est précédé du mot tout. Tout homme est mortel.
Proposition particulière, celle où le sujet est précédé de quelques ou plusieurs. Quelques hommes sont savants.
Proposition singulière ou individuelle, celle dont le sujet indique un seul individu. Pierre est malade. Cet homme est tombé.
Proposition analytique, se dit, dans la logique de Kant, de celle dont la certitude repose sur l'identité des concepts, par opposition à la proposition synthétique, qui augmente réellement la masse des connaissances.
- 7 Terme de rhétorique. Se dit de la partie d'un discours où l'on propose ce que l'on veut prouver ou établir.
- 8 Terme de géométrie. Vérité qu'on prouve par démonstration. Il y a deux sortes de propositions, les théorèmes et les problèmes.
Le fameux M. Pascal, à l'âge de douze ans, sans avoir jamais lu aucun livre de géométrie… arriva, par la seule force de son génie, jusqu'à la 32e proposition du 1er livre d'Euclide
, Rollin, Hist. anc. XXVII, 1. - 9 Terme de musique. Première phrase d'une fugue, contenant le sujet et tous les contresujets.
- 10Chez les protestants, explication que fait d'un texte de l'Écriture un jeune homme qui aspire à la fonction de ministre.
- 11Dans la Bible, pains de proposition, les douze pains qu'on mettait chaque semaine sur la table dans le sanctuaire.
HISTORIQUE
XIIe s. E un altel fist el temple de fin or e dis tables d'or, pur [pour] metre sure les pains que l'um apelad les pains de propositiun
, Rois, p. 257.
XIIIe s. Proposition universel, qui conclut saine conclusion
, Latini, Trésor, p. 305.
XIVe s. Et pour ce, ceste proposition est vraie : Mulier est homo
, Oresme, Eth. Prol. La quelle proposicion comme le senat eust regetée et tournée à nient
, Bercheure, f° 38, verso.
XVIe s. L'accomplissement de nos œuvres ne gist pas tant en l'humaine propcsition qu'en la divine disposition
, Lanoue, 611. Se rejectant à sa premiere proposition [résolution]
, Montaigne, III, 119. J'honore bien ce glorieux nom [médecine], sa proposition [son but], sa promesse
, Montaigne, III, 207.
ÉTYMOLOGIE
Prov. propozicio ; espagn. proposicion ; ital. proposizione ; du lat. propositionem, de pro, en avant, et positio, position.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
PROPOSITION. Ajoutez :La protase, où se doit faire la proposition et l'ouverture du sujet, Corneille, Disc. du poëme dram.