« oiseux », définition dans le dictionnaire Littré
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oiseux, euse
- 1Qui par habitude ou par goût ne fait rien.
Il y a trop de larrons et de vauriens, et trop de gens oiseux qui ne cherchent qu'à faire bonne chère et à être braves aux dépens d'autrui
, Patin, Lett. t. III, p. 225, dans POUGENS.Vous vous distinguez même, dans votre esprit, de ces hommes oiseux de votre rang qui ont toujours mené une vie obscure, lâche, inutile
, Massillon, Avent, Mort du péch.Ce sont là des raffinements ; l'Évangile, cette philosophie si sage, si simple, si admirée même des païens, n'est donc plus qu'un vain système d'un esprit oiseux
, Massillon, Carême, Dang. des prosp.David fut indiscret et oiseux, avant d'être adultère
, Massillon, Carême, Tiéd. 2.L'Église, qui voit un de ses ministères… rempli par un ministre tiède et oiseux
, Massillon, Confér. Zèle contre les scandales.Substantivement.
L'ambitieux, l'oiseux, le vindicatif
, Massillon, dans PLANCHE, Dict. de la langue oratoire et pratique.En parlant des choses.
Une vie incertaine, inégale, oiseuse dans son agitation
, Massillon, Profess. relig. Serm. 2.Les professions oiseuses, futiles ou sujettes à la mode, telles, par exemple, que celle de perruquier
, Rousseau, Ém. III.Fig.
Sors de ce lit oiseux qui te tient attaché
, Boileau, Lutr. I.Aux élans redoublés de sa voix douloureuse, Tous ses valets tremblants quittent la plume oiseuse
, Boileau, ib. IV. - 2Inutile, qui ne sert à rien. Occupation, dispute oiseuse. Une épithète oiseuse.
Si en conséquence de ces principes une parole oiseuse doit être condamnée, que sera-ce d'une vie tout entière, où Dieu ne trouvera rien que d'inutile ?
Bourdaloue, Dim. de la Septuagés. Dominic. t. I, p. 350.Des questions oiseuses où l'on ne s'intéressait pas pour le fond de la vérité
, Massillon, Carême, Vérité de la relig.
REMARQUE
Des grammairiens prétendent que oiseux ne se dit pas des personnes. C'est une erreur. Les meilleurs auteurs l'ont employé en ce sens ; et il n'y a aucune raison pour ne pas suivre leur exemple.
HISTORIQUE
XIIIe s. Car par. vie oiseuse et fetarde Puet l'en [on peut] à poureté venir
, la Rose, 10234. Onc ne li plot [plut] oiseus sejors
, ib. 18901. Garde que tes paroles ne soient oiseuses ; car il nos conviendra rendre raison de tout mot oiseux
, Latini, Trésor, p. 358. On ne li pot pas demander le damace, ancois li doit on rabatre de son loier selon le tans qu'il demeura oiseus
, Beaumanoir, XXXVIII, 19. Por ce que li molin ou li pressoir soient wiseus
, Beaumanoir, XXXVIII, 19.
XIVe s. Et pour ce, à parler par similitude, l'en peut dire que benivolence est amisté oyseuse
, Oresme, Eth. 270. Vous avez bon cheval ; il sent bien l'esperon : Vous n'avez pas esté oiseux, bien le voit-on
, Guesclin. 15117.
XVe s. Les gens y sont tous oiseux, et n'y font point de labour [en Pouille et en Calabre]
, Froissart, II, II, 137.
XVIe s. La lecture des livres qui apportent seulement une vaine et oiseuse delectation aux lisans, est à bon droict reprouvée
, Amyot, Préf. I, p. 25. Il vouloit que la fin de leur vie ne fust non plus oiseuse ny inutile que le demourant
, Amyot, Lyc. 61. Une vie oiseuse
, Amyot, Pyrrh. 42.
ÉTYMOLOGIE
Wallon, ouheûs ; provenç. ocios, ossios ; esp. ocioso ; ital. ozioso ; du lat. otiosus, de otium, loisir. L'ancien français avait un substantif féminin oiseuse, uiseuse, qui signifiait oisiveté.