« frauder », définition dans le dictionnaire Littré

frauder

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

frauder

(frô-dé) v. a.
  • 1Tromper, décevoir (sens qui a vieilli). Frauder quelqu'un.
  • 2Frustrer par quelque fraude. Ce marquis [met son honneur] à savoir frauder ses créanciers, Boileau, Sat. X.

    Fig. Sans frauder son désir d'un si piteux breuvage, Régnier, Sonn. rel. 3. Il était persuadé qu'il y a de la démence à vouloir frauder la nature, qu'il faut la guider et non chercher à l'anéantir, Voltaire, Dict. phil. Clerc.

    Frauder les lois, faire quelque chose qui est défendu par les lois. Quand on n'est pas de leur nombre, on ne fait guère de grands progrès en anatomie qui ne soient en quelque sorte illégitimes ; on est réduit à frauder les lois, Fontenelle, Littre.

  • 3Éluder par quelque ruse le payement de droits, de taxes, de redevances. On peut ajouter qu'il sera mieux payé, parce qu'il est notoire qu'on fraude tous les jours la dîme ecclésiastique, et il n'est pas à présumer qu'on fraude la dîme du roi, pour peu que les officiers y veuillent tenir la main, Vauban, Dîme, p. 55. Votre père et lui étaient associés pour frauder les droits et pour faire passer des marchandises de contre-bande, Dancourt, Loterie, sc. 1. Dans la crainte même que les droits qu'il mettait sur le mercure ne fussent fraudés, il défendit d'ouvrir sous quelque prétexte que ce fût d'autres mines du même genre, Raynal, Hist. phil. VII, 30.

    Frauder du vin, des dentelles, etc. faire passer du vin, des dentelles, etc. en fraude. Fraudant eau-de-vie et tabac, Béranger, Échelle.

    Fig. Frauder la gabelle, se disait de tous ceux qui, par tromperie, ne satisfaisaient pas aux choses qu'ils devaient faire. Mettez-vous dans la tête Que frauder la gabelle est un mot plus honnête, Boursault, Merc. gal. II, 4.

    Absolument. Frauder, soustraire des marchandises au payement des droits. L'élévation des droits excite à frauder.

HISTORIQUE

XIVe s. Pourquoy fraudes tu et deceis la cité ? Bercheure, f° 22, verso.

XVe s. [Elle] Les armes fait prendre et le non, à ce bastart, de son baron [mari], …fraudant la ligne du pere à l'enfant putatif, Deschamps, Poésies mss. f° 568. Du quel desir ils ne furent mie fraudés, Bouciq. II, 4.

XVIe s. Certes tu es le plus cruel amant Qui onques fut, d'ainsi m'avoir fraudée, Marot, II, 5. Et se fraudant de la louange Que tu luy dois en contre-change, Du Bellay, J. VII, 25, recto.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et anc. espagn. fraudar ; ital. fraudare ; du lat. fraudare, de fraus, fraude.