« fraude », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
fraude
- 1Acte de mauvaise foi et de tromperie.
Nous vivons sous un prince ennemi de la fraude
, Molière, Tart. v, 7.La fraude adroite et subtile Sème de fleurs son chemin
, Racine, Esth. III, 3.Croyez-vous qu'il soit permis de repousser la fraude par la fraude ?
Fénelon, Dial. des morts mod. 12.L'hypocrite en fraudes fertile Dès l'enfance est pétri de fard
, Rousseau J.-B. Odes, I, 4.Cet heureux artisan de fraudes et de crimes
, Voltaire, Mérope, III, 1.Il est mort en fraude, se dit d'un homme qui meurt insolvable.
Fraude pieuse, moyen illégitime employé pour assurer l'empire de la religion.
Les fraudes qu'on appelait jadis pieuses, ne sont plus aujourd'hui que des fraudes
, Voltaire, Mél. litt. Lett. à l'évêque d'Annecy.Que direz-vous quand on vous soutiendra que toute fraude est impie, et que c'est un crime de soutenir la vérité par le mensonge ?
Voltaire, Cons. rais. à Bergier, chap. 14.Fraude pieuse, se dit quelquefois d'une ruse employée pour décider quelqu'un à une bonne action.
- 2Action de soustraire des marchandises aux droits de douane ou d'octroi. Faire la fraude.
Les marchandises elles-mêmes.
J'ai de la fraude en pacotille Qu'à la barrière on saisirait
, Béranger, Portrait.En fraude, sans payer les droits. Du vin introduit en fraude dans Paris.
HISTORIQUE
XIIIe s. Puisqu'il l'aceta sans fraude et en marcié, il ne doit pas recevoir la perte de son argent por autrui meffet
, Beaumanoir, XXV, 22. Toutes fraudes, là où eles sont connues ou provées, doivent estre destruites
, Beaumanoir, XXXIV, 49.
XIVe s. Et si userent de fraude avecques conseil ; car Tatius li roys des Sabins corrompit la fille d'un qui gardoit la forteresse
, Bercheure, f° 10, verso. Mauvais engin, que les clercs appellent de dolo malo, est quand en contract ou marché se fait fraude recelée, que on appelle dol entre les pratiquans en court
, Bout. Som. rur. p. 359, dans LACURNE. Faire fraude contre une ordonnance [la transgresser]
, Ord. des rois, t. I, p. 299.
XVIe s. Ta langue brasse et fraudes et nuisances
, Marot, IV, 293.
ÉTYMOLOGIE
Wallon, frawe ; provenç. frau ; espagn. et ital. fraude ; du latin fraudem, que les étymologistes rapprochent du grec θραύω, briser, et du sanscrit dhru, tuer, qui veut dire aussi tromper, dhruti, séduction ; les sons concordent et la dérivation du sens paraît aisée.