« déceler », définition dans le dictionnaire Littré

déceler

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déceler

(dé-se-lé. La syllabe ce prend un accent grave, quand la syllabe qui suit est muette : je décèle, je décèlerai) v. a.
  • 1Découvrir la personne ou la chose qui était celée, cachée. Ils confessent leur crime et n'osent déceler le sien, Vaugelas, Q. C. liv. VI, ch. 9. Mes frères, leur dit-il [le cerf aux bœufs], ne me décelez pas ; Je vous enseignerai les pâtis les plus gras, La Fontaine, Fabl. IV, 21. Ils promirent abolition de tout crime à celui qui aurait décelé un prêtre, Maucroix, Schisme d'Angleterre, liv. III, dans RICHELET. Heureux si je pouvais, avant que m'immoler, Percer le traître cœur qui m'a pu déceler, Racine, Mithr. IV, 2. … Ciel ! si quelque infidèle, Écoutant nos discours, nous allait déceler ! Racine, Esth. II, 9. Je me suis douté de quelque chose et je suis… ne me décelez pas au moins, Brueys, l'Impost. II, 10.
  • 2Faire connaître, être l'indice de. Sa colère me plaît et décèle une amante, Chénier, 139. Oui, son œil le décèle ; C'est lui-même ; sans doute il médite un libelle, Gilbert, Apolog. Jusqu'ici la comète d'Encke était le seul astre dont les mouvements bien connus décelassent dans le ciel une influence autre que celle de l'attraction newtonienne, Faye, Comptes rendus, Acad. des sc. t. LII, p. 370.
  • 3Se déceler, v. réfl. Se faire connaître, se trahir. Il se décela par une parole imprudente. Son éloquence était déjà formée et se décelait par mille traits, Mairan, Éloges, Polignac. Il est temps qu'à ses yeux ma flamme se décèle, Delavigne, Vêpres Sicil. I, 2.

    Se dénoncer l'un l'autre. Si l'on partage la vie des partisans en deux portions égales, la première, vive et agissante, est tout occupée à affliger le peuple ; et la seconde, voisine de la mort, à se déceler et à se ruiner les uns les autres, La Bruyère, VI.

    Terme de vénerie. Un cerf se décèle, quand il quitte le buisson où il s'était retiré pour refaire sa tête.

REMARQUE

L'Académie, qui écrit celer et déceler, avec un e muet, écrit cependant recéler avec un é accentué.

HISTORIQUE

XVIe s. Le secret que j'ay juré ne deceler à nul autre, Montaigne, I, 217. Alcibiades, les cognoissant très bien par leur nom, les decela à ceulx qui tenoient le party des Syracusains, Amyot, Alc. 40. Ils avoient grande peur que leurs armes reluisantes aux rayons de la lune, ne les decelassent, Amyot, Aratus, 24.

ÉTYMOLOGIE

De… préfixe, et celer ; provenç. descelar ; catal. decelar.