« converser », définition dans le dictionnaire Littré
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converser [1]
- 1Vivre avec.
Nous ne conversons plus qu'avec des ours affreux
, La Fontaine, Fabl. XI, 7.Aussi bien, en l'humeur où je me trouve, je ne dois plus converser avec les créatures raisonnables
, Voiture, Lett. 11.C'est peu d'être agréable et charmant dans un livre ; Il faut encor savoir et converser et vivre
, Boileau, Art poét. IV.L'habitude de converser avec soi tend toujours à rendre l'homme meilleur ; on ne consent à descendre au fond de son propre cœur que lorsqu'on est satisfait de l'ordre qui s'y trouve
, Holbach, dans Œuvres de DU MARSAIS, Essai préj. chap. 12.Fig. Converser avec les livres, avec les morts, s'adonner à la lecture des auteurs du temps passé.
- 2Avoir conversation avec Se plaire à converser avec les savants.
HISTORIQUE
XIIe s. E cil Beronite s'en furent fuiz en Gethaïm ; e là converserent jusques cel jur
, Rois, 134.
XIIIe s. Par la terre d'Anjou longuement [il] conversa [demeura]
, Berte, CVIII. Qui vous a fait ci seule par ces bois converser ?
ib. CXII. Di nous en quel leu tu converses
, la Rose, 10987. Quant aucuns est esleuz, l'en doit enquerre de sa vie à cels environ cui il a conversé
, Liv. de just. 44. Et cil qui est escommeniés et renforciés, met en pecié cix qui entor li conversent
, Beaumanoir, LIV, 12.
XIVe s. L'en dit que telz gens conversent civilment
, Oresme, Eth. 180. Et les autres dient celui estre ami avecques lequel l'en convit et converse
, Oresme, ib. 265. À la delettacion et plaisance de ceulx avecques qui il conversent
, Oresme, ib. 130. Scite [Scythie] est une froide region bien loing de Lacedemone, et ne conversent pas les ungs avec les autres
, Oresme, ib. 66. Et bien li dit aussi que il y trouveroit Mainte beste sauvage, car li lieux le devoit ; Ours, leons et serpens assez y conversoit
, Guesclin. 9197.
XVe s. Et donnoient grands joyaux aux seigneurs et dames et damoiselles, pour acquerir la louange de ceux et de celles entre qui ils conversoient
, Froissart, I, I, 76. [Le roi] declaroit son plaisir estre tel, que feussent laissez paisiblement descendre tous Anglois et Anglesches, sans aucun sauf conduit avoir de luy, et de les laisser converser par tout son royaulme
, J. de Troyes, Chron. 1461. Et que par necessité me conviendroit converser [coucher] avec homme
, Louis XI, Nouv. C.
XVIe s. Ceux qui ne conversent plus au monde [les morts]
, Calvin, Instit. 704. Si tu converses avec un boitteux, tu apprendras à clocher
, Amyot, Comment nourrir les enfants, 9. Ceux qui conversent sur l'eau sont sujets à maladies froides
, Paré, Introd. 11. C'étaient trois jeunes Mars et trois Amours ensemble Qui sous l'habit mortel conversoient ici-bas
, Premières amours de DESPORTES, dans RAYNOUARD, conversar.
ÉTYMOLOGIE
Provenç. et espagn. conversar ; ital. conversare ; du latin conversari, passif de conversare, fréquentatif de convertere, tourner, retourner (voy. CONVERTIR). Conversari signifie proprement être retourné fréquemment ; de là le sens de fréquenter, vivre avec. Converser dans l'ancienne langue n'a que le sens de vivre avec ; c'est plus tard qu'il a pris, par une déduction facile à concevoir, celui d'échanger les paroles.