« aiguiser », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
aiguiser
- 1Rendre pointu ou tranchant. Le sanglier aiguise ses défenses. Il aiguisait son couteau.
Le lion aiguise ses dents et ses griffes, attendant le moment favorable
, Fénelon, Tél. XVIII.Sa faux qu'elle aiguisait sans cesse
, Fénelon, ib. XVIII.Si leur haine, de Troie oubliant la querelle, Tourne contre eux le fer qu'ils aiguisent contre elle
, Racine, Iphig. IV, 1.Aiguiser ses couteaux, se préparer au combat.
- 2 Fig. Rendre plus vif. Une promenade vous aiguisera l'appétit. Certains jeux aiguisent l'esprit des enfants.
Et n'allez point toujours d'une pointe frivole, Aiguiser par la queue une épigramme folle
, Boileau, A. P. II.Au lieu de fades épigrammes, Qu'il aiguise un couplet gaillard
, Béranger, Désaug.Afin d'éviter toute ambiguïté et de déjouer toutes les insinuations qui ne tendent qu'à aiguiser ici les méfiances…
, Mirabeau, Collect. t. II, p. 177.Au lieu d'aiguiser contre les lois la subtilité des hommes et leur fatale industrie à les éluder…
, Mirabeau, ib. t. III, p. 26.Ils ont aiguisé leurs langues comme celle du serpent, et de leurs bouches empestées ils ont lancé le plus subtil venin de l'esprit
, Bourdaloue, Pensées, t. III, p. 355. - 3Aiguiser l'appétit, au figuré, exciter la convoitise.
… leur beauté Aiguisait l'appétit
, La Fontaine, Tab.S'AIGUISER, v. réfl. Le fer s'aiguise par le fer. Des esprits qui se sont aiguisés par l'exercice.
HISTORIQUE
XIIe s. E ces de Israel veneient as Philistiens pur aguiser e adrecier e le soc, e le picois, e la cuignée, e la houe
, Rois, 44.
XIIIe s. Il aguiserent leur langues si comme serpent
, Psautier, B. M. 258, f. 169. S'or ne set moult Renart de frape, Il est chaoit [tombé] en male trape : Chascun sor lui ses denz acuse
, Ren. 13571. Et va ses ongles aguisant
, ib. 2143. Tybert, lessiez le menacier, Et sor moi lor denz aguisier
, ib. 10512. De toi s'esleveront mi flanc ; De toi acuisera mon sanc, Si acroistrai mon hardement ; Moult m'en douteront plus la gent
, ib. 7750. Toute morsure venimeuse Garist celle croix precieuse En cuer qui la scet aiguisier
, J. de Meung, Tr. 627.
XIVe s. Afin que fureur soit adrescie, menée et conduite par vertu, et que vertu soit enasprie et acuisée et enforcie par fureur
, Oresme, Eth. 84. Là fust Bertran enclos à chascune partie De queux, de boutillier et de penneterie, Li uns tient ung tinel, l'autre perche aguisie
, Guesclin. 981.
XVe s. Si quist on grand bois de chesnes ; et puis furent tantost ouvrés et aguisés devant…
, Froissart, I, I, 137. Nostre appetit le vin aguise, Et aide à la digestion
, Basselin, LX.
XVIe s. Les difficultez aiguisent et rehaulsent le plaisir divin que…
, Montaigne, I, 70. J'instruis et aiguise mon appetit à ces commoditez
, Montaigne, I, 285. L'elephant aiguise et esmould ses dents
, Montaigne, II, 164. Pericles aguisa et incita le peuple à perseverer opiniastrement en ce qu'il avoit une fois ordonné contre les Megariens
, Amyot, Péric. 57. Ne plus ne moins que la cueux bise Le trenchant de l'espée aguise
, Amyot, ib. 64. Ils furent par luy nourriz aux armes, et dès leur naissance aguisez et acharnez à cela [la guerre]
, Amyot, Pyrrh. 18. Il feit remplir les dittes fosses et trenchées de paux pointus aguisez par les bouts
, Amyot, Pomp. 88. Jour et nuit ils te nuisent [le soin et l'envie], Et sur ton cœur aiguisent L'aiguillon qui te poind
, Ronsard, 401.
ÉTYMOLOGIE
Norm. agucher ; bourguig. égusè ; Berry, aguiser, aguser, aguer ; wallon, awehî ; provenç. agusar ; ital. aguzzare ; d'un bas-latin acutare ou plutôt acutiare, de acutus (voy. AIGU). Acutare est dans Du Cange ; acutiare n'y est pas ; mais on y trouve acutia, acuties, acutiator.