« aiguillon », définition dans le dictionnaire Littré
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aiguillon
- 1Pointe de fer fixée à un long bâton, et dont on se sert pour piquer les bœufs. Faire sentir l'aiguillon.
Un dieu qui d'aiguillons pressait leurs flancs poudreux
, Racine, Phèd. V, 6. - 2Espèce de dard rétractile, par lequel se termine le dernier anneau de l'abdomen chez quelques insectes. Laisser son aiguillon dans la piqûre.
- 3 Fig. L'aiguillon de la douleur.
Toutes ces choses qui auraient dû nourrir mes peines en émoussaient au contraire l'aiguillon
, Chateaubriand, René, 212.Les douleurs n'étaient que les aiguillons de votre corruption
, Massillon, Affl.Paul sent au dedans l'aiguillon honteux de Satan qui l'humilie
, Massillon, Resp. - 4Tout ce qui excite à faire quelque chose.
Proximité de la mort, qu'il s'est efforcé, pour ainsi dire, de nous faire sentir comme l'aiguillon le plus vif et le plus capable de nous piquer
, Bourdaloue, Carême, t. I, p. 38.Nul aiguillon divin n'élève leur courage
, Régnier, Sat. IX.Ces bruits furent un aiguillon pour la gloire
, Hamilton, Gramm. 11.Les enfants de Port-Royal auxquels on ne donne point cet aiguillon d'envie et de gloire tombent dans la nonchalance
, Pascal, édit. Cous. - 5Dans la langue de l'Écriture, l'aiguillon de la chair, les tentations de la chair.
- 6 Terme de botanique. Piquant qui adhère à l'écorce. Il ne faut pas confondre les aiguillons avec les épines ; l'aiguillon ne tient qu'à l'épiderme ; l'épine se continue intérieurement avec le corps ligneux de la tige.
- 7 Terme de chasse. Il se dit de la pointe qui termine les fumées ou fientes des bêtes fauves.
HISTORIQUE
XIIe s. Kar rebuchié furent lur hustilz de fer, les uns e les altres, jesque à l'aguillon
, Rois, 44. Et por ce ke chascuns, combien que il unkes ait en ceste vie esploitiet, sent encore l'aguilhon de sa corruption
, Job, 483. Li cuers espris des aguilhons de sa iror fremist, li cors tremble…
, ib. 514.
XIIIe s. Vencu l'aguillon de la mort
, Psautier, B. M. 258, f° 191. Cil point l'asne de l'aguillon Par derriere sur le crespon, Des esperons le destraingnoit, Et du chevestre le feroit
, Ren. 221.
XVIe s. Il aimoit uniquement les saucisses… les harengs saurs, et tous semblables aiguillons à vin
, Despériers, Contes, LXXIX. Par l'aiguillon du plaisir
, Paré, XVIII, 1.
ÉTYMOLOGIE
Genev. avouillon ; wallon, awion ; rouchi, èwiglion ; Berry, agullon ; provenç. agulion ; catal. agulló ; espagn. agujon ; ital. aguglione ; d'une forme non latine aculeonem, régime d'aculeo, augmentatif d'aculeus, de même radical que acutus, piquant, qui lui-même est dérivé de acus, aiguille (voy. ce mot), avec un suffixe.