« absoudre », définition dans le dictionnaire Littré
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absoudre
- 1Renvoyer de l'accusation. Absoudre du crime de prévarication. Il fut absous par dix voix contre cinq. Les juges le renvoyèrent absous. Il a été absous à pur et à plein.
Un témoin dont le nom vous eût absous du crime
, Voltaire, Cat. III, 4. - 2 En termes de droit, absoudre et acquitter ne sont pas synonymes. Le tribunal absout une personne qui est reconnue coupable du délit à elle imputé, mais dont le délit n'est pas qualifié punissable par la loi. Il acquitte un accusé reconnu innocent.
- 3 En termes de théologie, remettre les péchés dans le tribunal de la pénitence. Absoudre un pénitent.
Absoudre les cas réservés
, Acad. - 4Au figuré. Pardonner. Je vous absous de votre imprudence. On était disposé à l'absoudre de tous ses méfaits.
Tous ces crimes d'État qu'on fait pour la couronne, Le ciel nous en absout alors qu'il nous la donne
, Corneille, Cinna, V, 2.De tes grandeurs tu sus te faire absoudre, France, et ton nom triomphe des revers
, Béranger, Enf. de la France. - 5 Absolument. Dix voix suffisaient pour absoudre. Le prêtre a pouvoir d'absoudre en cas de mort.
L'Église donne aux prêtres qui nous assistent tous les pouvoirs ; elle ne se réserve rien, et elle leur confère toute sa juridiction pour pardonner et pour absoudre
, Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 311.Là votre voix décide ; elle absout ou condamne ; Ici vous périrez…
, Voltaire, Scyth III, 1. - 6S'absoudre, v. réfl. Il ne put s'absoudre lui-même de la faute qu'on lui avait pardonnée.
HISTORIQUE
XIe s. De sa main destre [il] l'ad assols et signet
, Ch. de Rol. 25. Assoldrai vous por vos ames guarir
, ib. 87.
XIIe s. Quant [je] vous aurai assous et beneïs
, Ronc. IV, 56. Bien sont assolz, quite de leur pechiez
, ib. 57.
XIIIe s. Et si les assoloit comme bons fils
, Villehardouin, 55. Et il dit que si feroit il volentiers, mais que le patriarche l'absousist jusques à leurs revenir
, Joinville, 270. Et je li dis : je vous assolz de tel pooir comme Dieu m'a donné
, Joinville, 246. Se le legat ne me absoloit de mon serrement
, Joinville, 276. Et illecque l'abbé de St-Urbain, que Diex absoille
, Joinville, 210. Chil qui est escommeniés pot estre deboutés d'office d'avocat jusques à tant qu'il soit absolus
, Beaumanoir, V, 17. Et on se doit penre [prendre] plus près en jugement d'assaure que de condampner
, Beaumanoir, XXXVI, 6. Dame, j'ai à nom Berte, si soit m'ame assolue
, Berte, 52. Des quels dis livres de parisis il se tiennent assouls et apaié
, Du Cange, absolutus. Mais il meïsmes i respont, Et la cause nous en espont, Com cil qui bien de raison use, Et les diex assolt et escuse
, la Rose, 6388.
XVe s. Ils estoient devers le roi de France absols et nommés quittes, et encore leur delivroit on or et argent
, Froissart, III, IV, 20. Le feu roi que Dieu absolve
, Commines, VII, Prol.
XVIe s. Le peuple absolut à toute peine Pelopidas
, Montaigne, I, 3. Estre absouls de son debvoir
, Montaigne, I, 30. Sera il absoult…
, Montaigne, I, 128. Il resolut de mourir, afin que ses citoyens ne pussent jamais estre absoulz de leur serment
, Amyot, Lyc. 61. Il voulut que celui qui auroit fait le meurtre fut absoult à pur et à plein, moyennant que…
, Amyot, Publ. 21. Il se rencontra que les voix qui le condamnoient estoient une de plus que celles qui l'absolvoient… il donna la derniere voix qui l'absolut judiciellement
, Amyot, Caton d'Utique, 23. En Lacedemone il y avoit une loi, laquelle declaroit les enfants absouls d'aider à leurs peres en vieillesse, quand ils avoient esté nonchalans de les faire instruire en jeunesse
, Lanoue, 116. Il n'appartient pas à un prestre de savoir pour certain si le pecheur est absous, mais à celui du quel il faut demander absolution
, Calvin, Inst. 501. Nul ne peut estre lié ou absous, sinon celui qui en est digne
, Calvin, ib. 503. Leurs pensées les condamnent ou absoudent devant Dieu
, Calvin, ib. 946. Combien plus vous doit elle delivrer et absoudre des liens humains ?
Calvin, ib. 1026. Il leur remonstra qu'ilz n'estoyent mie absouldz de leurs promesses
, Rabelais, Garg I, 20.
ÉTYMOLOGIE
Provenç. absolvre, absolver, assolver ; anc. catal. absolrer ; catal. mod. absoldrer ; espagn. absolver ; ital. assolvere ; d'absolvere, de ab, indiquant séparation, et solvere, délier (voy. SOLUTION). Du temps de PALSGRAVE on écrivait assouldre, et on prononçait assoudre, p. 23.