« solution », définition dans le dictionnaire Littré

solution

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

solution

(so-lu-sion ; en vers, de quatre syllabes) s. m.
  • 1Proprement, décomposition d'un corps ; sens latin qui n'est pas usité.

    Terme de chimie. Action d'un liquide sur un solide, dont le résultat est que ce dernier prend lui-même la forme liquide.

    Le liquide qui résulte de cette action. Les sels doubles, même de nature tout à fait différente, ne peuvent être obtenus purs, lorsqu'ils cristallisent avec d'autres dans une même solution, Beudant, Instit. Mém. scienc. t. VIII, p. 227. La salure en est [du lac Asphaltite] beaucoup plus forte que celle de la mer, et elle produit sur les lèvres l'effet d'une forte solution d'alun, Chateaubriand, Itin. part. 3.

    Affinité de solution, faculté que possèdent certains liquides de se dissoudre l'un dans l'autre.

  • 2Division, séparation des parties ; on ne le dit guère que dans cette locution : solution de continuité.

    Fig. Vous me demandez ce qui a fait cette solution de continuité entre la Fare et Mme de la Sablière : c'est la bassette, Sévigné, 14 juillet 1680. Comme il n'y a que de grandes maladies qui fassent solution de continuité dans la mémoire, il n'y a guère que de grandes passions qui la fassent dans les mœurs, Rousseau, Ém. V.

    Solution de continuité, nom collectif donné, en chirurgie, aux plaies, aux fractures, et, en général, à toutes les divisions des parties auparavant continues.

  • 3Dénoûment d'une difficulté. Cet argument [tiré des paroles de Jésus-Christ : ceci est mon corps] tourmentait Zwingle ; il y cherchait une solution, Bossuet, Var. 2. Les solutions les plus élevées, les plus hardies et les plus inespérées naissaient sous leurs pas, Fontenelle, Leibnitz. J'avais déjà le malheur de faire un système [sur la question pourquoi la lune et le soleil paraissent plus grands à l'horizon], lorsque la solution mathématique de ce problème par M. Smith me tomba entre les mains, et m'épargna les erreurs d'une hypothèse, Voltaire, Phil. Newt. II, 6. J'avoue que tout cela [sur la prévision de Dieu] me paraît très hasardé, et que c'est un aveu plutôt qu'une solution de la difficulté, Voltaire, Lett. au Pr. roy. le Pr. 23 janv. 1738. La solution d'une question difficile dépend quelquefois de la manière de la poser, Rousseau, Ém. V. En mathématiques, on entend par une belle solution, la solution simple et facile d'un problème difficile et compliqué, Diderot, Rech. phil. sur le beau. Sa solution [de Newton] du problème de la précession des équinoxes, quoique fort ingénieuse, et malgré l'accord apparent de son résultat avec les observations, est défectueuse à plusieurs égards, Laplace, Exp. V, 5.

    Il se dit aussi de ce qui termine une affaire quelconque. Il fallait une solution. Cet événement est une solution.

  • 4 Terme de jurisprudence. Payement final. Jusqu'à parfaite solution et payement, ou, simplement, jusqu'à parfaite solution.
  • 5 Terme de médecine. La solution d'une maladie est sa terminaison, accompagnée ou non de phénomènes critiques.

HISTORIQUE

XIVe s. Environ la solucion des poins [l'action de défaire les points de suture] deux choses sont à entendre, H. de Mondeville, f° 43. Il fu dit devant qu'est solucions de continuité, H. de Mondeville, f° 79, verso. Pour la response et solucion de la question maintenant proposée, Oresme, Éth. 154.

XVIe s. La solution d'unité ou de continuité, en la chair est nommée playe, en l'os fracture, et ainsi des autres, Paré, Introd. 20. Quant aux oppositions et arguments [de ceux qui condamnaient les sorciers] …je n'en ay point senty qui m'attachent, et qui ne souffrent solution tousjours plus vraysemblable que leurs conclusions, Montaigne, IV, 187.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. solution ; espagn. solucion ; ital. soluzione ; du latin solutionem, de solutum, supin de solvere, que des étymologistes regardent comme composé de se, indiquant séparation, et luere, délier, laver, effacer.