« épouvanter », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
épouvanter
- 1Causer de l'épouvante.
Et comme ils font du vrai, du faux ils m'épouvantent
, Régnier, Élég. I.La rigueur de ses lois m'épouvante pour vous
, Racine, Bérén. I, 5.De noirs pressentiments viennent m'épouvanter
, Racine, Phèdre, III, 6.C'est par vos faibles mains Qu'il [Dieu] veut épouvanter les profanes humains
, Voltaire, Fanat. III, 6.Je cherchai la gloire dans les combats, je plongeai ma main dans le sang des malheureux ; et mes fureurs m'épouvantèrent
, Barthélemy, Anach. ch. 78. - 2Inspirer de l'horreur.
Le nom seul d'assassin l'épouvante et l'arrête
, Racine, Andr. v, 2.Je vais t'épouvanter par ce secret affreux
, Voltaire, M. de César, III, 2.Je vous dis que vous m'épouvantez
, Delavigne, Éc. des Vieillards, IV, 3. - 3S'épouvanter, v. réfl. Être frappé d'épouvante.
Théodore, parlez sans vous épouvanter
, Corneille, Théod. II, 5.Le peuple s'épouvante et fuit de toutes parts
, Racine, Athal. II, 2.
HISTORIQUE
XIe s. Home nel veit qui mult ne s'espaent
, Ch. de Rol. CIX.
XIIe s. Paien fremissent, l'ost est espoantée
, Ronc. p. 66. Ne puet muer [ne peut s'empêcher] qu'il ne s'en espaant
, ib. p. 77. Que li plus fier en sont espoenti
, ib. p. 141. … de voz manaces ne sui espoenté ; Del martire suffrir sui del tut aprestez
, Th. le mart. 148. Les ovres Belial me unt espovented
, Rois, p. 205.
XIIIe s. Quant sa fille le voit, forment s'en espouvente
, Berte, XCVI. Et bien appartient à office de bailli qu'il espoente et contraigne les mellix [querelleurs], si que les paisibles vivent en paix
, Beaumanoir, 24. Et se li peres se plaint de son fils, il puet le fiz menacier et espoenter, s'il ne se contient en bone maniere
, Liv. de just. 72.
XVIe s. … Dont les ennemis s'espouvanterent si fort qu'ilz reculerent arriere
, Amyot, Cor. 10. Il n'y avoit que ce populace de Paris qui s'espavante incontinent
, Carloix, VIII, 35.
ÉTYMOLOGIE
Bourguig. eponter ; picard, epauter, epavander, eparvander, epeuter ; wallon, spawté ; norm. épeuter ; provenç. espaventar, espavantar ; espagn. et portug. espanter ; ital. spaventare ; du latin expaventem, avec la finale er, faire trembler, de ex, et pavere, avoir crainte, pavor, peur (voy. PEUR). La forme par a se trouve dans les plus anciens textes (voy. l'historique) : espaenter, d'où espoenter ; et puis, par l'intercalation d'un v, espoventer (comme l'ancien pooir devenu povoir).