« trousse », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
trousse
- 1Amas ou faisceau de plusieurs choses liées ensemble. Trousse de linge.
Le manteau de voyage à l'épaule ; arrange ouvertement ta trousse, et qu'on voie ton cheval à la grille
, Beaumarchais, Mar. de Figaro, I, 11.Grosse et longue botte de fourrage vert que porte derrière lui le cavalier qui revient de la provision.
Chaque mesure de seigle, chaque trousse de fourrage nous étaient disputées ; il fallait les arracher à l'ennemi
, Ségur, Hist. de Nap. VIII, 10.Fig. Donner une trousse à quelqu'un, lui faire quelque tromperie (locution vieillie).
Indubitablement on m'a donné la trousse
, Mairet, dans RICHELET. - 2Carquois (sens vieilli).
Plus une trousse d'amazone, Ses flèches et son baudrier
, Scarron, Virg. v. - 3Étui où les barbiers mettent leurs rasoirs, leurs ciseaux, etc.
Une trousse où étaient deux rasoirs qui semblaient avoir rasé dix générations, tant ils étaient usés
, Lesage, Gil Bl. II, 7. - 4Espèce d'étui ou plutôt de portefeuille divisé en un certain nombre de compartiments et contenant les instruments les plus nécessaires à un chirurgien, à un vétérinaire.
- 5Trousse de jardinier, poche qui s'attache autour du corps avec une ceinture à boucles.
- 6Cuir qui enveloppe ou entoure la queue d'un cheval.
- 7Paquet de lamettes ou de petites barres d'acier destinées à forger ensuite des lames de sabre.
Certaine quantité de feuilles de fer battu pliées en deux.
- 8 Terme de maçon et de charpentier. Cordage de moyenne grosseur dont on se sert pour élever de médiocres fardeaux.
- 9Dans les mines, trousse à picoter, châssis de bois placé au fond du cuvelage dans le boisage à travers les niveaux.
Trousse-plate, dernière trousse à picoter, celle qui supporte toutes les autres.
- 10Assemblage des couteaux de la machine à fendre le fer.
- 11 Au plur. Chausses que portaient autrefois les pages, et que portaient aussi les chevaliers de l'ordre du Saint-Esprit quand ils avaient leurs habits de novices.
Les jeunes gens imaginèrent les trousses, espèce de haut-de-chausse court et relevé, qui ne descendait qu'à la moitié des cuisses, et que l'on couvrait d'une demi-jupe
, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuv. t. IV, p. 114, dans POUGENS.Le roi a des trousses ou culottes fort courtes plissées et froncées, où sont attachés de longs bas de soie…
, Guillet de St-Georges, dans Mém. inéd. sur l'Acad. de peint. publ, par DUSSIEUX, etc. t. I, p. 233.Chacune [barque, sur la Tamise] avait deux rameurs, tous vêtus comme l'étaient autrefois nos pages, avec des trousses et de petits pourpoints ornés d'une plaque d'argent sur l'épaule
, Voltaire, Mél. litt. à M***, 1727.On disait d'un page qui avait fini son terme, qu'il avait quitté les trousses.
- 12Aux trousses, à la poursuite.
Dom pourceau criait en chemin, Comme s'il avait eu cent bouchers à ses trousses
, La Fontaine, Fabl. VIII, 12.Un alguazil et des archers sont à vos trousses ; ils vont vous chercher d'hôtellerie en hôtellerie
, Lesage, Bachelier, 30.Ils sont actuellement aux trousses de Marmontel, qui, je crois, s'est trop avancé avec eux, et qui aura de la peine à s'en tirer
, D'Alembert, Lett. à Voltaire, 6 avril 1767.J'ai deux ministres à mes trousses, dont l'un veut me faire fusiller comme déserteur
, Courier, Lett. II, 18.Être aux trousses de quelqu'un, être toujours à sa suite, ne pas le quitter.
Sous ma fenêtre il passe incessamment ; Je ne saurais faire un pas seulement Que je ne l'aie aussitôt à mes trousses
, La Fontaine, Confid.Tu n'as pas un jaloux à tes trousses, qui vienne te chicaner tes paroles et tes regards
, Gherardi, Théât. ital. t. III, Font. de sapience, sc. 1. - 13En trousse, loc. adv. En croupe derrière un cavalier. Mettre une femme en trousse derrière soi.
Que dit-il, quand il voit, avec la mort en trousse, Courir chez un malade un assassin en housse [un médecin] ?
Boileau, Sat. VIII.On dit plus souvent en croupe.
Se dit aussi des valises, des paquets qu'un cavalier porte derrière lui sur son cheval.
HISTORIQUE
XIIIe s. Chevax qui porte à tourse
, Liv. des mét. 276. Quiconques veut estre laceur de fil et de soie et de laz et feseres de trouses à seles et de rubans, estre le puet franchement
, ib. 78.
XVe s. Et si leur renvoyerent grant quantité de trousses de flesches à arc, artillerie…
, J. de Troyes, Chron. 1472. [Des lutteurs] tant virerent et tournoyerent que d'une autre trousse [croc en jambe] assez plus forte que la premiere le seigneur de Saintré abbatit
, Petit Jehan de Saintré, p. 635, dans LACURNE.
XVIe s. Polysperchon, qui avoit la charge de la personne du roy, voulant donner une trousse à Cassander, envoya au peuple d'Athenes une patente, par laquelle [il s'agit d'un piége qu'il lui tend pour le chasser d'Athènes]…
, Amyot, Phoc. 45. Il marchoit luy mesme le premier à pied, portant sa trousse en escharpe sur ses espaules, et son bouclier sur son bras
, Amyot, Artax. 36. Tout cela reconnu, Clermont d'Antragues sort aux trousses de ces trompeurs, pert leur piste au moulin, et…
, D'Aubigné, Hist. II, 193. Une douzaine d'arcs de fin bresil, accompaignez de douze trousses ou carquois
, Carloix, III, 30. Ainsi que Catherine alloit aux champs en trousse sus un cheval…
, Paré, XIX, 14.
ÉTYMOLOGIE
Provenç. trossa ; espagn. troxa ; portug. trouxa, paquet, faisceau. L'allem. Tross, bagage, est, d'après les germanistes, d'origine romane. Le celtique (gaélique trus, paquet, kimry trws, bas-breton trons) serait d'une forme et d'un sens très favorables. Mais Diez pense qu'il doit céder le pas à une dérivation latine, et que trousse ou tourse appartient à un même radical que l'ital. torciare, tordre, attacher solidement. Ce radical est le latin tortus, tordu, de torquere : Le sens d'action de tordre, de donner un croc en jambe, écarte le celtique et donne raison au latin (voy. TORCHE).
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
TROUSSE. Ajoutez :En Normandie, ligne amorcée d'un paquet de vers qu'on laisse traîner au fond de la rivière, dans les temps d'orage, pour prendre des anguilles ; ces poissons sont si voraces qu'ils s'attachent à l'appât, et, plutôt que de lâcher prise, se laissent tirer hors de l'eau, Delboulle, Gloss. de la vallée d'Yères, p. 331.