« trompe », définition dans le dictionnaire Littré

trompe

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

trompe [1]

(tron-p') s. f.
  • 1 Terme vieilli. Trompette. À ce poëte des rois [Ronsard] la cour tresse un laurier royal ; le succès double son effort, sa joue enfle, il souffle sa trompe… et la France n'a plus rien à envier à l'ampoule espagnole, Michelet, Guerres de religion, p. 133.

    L'emploi en est resté dans la locution suivante : Publier à son de trompe, annoncer quelque chose au public, après l'avoir averti par le son d'une trompette. Gerson ajoute que la condamnation de l'erreur de Jean XXII fut publiée à son de trompe, en présence du roi, Dumarsais, Lib. Égl. gall. II, 8.

    Fig Publier une chose à son de trompe, l'annoncer à beaucoup de personnes, la divulguer. Je ferais publier à son de trompe…, Pascal, Prov. II. Il vaut mieux faire du bien en cachette qu'à son de trompe, Lesage, Est. Gonz. 6.

  • 2 Particulièrement. Instrument à vent composé d'un tuyau de cuivre ou d'argent tourné en cercle et dont on se sert à la chasse, dit aussi cor de chasse. Sonner de la trompe. Le bruit des chiens et des trompes qui sonnent, Tristan, M. de Chrispe, I, 3.

    Fig. Le vent de la mer Souffle dans sa trompe, Hugo, Voix, 24.

  • 3Petit instrument de fer qui a une languette au milieu et dont on tire du son en le mettant entre les dents, et en touchant la languette avec le bout du doigt ; on l'appelle plus ordinairement guimbarde.
  • 4Nez prolongé de l'éléphant, qui se recourbe à volonté, par comparaison de forme avec une trompette. L'éléphant se sert de sa trompe comme d'une main. De tous les instruments dont la nature a si libéralement muni ses productions chéries, la trompe est peut-être le plus complet et le plus admirable ; c'est non-seulement un instrument organique, mais un double sens, Buffon, Quadrup. t. IV, p. 260.

    Prolongement du nez du tapir.

  • 5Suçoir charnu, rétractile et protractile de certains insectes diptères. L'abbé Roffredi… a laissé Swammerdam et Réaumur loin derrière lui dans son mémoire sur la trompe du cousin, inséré dans le recueil de la Société de Turin, Bonnet, Lett. div. Œuv. t. XII, p. 186, dans POUGENS.
  • 6Espèce de tuyau armé de petites dents, que possèdent quelques mollusques.
  • 7Espèce de coquille de mer en spirale.
  • 8En architecture, portion de voûte en saillie, qui supporte une encoignure, une tourelle. On vient d'étayer rue Radziwil cette fameuse trompe ou console en pierre, qui tient suspendu, au-dessus du trottoir oriental de la susdite rue, l'angle nord-ouest de la galerie dorée de la Banque de France, l'Universel, 26 sept. 1869.

    Trompe de voûte, pierre ronde faisant partie des voussoirs d'une niche.

    Terme de menuiserie. Partie saillante en angle dont le dessous est échancré en creux.

  • 9 Terme d'anatomie. Trompe d'Eustache, canal en partie osseux, en partie fibro-cartilagineux et membraneux, dont une des extrémités se prolonge jusque dans la cavité du tympan, et dont l'autre, plus évasée, s'ouvre à la partie latérale et supérieure du pharynx.

    Trompe de Fallope, nom donné à deux conduits longs de 10 à 13 centimètres, qui naissent chacun de l'un des angles supérieurs de la matrice, et se portent à l'ovaire correspondant.

  • 10Machines soufflantes employées dans quelques forges ; elles se composent d'un canal vertical par lequel l'air est entraîné et conduit en un réservoir, par une chute d'eau.
  • 11Chez les artificiers, espèce de pot à feu.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et les trompes commencent à sonner trop merveilleusement, Villehardouin, LXX. Fesours de trompes, Liv. des mét. 360. À l'esmouvoir l'ost le roy, n'ot grant noise de trompes et de cors sarrazinois, Joinville, 226.

XVe s. Il n'est que le croc et la trompe, Pour vivre à l'ayse et dans la pompe, Rec. de farces, p. 129.

XVIe s. Il passa ces villes en chasseur, sa trompe en escharpe, Carloix, III, 9. La trompe du gantelet [les lames répondant au carpe et au métacarpe] fait à tornant avec le canon de l'avant-bras qui est à la main, Paré, XVII, 12. Les elephans ont le nez très long et creux comme une grande trompe, Paré, Monstr. app. 3. Il y a plus de trompeurs que de trompes, Cotgrave Nous pouvons dire que les elephants ont quelque participation de religion, d'autant qu'après plusieurs ablutions et purifications on les void haulsant, leur trompe, comme des bras, Montaigne, II, 179.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. tromba, trompa ; ital. tromba. D'après Diez, qui pense que l'anc. haut-allem. trumpâ, trompe, est d'origine romane, tromba représente le latin tuba, trompette, avec le renforcement d'une r, comme dans tronare, pour tonare ; il remarque en confirmation que l'ital. tromba a aussi, comme le latin tuba, le sens de conduit, tube. Mais les intermédiaires manquent.