« support », définition dans le dictionnaire Littré

support

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support

(su-por ; le t ne se lie pas ; au pluriel l's ne se lie pas : des su-por insuffisants ; cependant quelques-uns la lient : des su-por-z insuffisants) s. m.
  • 1Ce qui soutient une chose, l'objet sur lequel elle pose. Encore, assure-t-on, si l'histoire en est crue, Qu'en un de ses supports le temps l'avait rompue [une table], La Fontaine, Phil. et Baucis. Voyez ces énormes trophées qu'on a placés sous les chevaux de la terrasse des Tuileries ; quelle contradiction entre ces animaux ailés qui s'en vont à toutes jambes, et ces supports immobiles qui restent ! Diderot, Observ. sur la sculpt. Œuv. t. XV, p. 311, dans POUGENS. Plus une porcelaine est tendre au feu et susceptible de vitrification, plus elle a besoin de support, Raynal, Hist. phil. v, 27.

    Fig. Les figures sont les supports des abstractions, Rousseau, Ém. III.

  • 2Dans l'artillerie, support de pointage, pièce sur laquelle on prend appui avec des leviers, dans les affûts de place et de côte, pour soulever la culasse quand on pointe la pièce. Le support de pointage du mortier de 15 centimètres est la pièce sur laquelle repose le coin qui sert à pointer ce mortier.

    Support de vis de pointage : dans les affûts en fonte, c'est la pièce dans laquelle est encastré l'écrou de la vis de pointage.

    On a encore le support de timon, dans l'avant-train de campagne ; le support de perche mobile, dans le chariot de batterie ; le support de rond, dans le triquebale ; le support de demi-rond, dans le haquet.

    Dans les ponts militaires, corps de support, engins employés pour supporter le tablier du pont au-dessus de l'eau. Supports fixes, ce sont les chevalets, les pilotis ; supports flottants, bateaux, radeaux. Supports tournants : on nomme ainsi, dans les bateaux, des pièces en fer, mobiles autour d'une charnière, sur lesquelles on peut placer des madriers qui servent de siéges aux soldats qu'on veut transporter.

  • 3 Fig. Ce qui soutient comme fait le support pour ce qu'il a sur lui. Priam, qui vit ses fils abattus par Achille, Dénué de support…, Malherbe, VI, 18. Sans support, sans amis, sans retraite, sans bien, Corneille, Médée, I, 5. Puisque tu [cassette] m'es enlevée, j'ai perdu mon support, ma consolation, ma joie, tout est fini pour moi, et je n'ai plus que faire au monde, Molière, l'Av. IV, 7. La gloire du nom romain ne laissait pas d'être un grand support au peuple affligé, Bossuet, Hist. I, 9. Ce n'est pas des hommes qu'il est ennemi, mais de la méchanceté des uns et du support que cette méchanceté trouve dans les autres, Rousseau, Lett. à d'Alemb.
  • 4Action de supporter, c'est-à-dire patience, indulgence (sens vieilli). La vertu imparfaite succombe dans le support des imperfections d'autrui, Fénelon, Dial. 18. Si quelqu'un nous venait aujourd'hui débiter les rêveries de cet ancien, M. Jurieu ne se croirait obligé à aucun support, Bayle, Art. Arnobe, note c.
  • 5 S. m. pl. Terme de blason. Figures d'anges, d'hommes ou d'animaux qu'on représente aux deux côtés de l'écu d'armes, comme le supportant.

REMARQUE

Au sens du blason, Ménage dit que, de son temps, on prononçait suppôts, quoiqu'on écrivît supports. On trouve écrit suppôt dans la Bruyère, XIV : Quelle est la roture un peu heureuse et établie à qui il manque des armes et, dans ces armes, une pièce honorable, des suppôts, un cimier, une devise et peut-être le cri de guerre ? Mettez en regard de cette ancienne prononciation ces vers de Marot : Les destinées de trop ferme propos M'ont tost osté mon plus plaisant suppost [appui], v, 355.

HISTORIQUE

XVIe s. …à fin qu'estans destituez de tout support et aide, nous demeurions leurs esclaves ou leur proye, Lanoue, 607. Sans avoir autre support ny autre appuy ne moyen, que une langue librement parlante pour la raison et pour la justice, Amyot, Arist. et Cat. 2. Le premier Amurath, pour aigrir la punition contre ses subject, qui avaient donné support à la parricide rebellion de son fils, Montaigne, III, 249.

ÉTYMOLOGIE

Voy. SUPPORTER.