« sceller », définition dans le dictionnaire Littré

sceller

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sceller

(sè-lé) v. a.
  • 1Appliquer le sceau à une lettre de chancellerie. On employa depuis le mois de février de l'année 1634 jusqu'à celui de l'année suivante 1635, à lui donner [à l'Académie française] la forme qu'elle devait avoir, à dresser les statuts, et à faire sceller l'édit de son érection, Pellisson, Hist. de l'Acad. I. Il dit en scellant la révocation du fameux édit de Nantes, qu'après ce triomphe de la foi et un si beau monument de la piété du roi, il ne se souciait plus de finir ses jours, Bossuet, le Tellier. Il lui est ordonné [à Daniel] de sceller le livre et de le tenir fermé jusqu'au temps ordonné de Dieu, afin de nous faire entendre que la pleine découverte de ces vérités [la résurrection des morts et la vie future] était d'une autre saison et d'un autre siècle, Bossuet, Hist. II, 6. Il apprenait alors à prononcer des arrêts, à sceller des grâces, Fléchier, le Tellier.

    Absolument. Sceller en cire jaune, en cire rouge. Il y a des princes qui scellent en or et en argent. Les papes scellent en plomb dans quelques occasions. Le roi scellera demain, avec dix conseillers d'État et quatre maîtres des requêtes [en place du chancelier mort], Sévigné, 5 févr. 1672.

  • 2Appliquer les scellés. Le juge de paix a scellé toutes les armoires.
  • 3 Terme de maçonnerie. Fixer l'extrémité d'une pièce de bois ou de métal dans un mur, dans la pierre ou dans le marbre, avec du plomb, du plâtre, du mortier, etc. Sceller un balcon. Sceller un crochet. Suis-je bien assuré que le sépulcre a été scellé, et qu'on y a placé des gardes ? Bonnet, Paling. XIX, 6.

    Terme de paveur. Mettre du mortier sous et entre les pavés.

  • 4Sceller un vase, une bouteille, les boucher avec une espèce de mastic.

    Terme de chimie. Sceller hermétiquement un vaisseau de verre, en fermer le col en en faisant fondre les bords à la lampe de l'émailleur ; ce qui les agglutine, de telle sorte que rien ne puisse y entrer et que rien n'en puisse sortir.

  • 5 Fig. Confirmer, affermir. Ils ont scellé de leur sang les vérités qu'ils ont annoncées, Bossuet, Serm. Quinq. 2. Il [Jésus] les oblige [les apôtres] à sceller leur témoignage de leur sang, Bossuet, Hist. II, 6. N'appréhendez rien pour elle [Madame mourante] ; quelque cruelle que la mort vous paraisse, elle ne doit servir à cette fois que pour accomplir l'œuvre de la grâce, et sceller en cette princesse le conseil de son éternelle prédestination, Bossuet, Duch. d'Orl. Puis-je ne point chérir l'heureuse occasion D'aller du sang troyen sceller notre union ? Racine, Iph. III, 3. Non, dit-il [Charondas], je ne les viole pas [mes lois qui défendent de paraître armé en une assemblée du peuple] ; mais je les scellerai de mon sang ; et sur-le-champ il se tua de son épée, Rollin, Hist. anc. Œuvr. t. III, p. 481, dans POUGENS. Un dernier affaissement [chez le duc d'Orléans] aurait scellé la pierre du sépulcre où il serait enfermé tout vivant, Saint-Simon, 253, 148. Sénèque ne ferme presque pas une de ses lettres sans la sceller de quelques maximes d'Épicure, Diderot, Claude et Nér. II, 4. En vain des baisers sans ivresse Ont scellé des serments sans foi, Béranger, Rossig.
  • 6Se sceller, v. réfl. Être scellé. Marot se plaignait qu'on ne scellât pas le brevet de sa pension, tandis que tant d'autres se scellaient.

HISTORIQUE

XIe s. Al premer an [il] fist ses brefs seieler, Ch. de Rol. CLXXXV.

XIIe s. En l'oré pont [poignée d'épée] [il] la fit bien seeler [une relique], Ronc. p. 111.

XIIIe s. Quand les chartres furent faites et seelées, Villehardouin, XIX. Letres [ils] lui ont baillie en cire seelée, Berte, LXVIII. La queue est en l'eve gelée Et en la glace seellée, Ren. 1168. N'en poroit estre un solz quarelz osteiz, Tant est li uns an l'autre saeleiz, Gerard de Vienne, p. 3228. Il [le testament] doit estre seelés du seel autentique, ou de plusors seax de nobles personnes, Beaumanoir, XII, 9.

XVe s. Repondit aux Flamands [Édouard III] que s'ils lui vouloient jurer et seeller qu'ils aideroient à parmaintenir sa guerre…, Froissart, I, I, 96.

XVIe s. Les sacrements sont comme seaux, desquels les promesses de Dieu sont seellées, Calvin, Instit. 1043. Il avoit enfermé un poinçon de poudre dans l'espesseur d'une muraille, avec l'amorce entre deux tuiles bien scellée comme il faut, D'Aubigné, Hist. II, 410. Philippus songea qu'il seelloit le ventre de sa femme, et que l'engraveure du seel dont il le seelloit, estoit la figure d'un lion, Amyot, Alex. 2.

ÉTYMOLOGIE

Lat. sigillare, de sigillum, sceau ; wallon, sâielé, étalonner, imprimer une marque.