« revêche », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
revêche
- 1Qui est comme à rebours.
On dit du fer, qu'il devient revêche, lorsque, étant mis au feu pour être travaillé, il s'endurcit au recuit.
Diamant revêche, diamant auquel on ne peut faire prendre le poli dans toutes ses parties.
On dit dans un sens analogue : marbre revêche.
Il y a des marbres revêches dont le travail est très difficile ; les ouvriers les appellent marbres fiers, parce qu'ils résistent trop aux outils
, Buffon, Min. t. II, p. 18. - 2âpre au goût. Du vin revêche. Des poires revêches.
- 3 Fig. Peu traitable, rébarbatif.
Revêche à mes raisons, il se rend plus mutin
, Régnier, Sat. X.Il s'était défié de Callisthène comme d'un esprit revêche
, Vaugelas, Q. C. VIII, 6.Et vous, esprits revêches, humeurs grossières et fâcheuses, apprenez à vous vaincre
, Bossuet, Instr. aux ursul. sur le silence, II.C'est un ami que je veux conserver ; et vous avez quelquefois le ton dur et revêche, Lisette : il valait mieux le laisser dire
, Marivaux, le Legs, sc. 6.Catherine était grande, maigre, mise blanchement, et portant sur sa mine l'air d'une dévotion revêche, en colère, et ardente,
Marivaux, Pays. parv. part. 1.Elle a un certain air revêche qu'on est flatté d'apprivoiser
, Mme du Deffant, Lett. à H. Walpole, t. I, p. 93, dans POUGENS.Le singe est indocile autant qu'extravagant ; sa nature est en tout point extrêmement revêche
, Buffon, Quadrup. t. IV, p. 169.Il est vrai que l'encens était habilement préparé pour chatouiller la modestie revêche du Caton rigide [le duc de Montausier] à qui Despréaux avait besoin de plaire
, D'Alembert, Éloges, Despréaux.Substantivement.
Il faut y joindre encor la revêche bizarre, Qui sans cesse, d'un ton par la colère aigri, Gronde, choque, dément, contredit un mari
, Boileau, Sat. X. - 4 S. f. Anciennement, étoffe de laine, espèce de ratine frisée à poil long.
Revêches non croisées, façon d'Angleterre,
Tabl. annexé aux lett. pat. du 22 juillet 1780.On a dit aussi reverse :
pinchinats ou reverses,
Tabl. ann. aux lett. patent. du 18 sept. 1780, Auch.
HISTORIQUE
XIIIe s. La felonnesse, la revesche Atropos qui tout empeesche
, la Rose, 20002. Des qu'as nues lassus amont Saillent et volent les flamesches ; Lors est si fiers et si revesches Li grant brasier et la grant flame…
, Gautier de Coincy, p. 248.
XVe s. Plus lui fist de derision Sa femme crueuse et perverse, Et plus son couraige reverse, Que chose qu'il eust à souffrir
, Deschamps, Poésies mss. f° 532. À laquelle chose il mit moult grand'peine ; car moult le trouvoit dur et revesche
, Boucic. I, 27.
XVIe s. Ce Tissaphernes, qui au demeurant estoit homme revesche, se laissa si bien aller à ses flatteries…
, Amyot, Alc. 47. Vin revesche
, Cotgrave † Le lieu de l'execution estoit dans la salle, au milieu de la quelle on avoit dressé un echafaut large de douze pieds en quarré, et haut de deux, tapissé de meschante revesche noire
, Brantôme, Dames illust. p. 147, dans LACURNE. Des bons draps unis et forts, des burats, des reverches, des cordillats
, De Serres, 883.
ÉTYMOLOGIE
Poitev. roueinche, revêche, âpre au goût ; portug. revesso ; selon Diez, du lat. reversus, retourné, contraire ; l'historique, où revesche, reverse, reverche sont pris l'un pour l'autre, montre que cette étymologie est bonne. Revesche est l'équivalent de l'ital. rivescio, l'envers, qui représente le lat. reversus.