« retenu », définition dans le dictionnaire Littré

retenu

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

retenu, ue

(re-te-nu, nue) part. passé de retenir
  • 1Conservé, gardé. Comme si les Juifs renonçaient eux-mêmes à leur espérance, ils oublient précisément en ce temps la succession des familles, jusques alors si soigneusement et si religieusement retenue, Bossuet, Hist. II, 10.
  • 2Imprimé dans la mémoire. Des paroles fidèlement retenues.
  • 3Maintenu en place. Un corps pesant qui n'est pas retenu tombe. Des bois retenus par une seule de leurs extrémités, Buffon, Hist. nat. part. exp. Œuv. t. VIII, p. 184.
  • 4Arrêté, qu'on ne laisse pas aller. Retenu au lit par la goutte. Et la foudre qui va partir, Toute prête a crever la nue, Ne peut plus être retenue Par l'attente du repentir, Corneille, Poly. IV, 2. Quand la reine Cléopâtre vit son mari pris et retenu par les Parthes, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. IX, p. 338, dans POUGENS. Quel indigne soldat voudrait briser sa chaîne, Alors que dans les fers son chef est retenu ? Voltaire, Zaïre, II, 1.
  • 5Empêché de s'étendre, de se manifester. La violence du parti réformé, retenue sous les règnes forts de François ler et de Henri II, Bossuet, 5e avert. 5. Tout ce qu'aux cœurs l'un de l'autre contents Inspirent des transports retenus si longtemps, Racine, Bér. I, 5. Ce torrent retenu peut s'ouvrir un passage, Voltaire, Fanat. III, 8.
  • 6Cheval retenu, cheval qui ne part pas franchement de la main, et qui saute au lieu d'avancer.
  • 7 Fig. Modéré, sage, circonspect. Le débauché se rit des sermons de son père, Et, dans vingt et cinq ans, venant à se changer, Retenu, vigilant, soigneux et ménager, De ces mêmes discours ses fils il admoneste, Régnier, Sat. V. Et puis je suis plus retenu à cette heure ; car il me souvient que vous m'avez reproché beaucoup de fois, que je vous engage toujours avec des amants que vous ne voulez pas, Voiture, Lett. 59. Il m'a paru, seigneur, si froid, si retenu, Corneille, Suréna, III, 1. Y eut-il jamais homme plus sage et plus prévoyant, qui conduisît une guerre avec plus d'ordre et de jugement… qui fût plus agissant et plus retenu… ? Fléchier, Turenne. En comparaison de tous mes confrères les satiriques, j'ai été un poëte fort retenu, Boileau, Disc. sur la satire. Non, non, dans leurs discours ils sont [les Romains] plus retenus, Racine, Brit. IV, 4. Marie elle-même jusque-là si retenue sur les merveilles que Dieu avait opérées en elle, Massillon, Myst. Visitation.

    Retenu à, avec un infinitif. Il faut être extrêmement circonspect et très retenu à prononcer sur les ouvrages de ces grands hommes, Racine, Iphig. Préf. M. Méry était si retenu à former ou à adopter des systèmes qu'il hésitait à…, Fontenelle, Méry. Auguste fut fort retenu à accorder le droit de bourgeoisie romaine, Montesquieu, Rom. 13.

    Substantivement. Je fais le retenu aussi bien que vous, Guez de Balzac, liv. V, lett. 20.

    Il se dit aussi des sentiments, des manières. Échauffez mes transports trop lents, trop retenus, Racine, Phèd. IV, 4. Le jeu retenu [au théâtre] demande une vive expression dans les yeux et dans les traits, Marmontel, Œuv. t. VI, p. 323.