« mulet », définition dans le dictionnaire Littré

mulet

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mulet [1]

(mu-lè ; le t ne se lie pas ; au pluriel, l's se lie : des mu-lè-z agiles) s. m.
  • 1Quadrupède engendré d'un âne et d'une jument, ou d'un cheval et d'une ânesse, et qui n'engendre point, ou du moins qui, lors même qu'il engendre, ne peut faire race ; on accuse le mulet d'être fort têtu. Mulet de bât. Mulet de selle. Et vous qui de grand matin Galoppez tout hors d'haleine Comme mulets au moulin, Puis après à la fontaine… Pièce de 1619, dans FR. MICHEL, Argot. Le mulet d'un prélat se piquait de noblesse, Et ne parlait incessamment Que de sa mère la jument, Dont il contait mainte prouesse, La Fontaine, Fabl. VI, 7. Scapin : Il me faut encore, a-t-il dit, un mulet pour porter… - Argante : Oh ! qu'il aille au diable avec son mulet !… - Scapin : Monsieur, un petit mulet ! - Argante : Je ne lui donnerais pas seulement un âne, Molière, Scapin, II, 8. On sait que les mulets ont souvent produit dans les pays chauds, l'on en a même quelques exemples dans nos climats tempérés, Buffon, Quadrup. t. IX, p. 228.

    Fig. Cyrus était le mulet dont l'oracle avait voulu parler, parce qu'il tirait sa naissance de deux différents peuples, étant persan par son père et mède par sa mère, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. II, p. 228, dans POUGENS.

    Grand mulet, ou mulet proprement dit, celui qui provient de l'accouplement de l'âne avec la jument ; petit mulet ou bardeau, celui qui provient de l'accouplement du cheval avec l'ânesse.

    Chargé comme un mulet, se dit de quelqu'un qui porte de lourds fardeaux, ou fig. qui essuie de grandes fatigues.

    Être têtu comme un mulet, être fort opiniâtre.

    Fig. Garder le mulet, attendre longtemps quelqu'un avec ennui et impatience. On aurait grand tort, si on vous reprochait que vous avez gardé le mulet au camp de Thionville ; au diable le mulet que vous avez gardé, Voiture, Lett. 144. Nous nous sommes lassés de garder le mulet, Th. Corneille, Baron d'Albikrac, IV, 5.

    Fig. Faire garder le mulet, faire attendre quelqu'un, pendant que l'on est en quelque partie de plaisir.

    Rembourré comme un bât de mulet, se dit d'un homme qui a beaucoup d'habits les uns sur les autres.

  • 2Nom générique donné au produit d'accouplement de deux individus d'espèce et de race différentes ; il est synonyme de métis et d'hybride.
  • 3En botanique, toute plante qui est le produit d'une semence fécondée par la poussière d'une plante d'une autre espèce. J'ai indiqué quelques expériences qui ont été tentées sur les mulets végétaux…, Bonnet, Idées féc. plant. Œuv. t. X, p. 83, dans POUGENS.
  • 4 Terme de vénerie. Se dit d'un cerf qui a mis bas son bois et qui n'a pas encore de refait.
  • 5Se dit quelquefois des abeilles et des guêpes de la classe des ouvrières, qui sont stériles. Des trente ou quarante mille mouches que la mère abeille produit, il n'y en a qu'un très petit nombre de femelles, quinze cents ou deux mille mâles, et tout le reste ne sont que des mulets… incapables de produire, Buffon, Hist. anim. ch. I.
  • 6Mulet fécond de Daourie, solipède du genre cheval.
  • 7Mulet à feu, ancienne pièce d'artillerie.

HISTORIQUE

XIe s. Les diz mulez fait Charles establer, Ch. de Rol. X.

XIIe s. Li clers i vient sur un mulet amblant, Ronc. 163.

XIIIe s. Asnes, mulez, chamel por homme Jamès ne porteroient somme, la Rose, 18007.

XVIe s. Quelque chose qu'en disent les moines de Sainte Genevieve, auxquels il joua un tour de mulet, Yver, 602. Courteaux, mulets de coffres, et aultres chevaux de somme et de bagaige, Carloix, V, 1. Le mulet garde longuement coup de pied à son maistre, De Serres, 312. Il m'avoit donné le coup de pied de mulet, et fait le tour d'un ami ingratissime, Brantôme, Capit. franç. t. IV, p. 311, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Diminutif de l'anc. franç. mul, qui vient du lat. mulus, mulet ; provenç. mulet ; espagn. muleto ; ital. muletto.