« magnificence », définition dans le dictionnaire Littré

magnificence

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magnificence

(ma-gni-fi-san-s') s. f.
  • 1Qualité de celui qui est magnifique. Le Seigneur ne fera voir sa magnificence qu'en ce lieu-là, Sacy, Bible, Isaïe, XXXIII, 21. Et pour définir en quoi consiste la magnificence, on verra qu'elle paraît dans les grands travaux consacrés à l'utilité publique, dans les ouvrages qui attirent de la gloire à la nation, qui impriment du respect aux sujets et aux étrangers et rendent immortels les noms des princes, Bossuet, Polit. V, IV, 2. Ces deux rois [de France et d'Espagne] avec leur cour, d'une grandeur, d'une politesse et d'une magnificence aussi bien que d'une conduite si différente, Bossuet, Mar.-Thér. Elle eut une magnificence royale ; et l'on eût dit qu'elle perdait ce qu'elle ne donnait pas, Bossuet, Reine d'Anglet. Jetez les yeux de toutes parts : voilà tout ce qu'a pu faire la magnificence et la piété pour honorer un héros, Bossuet, Louis de Bourbon. Chantez, louez le Dieu que vous venez chercher ; Tout l'univers est plein de sa magnificence, Racine, Ath. I, 4. La magnificence est la passion des dupes, Maintenon, Lett. à M. d'Aubigné, 26 sept. t. I, p. 145, dans POUGENS. Les rois sont condamnés à la magnificence, Delille, Jard. I.
  • 2Qualité de ce qui est magnifique. La magnificence d'un temple, d'un palais. C'est enfin aujourd'hui que finit la longue magnificence de la noce de Mlle de Louvois ; il y a deux mois qu'elle est exposée au public, Sévigné, 19 avr. 1694. Cette chapelle royale qu'elle fit bâtir avec tant de magnificence, Bossuet, Reine d'Anglet. La magnificence du culte extérieur a beaucoup de rapport à la constitution de l'État, Montesquieu, Esp. XXV, 7. Avec quelle magnificence la nature ne brille-t-elle pas sur la terre ! Buffon, Quadrup. Œuvres, t. IV, p. 9. Lorsqu'on leur demandait pourquoi cette profusion inutile de germes, ils répondaient que c'était la magnificence ordinaire de la nature…, Buffon, Hist. anim. ch. 5, Œuvres, t. III, p. 227.
  • 3 Fig. Qualité dans le style, dans les beaux-arts, comparée à la magnificence des choses. La magnificence du style, des idées, des expressions, des images. J'y ai jeté, autant que j'ai pu, la magnificence des mots, et, à l'exemple des anciens poëtes dithyrambiques, j'y ai employé les figures les plus audacieuses, Boileau, Disc. sur l'ode. Je ne prétends pas dans une traduction si littérale avoir fait sentir toute la force de l'original, dont la beauté consiste principalement dans le nombre, l'arrangement et la magnificence des paroles, Boileau, Longin, Subl. Réfl. VIII. La magnificence des éloges a égalé celle des événements, Massillon, Or. fun. Louis le Grand. Les pensées sublimes sont rares, et ne peuvent être suppléées, ni par la magnificence des mots, cette magnificence si pauvre quand celle des choses n'y répond pas, ni par ce beau désordre qu'on n'a pu jusqu'ici bien définir, D'Alembert, Réfl. sur la poés. Œuv. t. IV, p. 106, dans POUGENS. Eschyle avait conservé dans son style les hardiesses du dithyrambe, et Sophocle la magnificence de l'épopée, Barthélemy, Anach. ch. 69.
  • 4 Au plur. Objets magnifiques, dépenses éclatantes, largesses. L'empereur m'honorant de ses magnificences, Je ne les reçus pas comme des récompenses, Rotrou, Bélis. V, 3. Il [le roi] ne trouva partout que médiocrité, Louanges du désert et de la pauvreté ; C'étaient là ses magnificences [du berger devenu ministre], La Fontaine, Fabl. X, 10. On a donné cent millions de gratifications ; deux mille pistoles à M. de Lavardin, autant à M. de Molac… enfin des magnificences, Sévigné, 6 sept. 1671. Rien n'est égal aux magnificences que la maréchale de Rochefort porte à cette princesse [la future Dauphine], Sévigné, 24 janv. 1680. Rappelez-vous seulement les traités, les magnificences, les événements pompeux des premières années de ce règne [de Louis XIV], Massillon, Carême, Mort. Mille créanciers malheureux souffrant de vos profusions et de vos magnificences, Massillon, Carême, Pâques.

HISTORIQUE

XIIIe s. Magnificence vaut autant à dire comme grandor, et ce est une vertu qui noz fait acomplir les grans choses et nobles de grant afaire, Latini, Trésor, p. 397. Magnificence est une vertus qui oevre par richesces, grans dispenses et grans maisons, Latini, ib. p. 285.

XIVe s. Si li jeu n'estoient par grant magnificence restauré… , Bercheure, f° 40, verso. Aornez de nos royaux aornemens. il chevauche là en grant magnificence, Bercheure, f° 30, recto. Les cielz nous monstrent la magnificence de Dieu, Oresme, Thèse de MEUNIER.

XVe s. Et une si terrible armée Et de si grant magnificence, Myst. du siége d'Orléans, p. 750.

XVIe s. Ils se mocquoient ouvertement des excessives magnificences du pape, D'Aubigné, Hist. 11, 82. … Et va dire à l'abbé, sans oublier les reverences, excellences et magnificences…, Despériers, Contes, X. Magnificence, Palsgrave, p. 56 (qui dit qu'on prononce manificence).

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et esp. magnificencia ; ital. magnificenzia ; du lat. magnificentia (voy. MAGNIFIER).