« garantir », définition dans le dictionnaire Littré

garantir

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

garantir

(ga-ran-tir) v. a.
  • 1Se rendre garant, répondre d'une chose. Garantir une créance. L'Angleterre et la France ont garanti ce traité.
  • 2Assurer pour un temps la bonté, la qualité d'une marchandise. Garantir une citerne pour quatre ans.

    On dit en un sens analogue : Le marchand garantit ces gants de Grenoble, c'est-à-dire qu'ils sont de Grenoble. Je vous garantis ce cheval de tout défaut.

  • 3 Par extension, rendre sûr, indubitable. Le contrôle garantit le titre des pièces d'or et d'argent. Cela vous garantit de son zèle. Et tous les dieux enfin, témoins de nos tendresses, Garantiront la foi de mes saintes promesses, Racine, Phèdre, V, 1. Qui peut vous garantir qu'une révolution subite ne vous fera pas expirer ? Massillon, Carême, Impén.
  • 4Affirmer, certifier. Parbleu, je la garantis détestable [une comédie], Molière, Critique, 6. J'ignore ce qu'au fond le serviteur peut être ; Mais pour homme d'honneur je garantis le maître, Molière, Tart. I, 1. Pour cela, lui répondis-je, je vous le garantis, Fontenelle, les Mondes, 2e soir. J'ai porté le nombre d'habitants qui composent l'empire de Russie à vingt-quatre millions sur les mémoires qui m'ont été envoyés ; mais je n'ai point garanti cette évaluation ; car je connais très peu de choses que je voulusse garantir, Voltaire, Dict. phil. Dénombrement.

    Familièrement Je vous le garantis, soyez-en sûr. Ah ! je saurai le démasquer, je vous le garantis, Genlis, Théât. d'éduc. le Méchant, IV, 4.

  • 5Défendre quelqu'un contre une demande. Garantir quelqu'un de toutes poursuites.

    Indemniser quelqu'un du tort qu'il souffre par une éviction, par une condamnation, etc.

  • 6Mettre à l'abri. Ce paravent nous garantit du froid. Garantir quelqu'un du besoin. Le même, Quand on m'offenserait, me pourrait garantir, Malherbe, I, 4. Ce sang qui tant de fois garantit vos murailles…, Corneille, Cid, II, 9. En vain d'un sort si triste on les veut garantir, Corneille, Hor. III, 2. Un lâche repentir garantira sa tête ! Corneille, Cinna, II, 2. Garantissez ma sœur des fureurs de Phocas, Corneille, Héracl. III, 1. Après que ma couronne a garanti vos têtes, Corneille, Sertor. II, 2. C'est à vous à me garantir du plus grand de tous les maux, Sévigné, 333. Il s'efforce en secret de vous en garantir, Racine, Alex. I, 1.

    Absolument. Cette peine corporelle garantirait de l'éternelle, Pascal, dans COUSIN.

    Garantir une chose, prendre les précautions nécessaires pour qu'elle ne soit pas endommagée. Je n'entends pas qu'il [l'enfant] aille peloter dans nos tripots, ni qu'on charge sa petite main d'une raquette de paumier, mais qu'il joue dans une salle dont on aura garanti les fenêtres, Rousseau, Ém. II.

  • 7Se garantir, V. réfl. Certifier qu'on aura ceci ou cela Demain je me garantis adorée, Marivaux, Jeux de l'am. et du has. Il, 1.
  • 8Se mettre en sûreté. Il sut se garantir du péril.

    Absolument. Par ce moyen Ésope se garantit ; ses accusateurs furent punis doublement, pour leur gourmandise et pour leur méchanceté, La Fontaine, Vie d'Ésope.

REMARQUE

On dit, dans le sens de rendre sûr, certain, garantir avec que : Je vous garantis qu'il arrivera ; je ne vous garantis pas qu'il vienne à temps. Mais on ne le dit pas avec de et l'infinitif ; Je vous garantis d'avoir son adresse n'est pas français ; il faut : Je vous garantis que j'aurai son adresse.

SYNONYME

GARANTIR, PRÉSERVER. Garantir, c'est servir de garant, de caution ; préserver, c'est sauver de quelque péril qui menace. Jusque-là les deux significations sont très distinctes ; mais, si on passe à l'extension de sens que garantir prend quand il signifie protéger, mettre à l'abri, on trouve qu'il se confond grandement avec préserver. La vaccine garantit ou préserve de la petite vérole ; le sens est le même, et l'usage ne peut y découvrir aucune différence.

HISTORIQUE

XIe s. Li nostre Deus ! guarantisez Charlon, Ch. de Rol. CCXXXVII. Mon jugement vuil [je veux] sempres guarantir [soutenir], ib. CCLXXIX.

XIIe s. Escu ne broigne [cuirasse] ne li put garentir, Ronc. p. 60. Là se combat chascuns pour garantir sa pel, Sax. IX.

XIIIe s. Mais Diex l'a garanti et la Vierge honorée, Berte, XLVI. Mais par ceste mensonge, vers lui [contre lui] [je] me garanti, ib. CXVIII. Après Dieu [je] sui par eus de la mort garantie, ib. CXXVIII. Qui fust en la bataille peüst grant noise oïr ; Guillermes traist l'espée por son cors garandir, Chans. d'Ant. III, 103. …Se li chevaliers traist le fet à li, il garantist les escuiers, qu'il n'en paient point d'amende, Beaumanoir, XXX, 58. Au tans que li François vivoient en francisse, Par els fu mainte terre garandisse et conquise, Et faisoient li roi dou tout à lor devise, Rutebeuf, 234. Et dedans cele arche garanti il [Noë] lui et sa maisnie, Latini, Trésor, p. 28.

XIVe s. Vuidez trestous de ci ! nous serons attrapez ; Ne vous garantiront les murs ne les fossez, Guesclin. 18568.

XVe s. Il fit ses gens retraire au mieux qu'il put ; et les defendoit en retraiant et garantissoit le mieux qu'il pouvoit, Froissart, I, I, 156.

XVIe s. Tout entier je ne mourray pas, De moy la meilleure partie De la mort sera garentie, Du Bellay, J. IV, 80, recto. Garantir un danger par une effrontée mensonge, Montaigne, I, 37. Sa doulceur ne le sceut garantir qu'il ne cheust depuis aux laqs de pareille trahison, Montaigne, I, 130. Incité d'un appetit de mourir courageusement pour garantir sa honte passée, Montaigne, I, 263. Faisants pour garantir leur mort toutes les choses qu'on faict pour garantir sa vie, Montaigne, II, 37.

ÉTYMOLOGIE

Garant ; wallon, werâdi ; provenç. garentir, guirentir ; espagn. et portug. garantir ; ital. guarentire, guarantire.