« four », définition dans le dictionnaire Littré
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four [1]
- 1Ouvrage de maçonnerie rond et voûté, où l'on fait cuire le pain. Chauffer le four.
Chaque jour il allait visiter les fours, goûter le pain, et s'assurer de la régularité de toutes les distributions
, Ségur, Hist. de Nap. v, 1.Four banal, four auquel les habitants d'une certaine circonscription étaient obligés d'envoyer cuire leur pain sans pouvoir le faire cuire chez eux.
Donner le four trop chaud à du pain, à de la pâtisserie, mettre cuire le pain ou la pâtisserie dans un four trop chauffé.
Four de campagne, four portatif.
En un autre sens. Four de campagne, ustensile de ménage, espèce de couvercle en tôle, à double rebord, dont l'un, plus creux, emboîte le plat, et dont l'autre reçoit des charbons allumés ; ce couvercle se met sur les casseroles ou plats de cuivre pour les envelopper de chaleur comme dans un four.
Pièce de four, gâteau et autre pièce de pâtisserie cuite au four.
Du laitage, quelque pièce de four
, Rousseau, Ém. II.Petits fours, sorte de petite pâtisserie légère pour desserts, pour soirées, etc.
Familièrement. Il y fait chaud comme dans un four, et, absolument, c'est un véritable four, se dit d'un endroit où il fait une très grande chaleur.
Il y fait noir comme dans un four, on y voit comme dans un four, se dit d'un lieu très obscur.
Elle est grande comme un four, se dit d'une bouche très fendue.
… En ouvrant la bouche aussi grande qu'un four, à force de bâiller
, Scarron, Rom. com. I, 6. - 2L'endroit où est le four. Aller au four.
- 3Lieux voûtés et ouverts par en haut, où l'on fait cuire la chaux, le plâtre, etc.
Four à poulet, endroit clos où l'on entretient une température constante, suffisante pour faire éclore les œufs.
J'ai vu les pyramides et n'en ai point été émerveillé ; j'aime mieux les fours à poulets, dont l'invention est, dit-on, aussi ancienne que les pyramides
, Voltaire, Déf. de mon oncle, ch. 21. - 4Coffre en tôle fermé par une porte, placé au-dessus du foyer d'un poêle.
- 5Cul de four, espèce de voûte cintrée en élévation dont le plan est ovale ou circulaire.
- 6Fours à cristaux, cavités tapissées de cristal de roche, dans les Alpes.
- 7Ancien terme de marine.
Petit retranchement fait en arrière de la soute aux poudres, et justement dans les façons qui sont formées par les fourcats,
Jal † - 8 Terme de théâtre. Faire four, se disait des comédiens qui refusaient de jouer et renvoyaient les spectateurs quand la recette ne couvrait pas les frais.
Aujourd'hui, se dit d'un comédien ou de tout autre qui échoue, d'un livre, d'une entreprise qui ne réussit pas.
On dit dans le même sens : C'est un four ; on ne s'attendait pas à un four aussi complet.
- 9Four s'est dit aussi des loges du cintre d'un théâtre, qui ont en effet la forme d'un four.
PROVERBES
Vous viendrez cuire à mon four, c'est-à-dire vous aurez besoin de moi, et je me vengerai.
Ce n'est pas pour vous que le four chauffe, c'est-à-dire la chose, l'affaire n'est pas pour vous. On dit que cette Voisine mettait dans un four tous les petits enfants dont elle faisait avorter ; et M. de Coulanges, comme vous pouvez penser, ne manque pas de dire, en parlant de la Tingry [dame soupçonnée de se faire avorter], que c'était pour elle que le four chauffait
, Sévigné, 31 janv. 1680.
On ne peut pas être à la fois au four et au moulin.
REMARQUE
Four dans le sens de chute complète au théâtre : Rochefort, dans ses Souvenirs d'un vaudevilliste, à l'article THÉAULON, attribue l'origine de cette expression à ce que cet auteur comique avait voulu faire éclore des poulets dans des fours à la manière des anciens Egyptiens, et que son père, s'étant chargé de surveiller l'opération, n'avait réussi qu'à avoir des œufs durs. C'est depuis cet incident burlesque, ajoute-t-il, que les auteurs disent qu'une pièce fait four quand elle éprouve une chute complète. Cette origine n'est pas exacte, puisque l'expression dans le sens ancien est antérieure à Théaulon. Il est possible qu'elle ait été remise à la mode depuis quelques années et avec un sens nouveau, qui peut avoir été déterminé par le four de Théaulon, mais c'est ailleurs qu'il faut en chercher l'explication : les comédiens, refusant de jouer et renvoyant les spectateurs, c'est là le sens primitif, faisaient four, c'est-à-dire rendaient la salle aussi noire qu'un four.
HISTORIQUE
XIe s. Les treis enfanz tout en un forn ardent
, Ch. de Rol. CCXXIV.
XIIIe s. Fours, quant il vient en pris, doit estre prisiés en le [la] maniere que nos deismes dessus des edefices ; car c'est edefices
, Beaumanoir, XXVII, 21.
XIVe s. [Il] Mina moult fierement le mur anciseour [ancien], Qu'un trou y fist plus grant que la gueule d'un four
, Guesclin. 20215. Le four du cors [clibanus corporis], c'est l'estomac
, H. de Mondeville, f° 84.
XVe s. Et descendoit si grant chaleur du ciel, que proprement il estoit avis à ceux qui estoient en leurs armures, qu'ils fussent en un four
, Froissart, III, IV, 20. Au four et au moulin oyt l'en les nouvelles
, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 197. J'ai veu qu'il pleuvoit et gresloit et faisoit noir comme en ung four, que le pouvre homme venoit tout à pié, affin qu'il ne fust aperceu
, Les 15 joyes du mariage, p. 124. Les fous à estas elever, Les saiges laisser en destour, Les vaillans mettre au cul du four, Faire inimisté et deraison…
, Deschamps, Comment le roi aura juste maison.
XVIe s. Cet effort inutile à ce qu'il pensoit, lui donna ce qu'il n'esperoit point, assavoir les fours que les nostres faisoient pour faire sauter la contr'escarpe et le logement qui estoit dessus
, D'Aubigné, Hist. I, 245. Four de reverberation… fours secrets des philosophes, œuf des philosophes, cornue…
, Paré, t. III, p. 638. À faire la gueule d'un four sont trois pierres necessaires
, Rabelais, IV, Prologue. La bonne femme ne sercheroyt jamais sa fille au four, si elle n'y eust esté paravant elle-mesmes
, Palsgrave, p. 708. Pensez que, s'il y a rompture, vous serez [Marguerite de Valois] la premiere qui en portera la paste au four et qui en aura plus de dommage
, Lett. de Louis XII, t. I, p. 195, dans LACURNE. À pauvres gens la paste gele au four
, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 197.
ÉTYMOLOGIE
Bourguign. for ; normand, foui (Orne) ; provenç. forn ; espagn. horno ; ital. forno ; du latin furnus, que les étymologistes rapprochent de formus, chaud, du grec θερμὸς, et du sanscrit gharma.