« exploiter », définition dans le dictionnaire Littré
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exploiter
- 1 Terme d'agriculture et d'industrie. Faire valoir, tirer le produit. Exploiter une ferme, un chemin de fer, une papeterie, un journal, un brevet, un théâtre.
Dans une habitation établie sur un bon sol et suffisamment pourvue de noirs, de bestiaux, de toutes les choses nécessaires, deux hommes exploitent un carré de cannes, c'est-à-dire cent pas géométriques en tout sens
, Raynal, Hist. phil. XI, 30.Toutes les mines du Pérou étaient originairement exploitées par le moyen du feu ; dans la plupart on lui substitua en 1571 le mercure
, Raynal, ib. VII, 30.On a dit dans le même sens exploiter de ses mains, locution qui n'est plus guère usitée.
Exploiter des bois, abattre, façonner et débiter les bois dans la forêt.
M. de Marcellus chérit le souvenir des Druides, et, pour cela, ne veut pas qu'on exploite aucun bois
, Courier, I, 180. - 2 Par extension, tirer profit ou bon parti de quelque chose considéré comme objet d'exploitation. Exploiter la curiosité publique.
C'est une mine d'or que cette idée, entre des mains qui sauront l'exploiter
, Rousseau, Lett. à d'Ivernois, Corresp. t. VI, p. 123, dans POUGENS. - 3Dans le même sens, mais en mauvaise part, tirer un profit illicite ou peu honorable de quelque chose. Exploiter la crédulité publique. Exploiter une place, un emploi.
Il se dit aussi des personnes. Exploiter une dupe. Cet entrepreneur exploite ses ouvriers.
- 4 Terme de féodalité. Exploiter un fief, se saisir des produits d'une terre dont le tenancier a manqué à faire foi et hommage.
- 5 V. n. Par plaisanterie ou ironiquement, faire quelque exploit, quelque prouesse. Vraiment vous avez bien exploité.
Exploiter sur les grands chemins, voler sur la grande route.
Nous eûmes recours à la fuite et nous nous mîmes à exploiter sur les grands chemins
, Lesage, Gil Blas, I, 5. - 6 Terme de pratique. Dresser et signifier des exploits.
Tous les procès-verbaux et exploits faits par les huissiers, sergents, archers et autres ayant pouvoir d'exploiter…
, Arrêt du conseil, 21 mars 1676.Activement. Sommer par exploit.
D'hombre a fait banqueroute ; parlez, je vous prie, à un procureur, et qu'on m'exploite ce drôle, dont je suis très mécontent
, Voltaire, Lett. Moussinot, déc. 1737.PROVERBE
À mal exploiter bien écrire, voy. ÉCRIRE. - 7S'exploiter, v. réfl. Être exploité. Cette mine s'est exploitée de tout temps.
HISTORIQUE
XIe s. Par quele gent cuid-il [pense-t-il] espleiter tant ?
Ch. de Rol. XXIX. Mout bien espleite cui dames Deus aïue [aide]
, ib. CCLXVII.
XIIe s. Paien s'esploitent de leur cors adouber
, Ronc. p. 125.
XIIIe s. Seigneur, ce dist Tybers, mal avez esploitié
, Berte, XX. Esploitié en avons com felon et renart
, ib. XXII. Devant qu'il a fet vers son seigneur ce qu'il doit, il ne doit joir ne exploitier du fief
, Beaumanoir, XIV, 19.
XVe s. Si me laissez aller… et s'en exploiteront mieux mes besognes, au plaisir de Dieu, qui tout ce me veuille octroyer
, Froissart, I, I, 17. Et tant exploicterent qu'ilz tuerent plus de huyt cens hommes
, Commines, II, 10.
XVIe s. Maintenant que ma vie est exploictée et employée
, Montaigne, II, 294. L'occasion de bien exploitter
, Amyot, Alcib. et Cor. comp. 6. Ils avoient esté là devant unze jours, sans exploicter [avancer] que bien peu
, Carloix, VII, 10.
ÉTYMOLOGIE
Berry, épléter, abonder, avancer, il éplète à moissonner ; provenç. explechar, expleitar, explectar, espleyar, exploiter, user, se servir, agir, opérer ; d'un fréquentatif fictif explicitare, de explicare, lequel, ayant le sens d'achever, terminer, a donné toutes les acceptions du verbe exploiter.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
EXPLOITER. - ÉTYM. Ajoutez : Normand, épléter, hâter, expédier.