« déjà », définition dans le dictionnaire Littré

déjà

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

déjà

(dé-ja) adv. de temps
  • 1Dès l'heure présente, dès ce moment. Il est déjà arrivé. Je vois déjà tes maux, j'entends déjà tes plaintes, Corneille, Rodog. III, 3. Semblable dans ses sauts hardis et dans sa légère démarche à ces animaux bondissants, il [Alexandre] ne s'avance que par vives et impétueuses saillies et n'est arrêté ni par montagnes ni par précipices ; déjà le roi de Perse est entre ses mains…, Bossuet, Louis de Bourb. Et du temple déjà l'aube blanchit le faîte, Racine, Athal. I, 1. Déjà de leur abord la nouvelle est semée ; Et déjà de soldats une foule charmée…, Racine, Iphig. I, 4. Déjà dans les vaisseaux la voile se déploie, Déjà sur sa parole ils se tournent vers Troie, Racine, ib. III, 3.
  • 2Dès lors, dès ce temps, par rapport soit au passé, soit à l'avenir. La place était déjà prise quand il arriva. Cet homme se fatigue, à quarante ans il sera déjà vieux. … Déjà la renommée Par d'étonnants récits m'en avait informée, Racine, Iph. II, 2.

    En ce sens il peut se construire avec le futur. Enfin l'ennemi décampe ; c'est là ce que le prince attendait ; il part à ce premier mouvement ; déjà l'armée hollandaise avec ses superbes étendards ne lui échappera pas ; tout nage dans le sang, tout est en proie, Bossuet, Louis de Bourb.

  • 3Auparavant. Il est déjà venu. Je vous ai déjà dit que je la répudie, Racine, Britann. II, 3.

REMARQUE

Déjà, dans les temps simples, se place après le verbe : il revient déjà, dans les temps composés, il se met entre l'auxiliaire et le participe : il est déjà revenu ; quelquefois on le place à la tête de la phrase, surtout dans le style historique : déjà l'ennemi avait pris la fuite. Déjà frémissait dans son camp l'ennemi confus et déconcerté ; déjà prenait l'essor, pour se sauver dans ses montagnes, cet aigle dont le vol hardi avait d'abord effrayé nos provinces, Fléchier, Turenne.

HISTORIQUE

XIIIe s. Fame sui, si ne me tairé, Ains voil dès jà tout reveler ; Car fame ne puet riens celer, la Rose, 19419.

XVe s. Et y arriva environ sept heures du matin, et des jà y avoit cinq ou six enseignes du roi qui estoient arrivées, Commines, I, 3.

XVIe s. Compaing, si je montasse aussy bien comme j'avalle, je feusse desjà on dessus la sphere de la lune, Rabelais, Pant. II, 14. Son peché palle il voit courir devant Les pieds ailez de la peine suyvant Qui jadé-jà les deux talons luy presse, Du Bellay, J. III, 22, recto. Ma vie desesperée, à la mort deliberée Ja-desjà se sent courir, Du Bellay, J. ib. III, 83, recto. Mais si vous n'estes à la court, et que le dict prothonotaire ait desjà tenu les dicts propos, il ne sera jà besoing que vous luy en parliez, Marguerite de Navarre, Lett. 151.

ÉTYMOLOGIE

Dès et  ; bourguig. degy.