« crin », définition dans le dictionnaire Littré
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crin
- 1Terme très familier ou de dénigrement. Les cheveux de l'homme. Il a les crins rudes, le crin noir. Prendre aux crins, saisir quelqu'un par les cheveux. Se prendre aux crins, se saisir l'un l'autre par les cheveux, se battre.
Je m'attendais à tout moment à voir ces messieurs s'échauffer et se prendre aux crins, fin ordinaire de leurs dissertations
, Lesage, Gil Blas, XI, 14.Poétiquement, cheveux, en parlant de tout autre être que l'homme.
La discorde aux crins de couleuvre, Peste fatale aux potentats
, Malherbe, III, 2.Dès que Thétis chassait Phébus aux crins dorés
, La Fontaine, Fabl. V, 6.La discorde aux crins de couleuvre se mêla parmi les duchesses
, Sévigné, 245.Je poursuis la comète aux crins étincelants
, Chénier, 236. - 2Nom donné aux poils qui garnissent l'encolure et la queue du cheval, le bout de la queue des espèces du genre bœuf. Matelas, tamis de crin.
Des coursiers attentifs le crin s'est hérissé
, Racine, Phèd. V, 6.D'autres [oiseaux] dérobent un crin à une cavale, ou le brin de laine que la brebis a laissé suspendu sut la ronce
, Chateaubriand, Génie, I, V, 6.Si c'est un cheval [statue], les crins sont tournés d'une main hardie, ils voltigent et semblent être le jouet du vent
, La Bruyère, Disc. à l'Acad. fr. Préface.Les crins de son cheval, en aigrettes flottantes, Balancent sur son front leur ornement guerrier
, Delille, Enéide, X.Cheval à tous crins, cheval qui a tous ses crins, à qui on n'a point coupé de crins.
À tous crins se dit familièrement aussi en parlant d'une personne qui porte ses cheveux longs et en désordre : une tête romantique à tous crins.
Faire les crins, couper avec des ciseaux les crins de la partie inférieure des membres du cheval, afin de lui donner plus de finesse apparente.
Crin crépi, celui qui a été filé comme une corde, et qu'on a ensuite fait bouillir pour le friser. Crin plat, celui qui est tel qu'il a été tiré de l'animal.
Terme de pêche. Crin d'empile, crin très fort sur lequel on monte un ou plusieurs hameçons.
Populairement, être comme un crin, être irritable, se fâcher pour la moindre chose.
- 3 Par extension, poils de quelques autres animaux. Les crins d'un lion.
[Un dragon en forme de lutrin] Dont le triangle affreux tout hérissé de crins…
, Boileau, Lutr. IV. - 4Fissure dans un filon de mine.
- 5 Terme de botanique. Crin végétal, nom donné aux feuilles de la zostère marine et de la zostère méditerranéenne, lesquelles sont employées à faire des matelas, à rembourrer des banquettes.
Crin de cheval, espèce de lichen.
- 6 Terme de zoologie. Crin de fontaine ou de mer, nom vulgaire du dragonneau (entozoaires).
HISTORIQUE
XIIe s. Les crins [elle] ot lons et blons plus que li ors luisans
, Sax. V.
XIIIe s. À Blanchefleur sa femme qui les crins avoit blois [blonds]
, Berte, LXI. Bel-Acueil, sans dire autre chose, Le chapel prent. et si le pose Sor ses crins blons, et s'asseüre
, la Rose, 12933.
XVe s. Sain est mon corps, blanc sont mi crin
, Deschamps, Poésies ms. f° 31, dans LACURNE. Elle avoit sur ces crins un chapel d'or à pierres precieuses
, Perceforest, t. I, p. 75.
XVIe s. Une jeune poultre qui avoit le poil et les crins rouges fort luysans
, Amyot, Pélop. 39. Alexandre le grand à la mort d'Ephestion feit tondre les crins des chevaulx et des mulets
, Amyot, ib. 63. Longue barbe et long crin font les hommes plus beaux
, Ronsard, 751. Et si, en beuvant, quelque goutte en tumboit sur le crin de leurs chevaux [chez les Tartares], il estoit tenu de la leicher avec la langue
, Montaigne, I, 367.
ÉTYMOLOGIE
Provenç. et espagn. crin ; portug. crina ; ital. crine ; du latin crinis, proprement tissu de cheveux, chevelure divisée en tresses, que les étymologistes latins rapportent à cernere, séparer, le même que ϰρίνειν, séparer, juger (voy. CRISE). L'ancienne langue employait crin dans le meilleur style pour signifier les cheveux de l'homme ou de la femme.