« avouer », définition dans le dictionnaire Littré
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avouer
- 1Dans le langage de la féodalité, faire vœu à un supérieur, le reconnaître pour seigneur ou protecteur.
- 2 Par extension, et dans le langage actuel, avouer une personne, approuver ce qu'elle a fait en notre nom.
Parle, écris, je t'avouerai de tout, pourvu que tu m'aides à sortir de cette botte [l'Italie]
, Courier, Lett. I, 164.Je t'avouerai de tout
, Racine, Phèd. III, 1.Et sans doute son cœur vous en avouera bien
, Corneille, D. San. IV, 2.Alors, sans consulter si Phébus l'en avoue
, Boileau, Disc. au roi.Quels doctes vers me feront avouer Digne de te louer ?
Malherbe, III, 4.Et si ta faveur tutélaire Fait signe de les avouer [les Muses], Jamais ne partit de leur veilles Rien qui se compare…
, Malherbe, III, 2.Approuver, ratifier, en parlant des choses. Des moyens que l'honneur avoue.
Les dieux n'avoueront point un combat plein de crimes
, Corneille, Hor. III, 2.Me voyant froidement ses œuvres avouer, Il les serre
, Régnier, Sat. VIII. - 3Reconnaître qu'une chose est ou n'est pas. Avouer sa faute. Il avoua ses méfaits. Vous avouerez que votre conduite a été blâmable.
Ceux qui sont instruits des affaires étant obligés d'avouer que le roi n'avait point donné d'ouverture ni de prétexte aux excès sacriléges…
, Bossuet, Reine d'Anglet.J'avouerai les rumeurs les plus injurieuses
, Racine, Brit. IV. - 4Reconnaître comme sien. Avouer un enfant. Il n'ose avouer un parent pauvre. Il n'avoua jamais ce pamphlet.
Une lettre que l'on m'a assuré que vous aviez avouée
, Bossuet, Lett. 181.Mon père ne peut plus l'avouer pour sa fille
, Corneille, Hor. IV, 6.Rome ne voudra point l'avouer pour Romaine
, Racine, Bérén. IV, 4.Avouer une dette, la reconnaître.
Fig.
Ma foi, madame, avouons la dette [ne dissimulons pas], vous voudriez qu'il fût à vous
, Molière, Princ. d'Él. IV, 6. - 5S'avouer, v. réfl. S'avouer de quelqu'un, le prendre à garant. Il s'est avoué d'un banquier de cette ville.
Se reconnaître. S'avouer coupable. S'avouer vaincu.
- 6S'avouer, être confessé, en parlant d'une chose. Cela ne s'avoue pas.
HISTORIQUE
XIIIe s. Ha ! sire Diex, fait ele, mon cuer à vous [j'] avo
, Berte, XXXII. Com celle qui du tout à vous servir m'avo
, ib. Car nus ne puet Dieu trop loer, Ne trop por seignor avoer, Trop criendre, ne trop obeir
, la Rose, 7078. Et doit mander que cil qui en est porsivis en avoue tel garant quiconque
, Beaumanoir, XXXIV, 44.
XVIe s. Je advoue Dieu, sil ne la faisoyt bon veoir
, Rabelais, Garg. I, 8. En bonne foi, dit Emarsintte, j'avoue cette dame du tour qu'elle a fait
, Marguerite de Navarre, Nouv. LVIII. Entre tous les philosophes qui ont advoué des dieux
, Montaigne, I, 47. Lachès se radvisant advoue cet usage aux Scythes [reconnaît qu'ils ont cet usage]
, Montaigne, I, 48. La vertu n'advoue rien que ce qui se faict par elle et pour elle
, Montaigne, I, 263. Ils souffroient tout, avant que d'advouer estre vaincus
, Montaigne, I, 307. C'estoit heresie d'advouer des antipodes
, Montaigne, II, 332. Il faut que vous avouez que la possession de ces seuls biens est suffisante pour vous faire benir le donateur
, Lanoue, 155. Le vassal est tenu avouer [reconnaître] ou desavouer son seigneur, sinon qu'il y eust contention de tenure entre deux seigneurs
, Loysel, 645. Non seulement il sauva Phoebidas, ains feit que la ville de Sparte prit sur elle et advoua la forfaitture qu'il avoit commise
, Amyot, Agésil. 39. Leotychides sçut si bien faire que Agis, en presence des tesmoings, declara qu'il l'advouoit pour son filz
, Amyot, ib. 3. Ceste proposition ayant esté leue publiquement, le peuple l'advoua et authorisa de merveilleuse affection
, Amyot, Pomp. 39. … Qui, auparavant sa mort, endura des gehennes inventées pour lui faire advouer le purgatoire
, D'Aubigné, Hist. I, 73.
ÉTYMOLOGIE
À et vouer ; provenç. avoar.