« véhément », définition dans le dictionnaire Littré

véhément

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

véhément, ente

(vé-é-man, man-t') adj.
  • 1Qui se porte avec ardeur et force à tout ce qu'il fait. Elle [la grâce] agit pleinement, Et tout semble possible à son feu véhément, Corneille, Poly. II, 6. Votre amour étant pure, encor que véhémente, Je vous suivrai partout, La Fontaine, Filles de Minée. Une véhémente occupation de l'esprit, Bossuet, Ét. d'orais. v, 17. Nous sommes véhéments dans tous nos désirs, Bossuet, 2e sermon, Vêture, 2.
  • 2Orateur, écrivain véhément, celui qui a une éloquence entraînante. C'est le plus véhément des poëtes satiriques ; c'est Juvénal, qui vivait à Rome au commencement du règne de Néron, sous le ministère de Sénèque, Diderot, Claude et Nér. I, 102. Le véhément Bridaine a déchiré plus de cœurs et fait couler plus de larmes que le savant et profond Bourdaloue, et, si j'ose le dire, que le sublime Bossuet, Marmontel, Œuv. t. v, p. 18.

    Discours véhément, discours plein de chaleur et de force. J'ai attaqué Antoine ; qu'y a-t-il de plus véhément que mes harangues contre lui, semblables à celles de Démosthène contre Philippe ? Fénelon, Dial. des morts anc. (Caton, Cicéron).

    On dit de même : éloquence véhémente. Il [Cléon] avait une sorte d'éloquence véhémente, impétueuse, emportée, qui entraînait les esprits moins par la force des raisons que par la hardiesse et la violence de son style et de sa déclamation, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. III, p. 584, dans POUGENS.

HISTORIQUE

XIIe s. [Jésus-Christ venant vers les apostres] fut demostreiz par un deforien [extérieur] son, alsi com par vehement espir [souffle], Rois, p. 486.

XIVe s. Fort appetit et vehement desir de choses delettables, Oresme, Éth. 225.

XVe s. Avec les vehementes raisons prouvées et solues, Christine de Pisan, Charles V, I, Prol.

XVIe s. L'aspre fureur de mon mal vehement, Desportes, Diane, I, 20. Effroyables deserts, et vous, bois solitaires, Pour la derniere fois soyez les secretaires De mon dueil vehement, Desportes, Épitaphes, complainte pour Henri III. Affligé d'une vehemente cuisson des yeulx, Montaigne, II, 211. On applique des remedes vehemens, Lanoue, 92.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. vehement ; espagn. vehemente ; ital. veemente ; du lat. vehementem. Vehemens paraît être un participe passif archaïque dont il y a quelques restes dans le latin, vehemenus ou vehemenos, de vehere, entraîné, emporté.