« vernis », définition dans le dictionnaire Littré

vernis

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

vernis

(vèr-nî) s. m.
  • 1Nom commun des solutions de résine et de gommes-résines dans l'alcool, les essences, la benzine, etc. dont on couvre la surface de certaines choses pour les rendre lisses et brillantes, ou pour les préserver de l'action de l'air ou de l'humidité. Les vernis ont plusieurs mauvais effets ; ils jaunissent, ils s'écaillent, ils altèrent les couleurs, Diderot, Peint. en cire, Œuv. t. XV, p. 387 et 388, dans POUGENS. Les vernis sont des espèces de liquides qu'on applique en couche mince sur les corps pour les préserver de l'action des agents extérieurs, Thenard, Traité de chim. t. III, p. 257, dans POUGENS. Les vernis gras s'appliquent sur les voitures de luxe, le fer, le laiton, le cuivre, le bois ; on en recouvre aussi les lampes, certaines théières…, Thenard, ib. t. III, p. 259. L'odeur suffit pour faire distinguer les vernis à l'essence des vernis à l'alcool… le vernis dit résine liquide employé par les brasseurs, Tarif des douanes, 1869, p. 164.

    Fig. (Quand j'aurai passé sur l'ouvrage le vernis d'une belle poésie, Voltaire, Lett. en vers et en prose, 17.

  • 2Enduit composé de substances vitrifiables, dont on couvre la poterie et la porcelaine. Il est dangereux d'employer des vases enduits de vernis pour renfermer les substances acides ou fermentées ; car elles peuvent dissoudre les sels de plomb qui entrent dans les vernis, Legoarant

    Terme de potier. Vernis en carton, sulfure de plomb parfaitement nettoyé. Vernis sec, sulfure de plomb qui renferme des parties étrangères.

  • 3 Fig. Ce qui donne aux actions, aux manières, une apparence comparée à celle des objets vernis. On a toutes les peines du monde à lui remettre un bon vernis sur la réputation, Dancourt, Retour des offic. sc. 15. C'était un scélérat qui avait le vernis de l'esprit ; le vernis s'en est allé, et le coquin est demeuré, Voltaire, Lett. Thiriot, 14 févr. 1737. Le P. Berthier, professeur de physique, auquel, malgré quelque léger vernis de pédanterie, je m'étais attaché par un certain air de bonhomie que je lui trouvais, Rousseau, Conf. x. Les mœurs des villes que le vernis dont on les couvre rend si séduisantes, Rousseau, Ém. II. Il y a comme un vernis d'austérité à présent, qui s'étend partout, Th. Leclercq, Prov. t. III, p. 172, dans POUGENS.
  • 4Sumac au vernis ou vernis du Japon, noms sous lesquels on a confondu le sumac vénéneux (térébinthacées) et le sumac vernicifère (rhus vernicifera, D. C.).

    L'ailante glanduleux (térébinthacées), qui est originaire de la Chine et des Moluques, a été appelée aussi vernis du Japon, bien que ce ne soit pas l'arbre dont on extrait le vernis.

    Vernis du Canada ou arbre au vernis, le badamier.

HISTORIQUE

XIIe s. Et fiert [il frappe] Aliaume en l'escu de chantel, Fust et vernis li trancha et la pel, Raoul de C. 182.

XIIIe s. Nulz vers ne la puet pertuisier, Ne son vernis amenuisier, J. de Meung, Tr. 635.

XIVe s. Roches sont moult agues… Car li ors croist desous et argens et vernis, Qœuvres [cuivre], metaus, estains, tout croist en ce pourpris, Baud. de Seb. XIII, 63.

XVe s. Une boeste d'argent doré, pour mettre vernis à getter sur escripture, De Laborde, Ém. p. 537. Il ne doibt mectre nulle coulleurs qui se gastent au vernis…, Ordonn. déc. 1496.

XVIe s. Au lieu du vernis, dont l'on se sert en plusieurs vases de terre, les anciens se servoient de la poix mixtionnée, De Serres, 233.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, vierni ; prov. vernis, vernitz ; cat. barnis ; esp. barniz ; port. verniz ; ital. vernice ; allem. Firniss ; angl. varnish ; bas-lat. vernicium, fernisium ; d'après Ménage, approuvé par Diez, d'un verbe fictif vitrinire, de vitrinus, qui a le caractère du verre, dérivé de vitrum, verre.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

VERNIS. Ajoutez :
5Cuir verni. Cet habile escamoteur, chaussé de vernis, ganté de frais, était entré dans le débit de tabac situé…, Gaz. des Trib. 28 mars 1875, p. 302, 4e col.
6Vernis Martin, sorte de vernis employé en peinture. Chardin en avait apporté de Perse les secrets, et c'est alors qu'apparut chez nous le vernis qu'on appela vernis Martin, du nom du peintre français qui en propagea l'usage, A. de Beaumont, Rev. des Deux-Mondes 1er nov. 1867, t. LXXII, p. 147. On songe involontairement au fameux salon de Potsdam, en vernis Martin vert, E. Gautier, Journ. offic. 7 mars 1876, p. 1600, 1re col.