« trophée », définition dans le dictionnaire Littré
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trophée
- 1La dépouille d'un ennemi vaincu que l'on mettait ordinairement sur un tronc d'arbre dépouillé de ses branches.
La joie des Grecs après la victoire était bien plus modeste : ils érigeaient des trophées, mais de bois, c'est-à-dire d'une matière peu durable, et que le temps avait bientôt consumée ; et il était défendu de les renouveler
, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. v, p. 99, dans POUGENS. - 2Toute dépouille prise à un ennemi, et dont on se pare.
Ce conquérant vient mettre à vos pieds tous les trophées de l'Allemagne
, Voiture, Lett. 7.Ton épée est à moi ; mais tu serais trop vain, Si ce honteux trophée avait chargé ma main
, Corneille, Cid, I, 6.On le vit [M. de Montausier] … charger trois fois les ennemis… et dresser aux pieds de son général, comme un honorable trophée, trois drapeaux qu'il leur enleva [aux ennemis]
, Fléchier, Duc de Mont.L'oiseau part tenant dans une de ses serres le terrible trophée [la tête coupée d'un lion]
, Voltaire, Princ. de Babyl. I.Fig.
Un homme peut s'aigrir contre vous, quand vous choquez ses pensées ; mais il vous sera toujours obligé que vous désiriez son salut ; il craint de servir de trophée à votre orgueil ; mais il ne se fâche jamais d'être l'objet de votre charité
, Bossuet, Panég. St François de Sales. - 3Assemblage d'armes formant un groupe, et élevé en souvenir d'une victoire, d'une conquête. Sculpter des trophées sur un arc de triomphe.
Ô apôtres de Jésus-Christ, c'est vous qui êtes les vainqueurs du monde ; et voilà qu'on met à vos pieds les dépouilles du monde vaincu, ainsi qu'un trophée magnifique qu'on érige à votre victoire
, Bossuet, 2e sermon, Pentec. 1.N'attendez pas que… je représente ce grand homme étendu sur ses propres trophées
, Fléchier, Turenne.Couvrant le chemin de branches d'olivier, comme pour en faire un trophée au roi pacifique
, Massillon, Mystères, Passion, 2.On lui éleva [à Épaminondas] deux monuments, un trophée et un tombeau ; ils sont près l'un de l'autre, comme si la philosophie leur avait enseigné leurs places
, Barthélemy, Anach. ch. 52.Fig.
… d'une laide femme ils ont l'âme échauffée, Dressent à la laideur d'eux-mêmes un trophée, Pensant avoir trouvé la fève du gâteau
, Régnier, Sat. VII.Fig. Faire trophée de quelque chose, en tirer vanité.
Bien loin de rougir de la pauvreté de mes parents, j'en fis un trophée
, J. Bruslé, Lucien en belle humeur, t. I, p. 186, dans POUGENS.Elle n'était pas fille à faire trophée d'une pareille observation
, Lesage, Gil Blas, IX, 6.Voyez quel homme affreux est ce comte : aussitôt qu'il l'a reçue [une lettre de femme], il en a fait trophée ; je la tiens d'une femme à qui il l'a sacrifiée
, Beaumarchais, Barb. de Sév. IV, 3.Tout le monde fut indigné qu'Opimius fît, pour ainsi dire, trophée du meurtre de tant de citoyens [C. Gracchus et ses amis]
, Bouchaud, Instit. Mém. sc. mor. et pol. t. v, p. 119. - 4 Fig. et dans le style soutenu, victoire.
Je pourrais… vous montrer, vers les bords du Rhin, autant de trophées que sur les bords de l'Escaut et de la Sambre
, Fléchier, Turenne. - 5 Terme de peinture et de sculpture. Espèce d'ornement représentant le groupe d'attributs particuliers à une science, à un art. Des trophées de musique. Des trophées de chasse.
Il y a aussi des trophées de marine, de religion.
HISTORIQUE
XVIe s. En memoyre de la proesse que avez presentement faict, je veulx eriger ung trophée
, Rabelais, Pant. II, 27. Jadis entre les Grecs, quand l'honneur y vivoit, Le vainqueur des vaincus maint trophée elevoit
, Desportes, Cléonice, X.
ÉTYMOLOGIE
Lat. tropæum, de τρόπαιον, qui vient de τροπὴ, action de mettre en déroute, de τρέπειν, tourner.