« tombeau », définition dans le dictionnaire Littré
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tombeau
- 1Monument élevé à la mémoire d'un mort au lieu même où il est enterré.
Que ce tombeau nous convainque de notre néant, pourvu que cet autel nous apprenne en même temps notre dignité
, Bossuet, Duch. d'Orl.Que le monde voit peu de ces veuves qui s'ensevelissent, pour ainsi dire, elles-mêmes dans le tombeau de leurs époux !
Bossuet, Anne de Gonz.Ne perdez point le temps que vous laisse leur fuite [des Romains] à rendre à mon tombeau des soins dont je vous quitte
, Racine, Mithr. v, 5.Les morts, après huit ans, sortent-ils du tombeau ?
Racine, Ath. I, 1.Si tu [Darius] veux nous [Scythes] forcer au combat, viens attaquer les tombeaux de nos pères, et tu sentiras qui nous sommes
, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. III, p. 96, dans POUGENS.La dépense du superbe tombeau que ce prince [Alexandre] fit bâtir à l'honneur d'Éphestion, jointe à celle de toute la pompe funèbre, monta à plus de douze mille talents, c'est-à-dire à plus de trente-six millions
, Rollin, ib. t. VI, p. 580.En 1646, on découvrit, dans l'abbaye de Saint-Germain des Prés, le tombeau de Childéric II ; et l'on y trouva un baudrier, des épées…
, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuv. t. IV, p. 141, dans POUGENS.Comme les lois de Sicyone défendent avec sévérité d'enterrer qui que ce soit dans la ville, nous vîmes, à droite et à gauche du chemin, des tombeaux dont la forme ne dépare pas la beauté de ces lieux
, Barthélemy, Anach. ch. 37.Qu'importe alors que ces édifices aient été des amphithéâtres ou des sépulcres ? tout est tombeau chez un peuple qui n'est plus
, Chateaubriand, Itin. 6e part.Non, la lyre aux tombeaux n'a jamais insulté
, Lamartine, Nouv. Médit. Bonaparte.Il faut cacher sa vie, et même son tombeau
, P. Lebrun, Poés. t. II, 8.Les tombeaux sont sacrés, il faut respecter les lieux où les morts sont enterrés.
Tombeau de famille, tombeau dans lequel les membres d'une famille se font enterrer.
Cette famille a son tombeau à tel endroit, on enterre ordinairement à tel endroit les membres de cette famille.
Vain tombeau, s'est dit quelquefois pour cénotaphe.
- 2 Par extension, lieu où l'on périt.
Et Rome, unique objet d'un désespoir si beau, Du fils de Mithridate est le digne tombeau
, Racine, Mithr. III, 1.Le Milanais, source intarissable de guerre et le tombeau des Français
, Voltaire, Mœurs, 125.Sans parler de la croisade du nord et de celle contre les Albigeois, on trouvera que l'Orient fut le tombeau de plus de deux millions d'Européens
, Voltaire, ib. 58.Si ma détention à la Bastille avait duré huit jours encore, elle aurait été mon tombeau
, Marmontel, Mém. VI.Faire un tombeau d'un pays, en exterminer les habitants.
C'est ce fier Gengis-kan, dont les affreux exploits Font un vaste tombeau de la superbe Asie
, Voltaire, Orphel. I, 1. - 3 Fig. La mort.
Et que mon souvenir jusque dans le tombeau Attache à son esprit un éternel bourreau
, Corneille, Médée, I, 4.Il y a peu d'actions plus belles, et j'en conserverai avec tendresse la mémoire jusqu'au tombeau
, Retz, Mém. t. III, liv. IV, p. 28, dans POUGENS.Nous allons sans cesse au tombeau, ainsi que des eaux qui se perdent sans retour
, Bossuet, Duch. d'Orl.Ceux qui sont morts sont morts ; Le tombeau contre vous ne peut-il les défendre ?
Boileau, Sat. IX.On dit poétiquement dans un sens analogue : l'horreur du tombeau, la nuit du tombeau.
Prince aimable, dis-nous… Ou si dans la nuit du tombeau La voix du Dieu vivant a ranimé ta cendre ?
Racine, Athal. IV, 6.Bientôt de Jézabel la fille meurtrière, Instruite que Joas voit encor la lumière, Dans l'horreur du tombeau viendra le replonger
, Racine, ib. IV, 3.Descendre, entrer au tombeau, mourir.
Ce sang pour vous servir prodigué tant de fois, Ce bras jadis l'effroi d'une armée ennemie, Descendaient au tombeau tout chargés d'infamie
, Corneille, Cid, II, 9.Mais qu'un sceptre est pesant, quand on entre au tombeau !
Ducis, Hamlet, II, 5.Tirer quelqu'un du tombeau, lui sauver la vie.
Le médecin me veilla, ne me quitta pas, il me retira des portes du tombeau
, Genlis, Vœux témér. t. II, p. 196, dans POUGENS.Mettre, conduire, mener au tombeau, causer la mort.
Pleurez, pleurez, mes yeux, et fondez-vous en eau, La moitié de ma vie a mis l'autre au tombeau
, Corneille, Cid, III, 3.Les beautés que son absence allait mettre au tombeau
, Hamilton, Gramm. 11.Suivre quelqu'un au tombeau, mourir peu de temps après lui. Sa femme n'a pas tardé à le suivre au tombeau.
- 4 Fig. Lieu sombre, prison comparée à un tombeau.
Suis-je de mon tombeau remontée à la vie ?
P. Lebrun, Marie St. III, 1. - 5 Fig. En parlant des choses, fin, destruction.
Cette douleur pressante Que la mort d'un amant jette au cœur d'une amante, Quand, près d'être éclairés du nuptial flambeau, Elle voit avec lui son espoir au tombeau
, Corneille, Hor. v, 2.Trouvez, si vous le pouvez, la même sûreté dans les vertus humaines ; nées le plus souvent dans l'orgueil et dans l'amour de la gloire, elles y trouvent, un moment après, leur tombeau
, Massillon, Petit carême, Fausse gloire hum.L'opinion est le tombeau de la vertu chez les hommes
, Rousseau, Ém. v. - 6Lit à tombeau, ou en tombeau, voy. LIT.
- 7Chaudière en tombeau, espèce de chaudière à basse pression.
HISTORIQUE
XIIe s. E il mostrerent le temple de Dagon qui ars [brûlé] estoit, e les homes oscis, e les tombeaus e les os des ars [des brûlés]
, Machab. I, 11. [Il] Venuz est à merci al saint à sun tumbel
, Th. le mart. 53. Pespundi Achimas : Un grant tumbel vi, quant Joab chà m'enveiad, et el [autre] ne sai
, Rois, p. 189.
XIIIe s. Car faisons faire un tomblel gent, De marbre fait et de cristal
, Fl. et Bl. v. 544. Ele prist ladite Adete en ses bras qui einsi estoit malades, et la porta au tombel du benoiet saint Loys
, Miracles St Loys, p. 133.
XVe s. Et avoit un petit tombel de marbre sur lui [le sire de Mauny, tué par des meurtriers], que ses varlets y avoient fait mettre
, Froissart, I, I, 241.
XVIe s. Du ventre des tombeaux Naissent des enterrez les visages nouveaux
, D'Aubigné, Tragiques, Jugement.
ÉTYMOLOGIE
Dimin. du bas-lat. tumbus, tombe.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
TOMBEAU. Ajoutez :On doit citer de lui [le violoniste Leclair] un grave (voy. GRAVE 1 au Supplément) en ut mineur, connu sous le nom de tombeau de Leclair ; on appelait alors un tombeau une sorte de déclamation instrumentale d'un caractère triste et douloureux… on lui doit aussi [à Gavinies] un tombeau qui est resté classique, et une romance amoureuse pour le violon, Journ. offic. 25 oct. 1875, p. 8846, 3e col.