« stupide », définition dans le dictionnaire Littré
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stupide
- 1Frappé de stupeur.
Je demeure stupide, Non que votre colère ou la mort m'intimide…
, Corneille, Cinna, v, 1.Rien ne servit mieux Rome que le respect qu'elle inspira à la terre ; elle mit les rois dans le silence, et les rendit comme stupides
, Montesquieu, Rom. 6.L'abbé Marini, quand je lui présentai cette inscription, demeura stupide comme le Cinna de Corneille
, Courier, Lett. I, 33.Mon esprit… S'en revint… Ébloui, haletant, stupide, épouvanté, Car il avait au fond trouvé l'éternité
, Hugo, Feuilles d'aut. la Pente de la rêverie. - 2 Par extension. D'un esprit lourd et pesant.
Il n'y a point d'hommes si hébétés et si stupides, sans en excepter même les insensés, qu'ils ne soient capables d'arranger ensemble diverses paroles et d'en composer un discours
, Descartes, Méth. v, 9.Horace, ne crois pas que le peuple stupide Soit le maître absolu d'un renom bien solide
, Corneille, Hor. v, 3.Ils [les hommes] suivent en tous lieux, comme bêtes stupides, Leurs sens pour souverains, leurs passions pour guides
, Corneille, Imit. III, 12.Cela est clair et si clair qu'il faut être ou stupide ou tout à fait mal intentionné pour n'en pas convenir
, Vauban, Dîme, p. 153.Stupide à, hébété pour.
L'amour de la gloire éternelle Les sait si pleinement saisir, Que leur âme est stupide à tout autre plaisir
, Corneille, Imit. II, 6.Substantivement.
Et la stupide au sien [son devoir] peut manquer d'ordinaire, Sans en avoir l'envie, et sans penser le faire
, Molière, Éc. des f. I, 1.Ce nombre de stupides [gens bornés dans un petit cercle d'idées] comprend, dans le christianisme même, presque tous les gens de travail, presque tous les pauvres, la plupart des femmes de basse condition, tous les enfants
, Nicole, Ess. mor. 1er traité, ch. 10.Le stupide est un sot qui ne parle point, en cela plus supportable que le sot qui parle
, La Bruyère, XII. - 3Qui a le caractère de la stupidité. Un silence stupide. Une stupide insensibilité.
Je vous promets que ma patience sera plus stupide que votre sentiment n'est délicat
, Guez de Balzac, Liv. v, lett. 12.Alors ce ne fut plus que stupide ignorance
, Boileau, Sat. XI.
HISTORIQUE
XVIe s. Nous voyons que porter patiemment la croix, n'est pas estre du tout stupide, et ne sentir douleur aucune
, Calvin, Instit. 454. En aucunes [bronchocèles] est trouvé une chair stupide, c'est à dire avec peu de douleur, et souvent sans douleur
, Paré, VI, 9. La tourbe de nos hommes, stupide, basse, servile, instable
, Montaigne, I, 326.
ÉTYMOLOGIE
Lat. stupidus (voy. STUPEUR).