« signal », définition dans le dictionnaire Littré

signal

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

signal

(si-gnal) s. m.
  • 1Tout ce qui sert d'avertissement entre personnes qui sont d'intelligence. Tu veux m'assassiner, demain, au Capitole, Pendant le sacrifice, et ta main pour signal Me doit, au lieu d'encens, donner le coup fatal, Corneille, Cinna, V, 1. C'était alors qu'il fallait sortir [de Jérusalem menacée] ; c'était le signal que le Fils de Dieu donnait aux siens, Bossuet, Hist. II, 9. Déployez en son nom cet étendard fatal, Des extrêmes périls l'ordinaire signal, Racine, Baj. I, 2. Et criez pour signal : Vive le roi Joas ! Racine, Ath. V, 1. Déjà de tout le camp la discorde maîtresse Avait sur tous les yeux mis son bandeau fatal, Et donné du combat le funeste signal, Racine, Iph. V, 6. La trompette a jeté le signal des alarmes, Lamartine, Nouv. médit. les Prélud.

    Fig. À la vue du sacré signal [la croix] où se renferme l'idée et la représentation de toutes ses merveilles [du Sauveur], Bossuet, Lett. sur l'ador. de la croix.

    Fig. Donner le signal, donner le premier l'exemple de quelque chose. Donner le signal de la révolte.

  • 2Nom de moyens de diverse nature employés pour porter au loin et rapidement des nouvelles, des ordres, etc. Dans tous les temps et dans tous les pays, on a été fort curieux de trouver et d'employer des moyens de recevoir et de donner aux autres de promptes nouvelles ; et les signaux par le feu en sont un des principaux, Rollin, Hist. anc. Œuvr. t. VIII, p. 159, dans POUGENS. Cet artifice des signaux qui fait une partie de l'art militaire, appartient proprement à l'histoire des Grecs, et montre jusqu'à quel point de perfection ils avaient porté toutes les parties de ce grand art, Rollin, ib. t. VIII, p. 149. Il [Mardonius] fut si flatté de s'être emparé d'un pays désert, que, par des signaux placés de distance en distance, soit dans les îles, soit dans le continent, il en avertit Xercès, qui était encore à Sardes en Lydie, Barthélemy, Anach. Introd. part. II, sect. 2.

    Terme de marine. Signe indicatif de certains ordres ou de certains avertissements. Les signaux sont faits, pendant le jour, avec des pavillons, des flammes, des guidons, avec des vergues mises dans des positions diverses, avec des voiles flottant au vent, carguées, serrées à demi ou tout à fait ferlées, avec des coups de canon ; pendant la nuit, avec des fanaux, des amorces ou des fusées, Jal Signaux de jour. Signaux de nuit. Signal de détresse. Je dois dire que les Anglais, qui ont été nos maîtres, nous ont avoué que le vieux Tromp avait été le leur ; que c'est lui qui a mis en règle tous les signaux dont nous nous servons, et qu'avant lui tous les combats de mer se décidaient uniquement ou par la valeur ou par la fortune, Mém. de Villette, 1672, dans JAL. … Que le Brésil avait adhéré aux propositions du gouvernement impérial pour l'adoption d'un code international de signaux maritimes, Moniteur universel, 22 juill. 1868, p. 1092, 1re col.

    Fig. Boissy m'écrivit une lettre qui était un vrai signal de détresse, Marmontel, Mém. V.

    Qualité, appropriation. Quilles d'un même signal, quilles pouvant servir à des bâtiments de même échantillon.

    Terme de pêche. Se dit d'une bouée de liége, d'un morceau de bois sec ou d'un faisceau de roseaux, flottant sur l'eau, pour désigner l'endroit où ont été placés des filets et des cordes.

  • 3Nom donné aux points de repère dans des mesures trigonométriques. Il nous reste un problème intéressant à résoudre, c'est de déterminer les longitudes, les latitudes de tous nos signaux, et leurs distances à la méridienne de Dunkerque, ainsi que leurs distances à Dunkerque comptées sur la méridienne, Delambre, Abr. astron. 3e leçon.
  • 4 Au plur. Signaux, mesure de police sanitaire ayant pour but de faire connaître l'existence d'une maladie contagieuse dans une étable ou dans une commune. L'article 6 de l'arrêt du 31 janvier 1771, particulier aux cas de typhus contagieux des bêtes bovines, ordonnait de placer ces signaux à la porte des étables infectées et à l'entrée des chemins et avenues.
  • 5 Fig. Ce qui annonce et provoque une chose. La prison du roi [Jean] fut dans Paris le signal d'une guerre civile ; chacun pense alors à se faire un parti, Voltaire, Mœurs, 76.
  • 6 Signaux, les gros grains qui forment les séparations entre les grains de chapelet, De Laborde, Émaux, p. 499.

HISTORIQUE

XIIIe s. Sept signaulx [sceaux, cachets] y a en un livre, Que Dieu, qui siet ou trosne, livre à l'aignel qui sept cornes a Et sept yeulx…, J. de Meung, Tr. 123. Et en chascune chartre avoit le sceau et le seigneau dou rei et dou patriarche, Ass. de Jérus. I, 26. Maintenant qu'il voient aucuns voilles [de navires], si font feu ou fumées pour seignal, Marc Pol, p. 652.

XVe s. Treize signaulx d'or, faiz à CC et à fusilz, pour mectre à patenostres, De Laborde, Émaux, p. 499.

XVIe s. On entendit les canonnades redoublées qui se tiroyent dudit camp, pour signal à leur cavallerie de s'y venir joindre, Lanoue, 568. Je vous supplie, pour signal de mon affection envers vous, vouloir estre successeur de ma bibliotheque, Paroles de la Boétie à Montaigne, dans MONT. Lettre V.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. segnal, senhal, seynal ; catal. senyal ; espagn. señal ; portug. sinal ; ital. segnale ; bas-lat. signale ; du lat. signalis, mis en forme de signe, de signum, signe. L'ancienne langue avait signacle, qui venait de signaculum.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

SIGNAL. Ajoutez :
7 Terme de construction navale. Nom donné aux diverses pièces de chaque groupe dont la forme est déterminée d'une manière précise pour l'emploi auquel elles sont propres, Nanquette, Exploitation, débit et estimation des bois, Nancy, 1868, p. 109.