« servante », définition dans le dictionnaire Littré
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servante
- 1Femme ou fille gagée que l'on emploie aux travaux du ménage dans une maison.
La vieille n'avait point de plus pressant souci Que de distribuer aux servantes leur tâche
, La Fontaine, Fabl. V, 6.Nous défendons à tous ecclésiastiques constitués dans les ordres sacrés… de retenir en leur maison aucune servante qui n'ait atteint l'âge de cinquante ans accomplis
, Bossuet, Ordonn. synodale, 1691.On dit que Malherbe consultait sur ses vers jusqu'à l'oreille de sa servante ; et je me souviens que Molière m'a montré aussi plusieurs fois une vieille servante qu'il avait chez lui, à qui il lisait, disait-il, quelquefois ses comédies, et il m'assurait que, lorsque des endroits de plaisanterie ne l'avaient point frappée, il les corrigeait, parce qu'il avait plusieurs fois éprouvé sur son théâtre que ces endroits n'y réussissaient pas
, Boileau, Réflexions sur Longin, I.De sorte qu'il n'y a personne qui ne soit admis à lire mon ouvrage [sur la pesanteur], sans en excepter peut-être même la servante de Malherbe
, Le P. Castel, dans Mém. de Trévoux, 1725, t. I, p. 309.Molière avec raison consultait sa servante
, Piron, Métrom. II, 11.Fig. On disait dans le moyen âge que la philosophie était servante de la théologie.
Il faisait régner dans ses sermons la vérité et la sagesse ; l'éloquence suivait comme la servante, non recherchée avec soin, mais attirée par les choses mêmes
, Bossuet, Bourgoing.La sottise, la calomnie, et la renommée leur très humble servante grossissent tout
, Voltaire, Lett. La Touraille, 5 janv. 1769.Servante maîtresse, servante qui a pris autorité dans la maison.
Écrire comme une servante, se dit de qui, n'ayant point reçu d'éducation, écrit mal.
J'ai vu de ses lettres [la sœur de Linant, précepteur chez Mme du Châtelet] ; elle écrit comme une servante ; si avec cela elle pense en reine, je ne vois pas ce qu'on pourra faire d'elle
, Voltaire, Lett. Cideville, 22 févr. 1736. - 2 Terme d'humilité chrétienne.
C'est dans la retraite que Marie-Thérèse disait avec David : ô Seigneur, votre servante a trouvé son cœur pour vous faire cette prière
, Bossuet, Mar.-Thér.La princesse Anne crut entendre une voix paternelle qui lui disait : Tu seras ma servante, je t'ai choisie dès l'éternité
, Bossuet, Anne de Gonz.être servantes des pauvres, c'est être servantes de Jésus-Christ
, Bourdaloue, Exhort. char. env. les pauv. t. I, p. 10. - 3 Terme de civilité dont se servent les femmes en écrivant.
Je serai toute ma vie la plus reconnaissante comme la plus ancienne de vos très humbles servantes
, Sévigné, Lett. à Ménage, 23 juin 1656.Trouvez bon qu'avec tout le monde je souhaite avec passion le retour de Votre Altesse Royale à Paris, et que je l'assure que je suis plus que jamais sa très humble et très obéissante servante
, Sévigné, Lett. à Mademoiselle, 30 oct. 1656.Fig. Dévouée à.
Si la Provence m'aime, je suis fort sa servante aussi ; conservez-moi l'honneur de ses bonnes grâces
, Sévigné, à Mme de Grignan, 11 mars 1671.Fig. Être servante à ou de, dire adieu à, renoncer à, n'avoir pas de goût pour.
Ah ! très humble servante au bel esprit ; vous savez que ce n'est pas là que je vise
, Molière, Critique, 1.Je suis très humble servante au seigneur Anselme ; mais, avec votre permission, je ne l'épouserai point
, Molière, l'Avare, I, 6.Vous ne m'expliquez que trop bien les périls de votre voyage [dans les Alpes]… je suis servante de ces pays-là, je n'irai de ma vie
, Sévigné, 2 juin 1672.Je leur promis qu'à moins d'une Dauphine [Mme de Sévigné était allée à la cour pour voir la Dauphine], j'étais bien servante, à mon âge et sans affaires, de ce bon pays-là
, Sévigné, 29 mars 1680.L'histoire des Croisades [du P. Maimbourg] est très belle, surtout pour ceux qui ont lu le Tasse …mais je suis servante du style des jésuites
, Sévigné, 14 sept. 1675. - 4Petite table qu'on dresse dans les repas, tout près de la grande table, pour y déposer différentes pièces de service, et suppléer au service des domestiques.
On voit au Louvre une table volante merveilleuse par sa construction : elle s'élève du fond du parquet, couverte d'un service, avec quatre autres petites tables, appelées servantes, pour fournir aux convives les ustensiles dont ils ont besoin, et se passer d'officiers subalternes autour d'eux
, Bachaumont, Mém. secr. 31 juin 1769. - 5 Terme d'imprimerie. Petite planche sur laquelle repose la frisquette, tandis que l'ouvrier étend sur le tympan la feuille qu'il va imprimer.
- 6Support en bois qui sert à soutenir une voiture dans la position de tirage, quand cette voiture est arrêtée.
- 7 Terme de métallurgie. Anneau de fer pour serrer les tenailles d'une forge.
HISTORIQUE
XVe s. Lequel me tient sa servante très chiere
, Orléans, 1.
XVIe s. La chambriere estoit destinée pour servir sa maistresse en la chambre ; maintenant les damoiselles prendroient à honte d'appeler celles qui les suivent chambrieres, ains les appellent servantes, mot beaucoup plus vil que l'autre, que l'on approprie à celles qui servent à la cuisine
, Pasquier, Recherches, VIII, p. 663, dans LACURNE.
ÉTYMOLOGIE
Servant ; Berry, sarvante ; wallon, siervantt ; prov. serventa, sirventa ; espagn. sirvienta.