« secourir », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
secourir
Il se conjugue comme courir.
- 1Donner à celui qui est dans un cas pressant le moyen d'en sortir.
Secourez-nous donc, Seigneur, vous qui êtes notre Dieu
, Sacy, Bible, Paralip. II, XIV, 11.Secourir quelqu'un de vivres
, Perrot D'Ablancourt, Tac. 200.Plus ils voyaient la place de près, plus il leur semblait difficile et presque impossible d'empêcher qu'elle ne fût secourue, quand les ennemis voudraient
, Pellisson, Lett. hist. t. III, p. 282.Ou ils [les amis] se détachent par intérêt, ou ils nous quittent par faiblesse, ou ils nous secourent à contre-temps, selon leur humeur et non pas selon nos besoins
, Bossuet, 3e sermon, Passion, 2.Qu'y a-t-il de plus convenable à la puissance que de secourir la vertu ?
Bossuet, Reine d'Anglet.D'un mot ou d'un regard je puis le secourir
, Racine, Bajaz. I, 4.Les dieux m'ont secourue, et mon cœur affermi N'a rien dit, ou du moins n'a parlé qu'à demi
, Racine, Mithr. II, 1.Ils ont secouru l'État d'environ quatre millions par année
, Voltaire, Louis XIV, 35.Absolument.
Il y a des bienfaits qui doivent être secrets, ce sont ceux qui secourent ; il y en a qui doivent être publics, ce sont ceux qui honorent
, Diderot, Cl. et Nér. II, 58.Fig.
Que vouliez-vous qu'il fît contre trois ? - Qu'il mourût, Ou qu'un beau désespoir alors le secourût
, Corneille, Hor. III, 6.Se disait de l'action d'administrer aux convulsionnaires ce qu'ils appelaient des secours.
Terme de manége. Secourir un cheval, lui donner des aides à temps et à propos lorsqu'il se ralentit.
- 2Venir en aide à quelque chose.
Voici un tarif très honnête des montres que M. le duc de Praslin a bien voulu demander… secourez notre entreprise, mes chers anges ; nous avons vingt familles à nourrir
, Voltaire, Lett. d'Argental, 21 mai 1770. - 3Se secourir, v. réfl. Venir en aide à soi-même.
Peut-être je saurai, dans ce désordre extrême, Par un beau désespoir me secourir moi-même
, Racine, Bajaz. I, 3.Se secourir l'un l'autre.
Dans ce monde il se faut l'un l'autre secourir
, La Fontaine, Fabl. VI, 16.
SYNONYME
SECOURIR, AIDER. On secourt celui à qui la détresse ôte les moyens de se secourir lui-même. On aide celui dont les efforts ont besoin d'être secondés par les efforts d'autrui.
HISTORIQUE
XIe s. Succurra nous li reis od son barnet [sa baronie]
, Ch. de Rol. LXXXII.
XIIe s. Dame, merci : trop [vous] me secorez lent
, Couci, X. E li barun franceis le runt tant succuru, Bien pout aidier as suens qui là furent venu
, Th. le mart. 65.
XIIIe s. Et car me secourez, mere Dieu beneoite
, Berte, XXIX. La gent de cascune partie souscouru le sien
, Chr. de Rains, p. 78. Cortoisie est que l'en sequeure Celi dont l'en est au desseure
, la Rose, 3293. Miex [mieux] vaut c'on sequeure au commun porfit, qu'à le [la] volenté de cix [ceux] qui voelent le tans enquierir [produire un enchérissement]
, Beaumanoir, XLIX, 2.
XIVe s. Il veulent bien l'un à l'autre, et secuerent ou obvient as necessités l'un de l'autre
, Oresme, Eth. 239.
XVe s. Las ! on ne pense qu'à suyr Le monde… Et quand on cuide qu'il sequeure, Au plus grant besoin vient faillir
, Orléans, Rond. 53.
XVIe s. Je l'ay secouru de gens, d'argent et de conseil
, Rabelais, Garg. I, 28. Les grans tresors, en lieu de secourir, Honteusement me menerent mourir
, Marot, I, 393. Saül est contraint de se retirer pour secourir à son pays
, Calvin, Instit. 143. Et pour ce que j'ay trouvé la faulte ne venir point d'eux, j'ay plus voulentiers mis peine de leur secourir
, Marguerite de Navarre, Lett. CIII. Elle rend un homme incapable de secourir aultruy, et de se secourir à soy
, Montaigne, I, 225. Je meritois que la memoire me secourust mieulx
, Montaigne, III, 258. J'ai fait tout ce qui m'a esté possible pour secourir et defendre les loix et la liberté de mon pays
, Amyot, Solon, 64. À chacun nature donne Des pieds pour le secourir ; Les pieds sauvent la personne : Il n'est que de bien courir
, Sat. Mén. les Pièces de tapisseries.
ÉTYMOLOGIE
Prov. soccorre, secorre, secorrer ; espagn. socorrer ; portug. soccorrer ; ital. soccorrere ; du lat. succurrere ; de sub, sous, et currere (voy. COURIR).