« rudement », définition dans le dictionnaire Littré
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rudement
- 1D'une manière rude, violente.
Certainement, rien ne nous heurte plus rudement que cette doctrine [le péché originel], et cependant, sans ce mystère, le plus incompréhensible de tous, nous sommes incompréhensibles à nous-mêmes
, Pascal, Pens. VIII, éd. HAVET.Elle [la cavalerie des Thébains] chargea rudement les Athéniens
, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. V, p. 442, dans POUGENS.Hier matin, comme j'étais au lit, j'entendis frapper rudement à ma porte
, Montesquieu, Lett. pers. 45.Fig. Aller rudement en besogne, travailler vigoureusement.
Familièrement. Il y va rudement, se dit d'un homme qui fait quelque chose avec un excès d'ardeur, avec violence.
- 2Avec dureté, sans ménagement.
Je lui demandai s'ils ne décideraient pas formellement que la grâce est donnée à tous ; mais il me rebuta rudement, et me dit que ce n'était pas là le point
, Pascal, Prov. I.Je parlai bien rudement à Mme d'Aubigné sur ses mauvaises habitudes
, Maintenon, Lett. à M. d'Aubigné, t. I, p. 163, dans POUGENS.Leclerc ayant soutenu l'opinion de Huet et n'étant point évêque, [l'abbé] Boileau tomba plus rudement encore sur Leclerc, qui lui répondit de même
, Voltaire, Pol. et lég. Fragm. hist. sur l'Inde, 23.Je m'exposais à me faire demander rudement, mais sans injustice, de quoi je me mêlais
, Rousseau, Confess. IX. - 3Sans ménagement.
Il [le chevalier de Grignan] a été rudement saigné ; il résista à la dernière fois, qui fut la onzième, mais les médecins l'emportèrent
, Sévigné, 10 févr. 1672. - 4 Populairement. Il mange, il boit rudement, beaucoup.
HISTORIQUE
XIIIe s. Se Rustebues rudement rime Et se rudece en sa rime a, Prenez garde qui la rima
, Rutebeuf, II, 225.
XIVe s. Et ne scet l'en ceste chose geter si rudement ne si souef, qu'elle ne chiece [tombe] tousjours en une meisme maniere
, Oresme, Eth. 24.
XVe s. Les Allemands… sont rudes et vivent rudement
, Commines, VI, 3.
XVIe s. Ilz le chargerent si rudement, qu'ilz le tournerent en fuitte
, Amyot, Philop. 31. Moyse donc parlant rudement comme le simple populaire
, Calvin, Instit. 103. Ainsi comme un vieux chesne agité rudement Par deux vents ennemis
, Desportes, Angélique, I.
ÉTYMOLOGIE
Rude, et le suffixe ment ; prov. rudament.